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Chronique de mon village Djemaâ n'saridj
Son charme discret envoûte ses visiteurs
Publié dans El Watan le 29 - 11 - 2018

La chronique d'aujourd'hui vous mènera à Djemaâ n'saridj, un gros bourg dont la population est estimée à 12 000 habitants. Il est à ce titre le plus grand village de Kabylie après Abizar (18 000 habitants), Takerboust (15 000 habitants) et Taourirt Mokrane (12 000 habitants).
Il est à une centaine d'encablures (26 kilomètres) de Tizi Ouzou, chef-lieu de wilaya et se trouve niché à 400 mètres d'altitude en contrebas du massif du Djurdjura.
Le charme discret de Djemaâ n'saridj envoûte tout visiteur qui s'y rend et a séduit bon nombre de nos concitoyens des villages avoisinants, tels que Tizi N'terga, Ath Kheir, Essahel, Agouni Bouafir, Mesloub, Laghrous, Taourirt Haden, Meghira, Ath Zelal, Souamaâ, Akerroub Ouyala et Hedjadj, qui s'y sont installés, ou qui y vaquent à leurs occupations.
Le village est incontournable et un passage obligé pour tous les usagers du chemin de wilaya 250 en partance vers Ain El Hammam, Ath Yahia (le village natal du grand militant de la cause nationale, le défunt Aït Ahmed Hocine, petit-fils de l'illustre et vénéré Cheikh Mohand ou l'Hocine).
Les Romains y ont fondé à partir de l'an 42 après Jésus Christ, à l'emplacement actuel du village, la cité Bida Municipium. Le Numidien Ptolémée, fils de Juba II et de Cléopâtre (reine égyptienne), a cité dans ses œuvres Bida Minicipium. Les Romains ont choisi de s'y implanter pour essentiellement deux raisons : l'une du fait de la prospérité du village, et l'autre, du fait de sa position géographique.
C'est pour cela que Djemaâ n'saridj figure dans la carte géographique établie par les Romains et fait partie de la «via Romania» dans laquelle les principales routes sont mentionnées, en quelque sorte, de nos jours, le réseau national routier.
Je ne pourrais parler de mon village sans me référer à ses 99 sources qui arrosent dans chaque quartier, à ses jardins luxuriants dont la population s'alimente à volonté et à ses eaux intarissables.
A l'époque du royaume de Koukou, où le résistant Boukhtouche dirigeait de main de maître la région, Djemaâ n'saridj était la capitale économique du royaume en raison de sa prospérité et de son économie florissante. En l'an 1967, un archéologue français y a découvert une pièce de monnaie de Massinissa.
Je me souviens parfaitement de lui, comme si cela datait d'aujourd'hui (j'avais 13 ans), pendant l'opération de fouilles dans la demeure de notre voisin qui se trouve être notre cousin. Il a profité de l'euphorie des premières années de l'indépendance pour piller les vestiges de l'époque romaine, il a volé ainsi notre histoire.
Les autorités de l'époque ne sont pas à blâmer, étant occupées, à panser les blessures des années de braise et à construire le pays avec des moyens humains et financiers dérisoires. Il y a extrait une pierre tombale romaine de forme rectangulaire et certainement la pièce de monnaie de Massinissa. Je vous raconterai, chers lecteurs, l'histoire de Djemaâ n'saridj durant l'époque de la résistance contre l'occupation coloniale.
Selon Mohamed Farès, auteur de l'ouvrage intitulé Aïssat Idir, documents et témoignages, les 29 moqadem des zaouïas de la wilaya de Tizi Ouzou, dont la zaouïa de Tala Mokrane, à Djemaâ n'saridj, étaient présents aux combats livrés contre les troupes coloniales. L'une des batailles eut lieu à Djemaâ n'saridj le 27 mai 1871.
C'était la continuité des révoltes de Cheikh El Mokrani dans la région d'Ath Abbès et de Cheikh Aheddad, dans la région de Seddouk, qui se sont généralisées à travers toute la Kabylie.
A l'époque, Cheikh Saïd Nath Lounis (un des aïeuls des familles Kouadi et Kadid de Djemaâ n'saridj, sous toute réserve, fils de Cheikh Lounis Nath El Kouadhi) était moqadem à la zaouia de Cheikh Aheddad à Seddouk (wilaya de Béjaïa), dont il était un fidèle compagnon pour la propagation du savoir et pour le combat contre le colonialisme. Il fut d'ailleurs enterré aux côtés de Cheikh Aheddad, dans un cimetière à Constantine, avant que le corps de ce dernier ne soit transféré à Seddouk.
