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NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE /
Publié dans El Watan le 08 - 09 - 2004

Cet événement est passé tout à fait inaperçu alors qu'il est d'une importance capitale pour l'avenir du pays, si tant est que cette commission ne connaîtra pas les péripéties de celles qui l'ont précédée dans d'autres domaines. Il est vrai que, depuis quelques années, l'Etat commence à sortir péniblement de cette frilosité pour ne pas dire de cette tétanisation qui a longtemps caractérisé ses politiques dans certains domaines jugés «stratégiques» comprenez par là «relevant de la sécurité nationale» héritage à la fois de la lutte de libération nationale, des difficultés de l'après-indépendance, du manque d'expérience de la pratique étatique, de la guerre froide, mais aussi de la tragédie qu'a connue le pays durant la décennie 1990 et qui a été une épreuve que seule l'Histoire pourra tant bien que mal restituer un jour. Mais il est aussi vrai que notre pays a tant de défis à relever, notamment à la lumière des mutations économiques, sociales, technologiques et politiques tant au niveau mondial que local et que l'écart est tellement important qu'il exige un effort colossal et collectif. A ce titre, le secteur des technologies de l'information et de la communication en est l'exemple le plus frappant. Après de longues hésitations et beaucoup de tergiversations, ce secteur connaît depuis quelques années de profondes mutations, plus précisément à partir de la promulgation de la loi 2000-03 du 5 août 2000. Cette nouvelle politique vise la modernisation et le développement du réseau national de télécommunications à travers entre autres :
– L'augmentation de l'offre de services et d'accès en matière de téléphonie et de services postaux en garantissant son extension comme service universel sur l'ensemble du territoire.
– L'amélioration de la qualité de service et la diversification de la gamme de produits et services en fonction des besoins des divers usagers. – L'amélioration de la fiabilité des réseaux nationaux et leurs interconnexions aux réseaux mondiaux de l'information et de la poste.
– La dynamisation et la promotion du secteur en tant que levier de relance économique par l'amélioration de son attractivité pour l'investissement notamment direct étranger.
Si les résultats ne se sont pas fait attendre, particulièrement en matière de téléphonie mobile (plus de deux millions d'abonnés en moins de quatre ans), ils restent fortement en deçà des possibilités pour ce qui concerne la généralisation de l'utilisation de l'informatique et de l'Internet dans le fonctionnement des affaires économiques, administratives, sociales et culturelles, c'est-à-dire l'intégration des nouvelles technologies de l'information et de la télécommunications en tant qu'activité productive génératrice de performance économique et de cohésion sociale et culturelle. A ce titre, l'expérience américaine encore récente des autoroutes de l'information constitue, sinon une référence, du moins une démarche qui peut faciliter une meilleure appréhension de l'ampleur du défi tant il est vrai que pour relever les défis, les Américains sont les meilleurs. Lorsque Bill Clinton quitta ses fonctions de président des USA après les deux mandats successifs permis par la Constitution américaine, l'économie américaine n'avait jamais été aussi florissante et le budget de l'Etat affichait des excédents jamais atteints par la première économie mondiale. Cette prospérité, qui rappelait les années fastes des Trente Glorieuses de l'après-Seconde Guerre mondiale était, dans une proportion relativement importante, le résultat d'un programme de promotion et de développement des technologies avancées de l'information, le National Information Infrastructure Initiative (NIII), lancé par l'Administration démocrate en 1993 et piloté directement par le vice-président des Etats-Unis. En 1996, le Telecommunications Act, considéré comme «la chute du Mur de Berlin» du secteur américain des télécommunications dominé alors par des majors comme AT&T, va libéraliser totalement les activités industrielles et de services de ce secteur et «booster» de manière formidable la croissance de l'économie. Ce que d'aucuns appellent déjà la Nouvelle Economie (combinaison et synergie des biotechnologies, technologies de l'information, technologies digitales et technologies des communications) et sa base sociale, la Société post-industrielle, va changer de manière fondamentale et irréversible la réflexion, la pratique et les défis économiques de l'Amérique et par voie de conséquence ceux de l'ensemble de la planète. Entre autres objectifs, ce programme, dont le mot d'ordre générique était «to bridge and to close the digital divide» (littéralement ponter et combler la fracture numérique), donnait la priorité à la généralisation à tous les organismes économiques et sociaux et surtout à l'ensemble de la population américaine de l'utilisation des technologies de l'information et de la communication. En termes de ressources budgétaires, un montant de 2,38 milliards US dollars fut alloué au programme dont : – 2 milliards USD de facilités fiscales sur 10 ans destinées à encourager les dons du secteur privé en matière d'ordinateurs, de sponsoring des centres d'aide technologique aux communautés et de formation des travailleurs aux nouvelles technologies ;
– 150 millions USD d'aide à la formation des nouveaux enseignants à l'utilisation effective des technologies ;
– 100 millions USD pour la création de centres de technologie pour les communautés ;
– 50 millions USD pour le partenariat public-privé pour la généralisation de l'utilisation des ordinateurs et de l'Internet pour les familles à bas revenu ;
– 45 millions USD pour la promotion des innovations en matière d'applications des technologies de l'information et des télécommunications par les communautés insuffisamment desservies ;
– 25 millions USD pour accélérer l'installation du secteur privé dans les agglomérations urbaines et rurales mal desservies ;
– 10 millions USD pour préparer les Indiens américains à des carrières dans les technologies de l'information et autres champs techniques.
On le voit, trois vecteurs essentiels ont été privilégiés, à savoir l'éducation-formation, la recherche-développement et l'investissement-sponsoring, les tout en direction des enseignants, des travailleurs et des ménages et communautés à bas revenus, notamment dans les zones urbaines et rurales mal desservies. Une vraie «révolution populaire» au cœur de l'Amérique ! En fait, un nouveau droit fondamental du citoyen américain, comme se plaît à l'affirmer le président Clinton. C'est vrai ! L'Algérie, ce n'est pas l'Amérique mais l'ambition, l'opiniâtreté et le désir d'évoluer sont tellement humains ! Alors, il faut bien espérer que la e-commission fera ce qu'il faut faire pour réduire la fracture digitale.
*Mohamed Iqbal
Journaliste indépendant


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