Si Cheikh Aheddad mourut en 1873 à la prison de Constantine, certaines archives en possession des familles Kadid et Kouadi ne font pas état des circonstances et du lieu de décès de notre ancêtre. Cheikh Saïd Nath Lounis a probablement participé, sur recommandation du Cheikh Aheddad, à la bataille sus-citée.
L'état civil fut organisé par les autorités coloniales en 1888, à la suite de quoi les noms des familles Kadid et Kouadi, issues d'un même toit, à l'instar de toutes les autres, ont été transcrits sur les registres des actes de naissance.
Les familles Kadid et Kouadi détiennent certaines archives, hélas dispersées et inexploitées, sans compter celles qui seraient en possession de personnes dont l'identité est inconnue, mais dont les intentions sont louables pour avoir sauvegardé des archives précieuses pour l'écriture de l'histoire de notre pays.
Je détiens à mon niveau une copie d'une infime partie des archives que je me suis empressé de déposer auprès de l'Institut de formation des imams d'Iloulen, dont le directeur a entrepris une opération louable de sauvegarde et de réhabilitation des manuscrits.
Que Monsieur Fellahi Moussa, directeur de l'institut trouve ici l'expression de ma profonde gratitude. J'ai entrepris à ce titre des recherches auprès des familles Nath El Kouadi et des structures publiques concernées, afin de récupérer et de sauver ce patrimoine inestimable, de le réhabiliter et de le numériser selon les techniques modernes de conservation.
Je compte également effectuer des investigations auprès de la zaouia de Cheikh Aheddad de Seddouk et du président de l'Assemblée communale de Constantine aux fins de localiser la tombe dans laquelle notre aïeul, Cheikh Saïd Nath Lounis, a été enterré aux côtés de Cheikh Aheddad, afin d'obtenir, selon la législation en vigueur et auprès de qui de droit, le permis d'exhumer les ossements du corps et l'arrêté de son transfert de Constantine à son village natal.
A cette occasion, je profite pour lancer un appel pressant à tous ceux qui seraient en possession de manuscrits ou d'archives datant de la période antérieure à l'indépendance, se rapportant à la famille Nath Lounis Nath El Kouadhi, de Djemaâ n'saridj (wilaya de Tizi Ouzou) pour me les remettre aux fins de réhabilitation, de numérisation et d'exploitation avec l'engagement de leur restituer les originaux.
Je ne doute pas un seul instant que les bonnes volontés se manifesteront, je leur saurai gré de bien vouloir prendre attache avec moi par la voie de mon e-mail, ils trouveront au bas de l'article ma boîte électronique avec mes remerciements anticipés. Pour être plus précis, je serais intéressé par des manuscrits et des archives qui concernent :
-Cheikh Ali Ouelkadhi, enterré à Ath Aiche (un village situé au-dessus de Djemaâ n'saridj, sur la route menant à Aïn El Hammam, il était cadi de son état (des archives en ma possession comprennent des copies de contrats de mariage et autres).
– Son fils, Cheikh Lounis Nath El Kouadhiessaridji, bâtisseur de l'ancienne mosquée du quartier El Mahcar de Djemaâ n'saridj en 1819, avec l'aide de l'agha turc Yahia Ben Mostefa, en guise de récompense aux prêches et aux enseignements qu'il dispensait à la mosquée Sidi Ramdane, sise à La Casbah d'Alger.
– Cheikh Saïd Nath Lounis Moqadem à la zaouïa de cheikh Aheddad (Seddouk), a participé à la résistance contre le colonialisme, enterré à Constantine.
-Cheikh Salah Nath Lounis fils de Cheikh Lounis, enterré au cimetière d'El Mahçar Djemaâ n'saridj, a étudié en Syrie en 1884 et a dispensé des prêches et des enseignements au dessous de la mosquée édifiée par son père et dans une mosquée à Tamda, à la demande de Aït Kaci, dont le «gouvernorat» s'étend à Ath Djenadh, Iflissen, Dellys, Tigzirt Azzefoun ,Azazga, jusqu'à Thénia (anciennement Thizi Nath Aïcha.
Aït Kaci a cessé de gouverner dès l'occupation de la région par les Français vers 1854, cependant il n'a jamais perdu son autorité morale et son aura. Cheikh Ouelhaj Kadid, fils de Cheikh Salah, enterré au cimetière d'El Mahcar Djemaâ n'saridj, a créé une zaouia (thimaâmerth en tamazight) en 1903 dans le sillage de son grand-père, Cheikh Lounis.
– Mon défunt père, Cheikh Lounis Kadid, fils de mon grand-père, Cheikh Ouelhaj Kadid, Cheikh zaouia Thala Mokrane, en compagnie d'une trentaine de moqadem et de chouyoukh des zaouïas de la région durant les années 40, ont milité pour restituer à la femme de Kabylie le droit à l'héritage (une pétition signée a été publiée dans le journal El Bassayer numéro 59 du lundi 6 décembre 1947), il est enterré au cimetière d'El Mahçar Djemaâ n'saridj.
Leur combat pour les droits successoraux de la femme kabyle fait suite à la décision d'un groupe d'Algériens issus de Kabylie de l'exhéréder après 1767, année de libération des Algériens originaires de Kabylie, faits prisonniers par les Espagnols, bien après la chute de l'Andalousie !
Les intéressés ont constaté, avec une amertume empreinte de rage, que leurs épouses, après une longue attente, croyant leurs époux morts, se sont remariées, et de fait, ont fait hériter leur heureux nouveau mari de tous les biens appartenant à leur premier mari.
Ce qui les a poussés, en guise de représailles, notamment, dans les régions de Maâtkas et de Iflissen (Azzefoun et Tigzirt) à y organiser des expéditions punitives (sources : article bien documenté du docteur Mohand Arezki Ferrad, paru dans le quotidien Chourouk du 6 mars 2012).
Selon l'historien, les malheureux dépossédés se seraient réunis en conclave vers 1769 dans une petite mosquée, à Tahamamt (Ath Ouacif), presque en catimini ! D'autres sources, tout aussi crédibles, font état d'un conclave tenu à la place Issefssafen (présentement baptisée Aïssat Idir), à l'ombre du frêne (thasslent) bien visible de nos jours.
Il s'agit en fait de personnes qui n'étaient pas habilitées à prendre une telle décision aussi lourde de conséquences. Les Saharidjiens sont fiers des militants de la cause nationale de la première heure, originaires de leur village qui leur est si cher, tels que le martyr Benaï Ouali, Aïssat Idir, le martyr de la Révolution, créateur de la centrale syndicale, qui a succombé le 26 juillet 1959 dans les geôles du colonialisme des suites des atroces et inhumaines tortures, notamment au chalumeau, qu'il y a subies des mains de ses tortionnaires.
Je ne pourrais omettre de parler des figures emblématiques du village dans le domaine de la politique, des arts, des lettres et du sport, dont la liste non exhaustive est comme suit :
– Le défunt militant Naït Djoudi El Hachmi, ex-ministre des Transports, Haddadi Chérif, premier maire élu de Mekla après l'indépendance (à l'issue de l'élection des premières Assemblées communales). Parmi les plus illustres journalistes du pays, figurent en bonne place Mouloud Chekaoui et feu Ziad Mohand Saïd, dont les carrières longues et riches gagneraient à être connues des générations montantes. Ces deux journalistes méritent un hommage national particulier.
Djemaâ n'saridj compte parmi ses enfants des poètes, tels que les défunts Hadj Arezki Haouche et Kebbouche Ouali (époque des années 1900) et aussi des écrivains, à l'instar de Adli Younes, Chebbah Mohand Akli, Mechri Saïd et Haouche Mouloud (petit-fils du poète Hadj Arezki Haouche). Je demande à tous d'avoir une pensée pieuse à la mémoire du chantre de la chanson kabyle, Cheikh Arab Bouzgarene, natif de Djemaâ n'saridj.
Je profite de cette tribune pour lancer un appel solennel à ses enfants pour rapatrier son corps de a France où il est enterré, vers son village natal, il y reposera sans doute en paix et devrait, c'est la moindre des choses, faire l'objet d'un grand hommage à la mesure de son apport à l'art.
A propos toujours des arts, je voudrais me rappeler au bon souvenir des Saharidjiens issus du village, à savoir les grands artistes Cherif Nadir et Djebbara Djaâfar, Chebbah Meziane et son frère Chebbah Nacer, Chebbah Hocine, Salah Oumansour, le duo feu Rachid Mebarki et Mustapha Smaïli, Tako (fils de Smaïli), Haddadi Boussad, le défunt Mahiout Lounes, Fiouane Mohand, Zahra N'soumeur, l'étoile montante, Noria, et le chanteur chaâbi, Lounis Kadid.
Je terminerais par les talentueux footballeurs ex- internationaux saharidjiens, l'artiste de la balle ronde, Hassen Yebda (originaire de Taourirt Aden), l'infranchissable Saïd Belkalem, et enfin la force tranquille, Omar Hamned (originaire de Mekla).
Mon village est connu aussi par la vannerie (paniers, corbeilles et chapeaux de paille façonnés en raphia, en rotin et en osier) et la sculpture sur bois. Je tiens à rendre un hommage appuyé au regretté chabane, sculpteur sur bois dans sa fameuse cabane, et au défunt Chérif Ouali, vannier de son état.
Cet artisanat traditionnel risque de péricliter, en dépit des mesures incitatives de l'Etat. Les artisans encore en activité (entre autres Lounis Mohand Ouali, Taguemout Bachir, Hamdini El Hachimi, Oualhacen Idir), ainsi que les femmes travailleuses au foyer dans la vannerie, doivent proposer à la direction de l'artisanat l'organisation d'un festival annuel de vannerie et de sculpture pour promouvoir ces métiers nobles.
Le village est rattaché administrativement à la commune de Mekla, mais dispose de toutes les commodités, à savoir deux lycées, deux collèges, deux écoles primaires, une maison de jeunes, une polyclinique, un terrain de football, un centre de formation professionnelle, le gaz, bien entendu l'électricité, l'eau potable (servie un jour sur deux), l'assainissement et la fibre optique.
Il faut signaler des unités artisanales, telles que l'huilerie, une unité de fabrication de pièces de rechange et enfin une carrière d'agrégats. L'arboriculture, notamment le figuier, l'olivier et le plaqueminier, ainsi qu'une agriculture vivrière, constituent l'essentiel des ressources du village. Au passage, messieurs les Saharidjiens, en particulier le comité du village, pourquoi ne pas organiser une foire des plaquemines, il s'agit d'un fruit rare méconnu, voire inconnu !
Dans le cadre de la revalorisation du patrimoine immobilier, il est souhaitable que les élus proposent à qui de droit l'exploitation des locaux de l'ancienne maison de l'artisanat (unité de sculpture), et de l'unité de fer forgé (anciennement entreprises communales ou publiques locales vraisemblablement dissoutes) et enfin les immenses locaux de l'ancien centre des sœurs blanches.
Ces bâtisses abandonnées, situées en plein centre du village, pourraient être proposées pour les concéder à des artisans sculpteurs et vanniers et comme centre culturel ou conservatoire de musique, Tout de même, il importe de signaler des insuffisances, à savoir le manque d'infrastructures de sport et de jeunesse (par exemple un complexe sportif de proximité), un hôpital au chef-lieu de la commune et un cimetière, l'ancien, situé au centre du village, étant saturé (un terrain de près de 2 hectares appartenant au village est disponible et réservé à cet effet).
Je ne doute pas un seul instant que dès que l'économie de notre pays connaîtra une embellie financière, ces infrastructures et d'autres encore, ne manqueront pas de voir le jour. Voulez-vous, chers lecteurs, consacrer quelques minutes de votre précieux temps, pour me suivre dans les dédales de mon village, à travers les colonnes du journal ?
Je vous prie de croire qu'il vous séduira et vous encouragera à le visiter, il est à deux heures trente minutes de route d'Alger. En guise de bienvenue, un panneau vous indique votre arrivée au village.
Tout de suite après, votre regard sera accroché, par une belle mosquée en construction, de style mauresque, si le cœur vous en dit, vous pourrez y jeter un coup d'œil furtif, cela vaut le détour !Si tel n'est pas votre désir, vous poursuivez votre chemin, vers la croisée des chemins au lieudit Trois-Poteaux et sans plus tarder, vous foncez au cœur du village dit El Mahçar, je vous invite à faire un saut au café maure dénommé Ougarage, afin d'y siroter un café ou un thé à la menthe.
Si cela vous dit quelque chose, une bonne dame, à une dizaine de mètres, vous proposera des galettes et des beignets traditionnels faits maison. Faites quelques pas et vous vous retrouvez nez à nez avec la mythique fontaine Tala Meziane (en tamazight la petite fontaine), en fait, elle a tout l'air d'une grande !
Elle comprend en réalité deux fontaines séparées, l'une réservée pour les femmes qui s'y approvisionnent en eau et lavent le linge, et l'autre réservée aux hommes.
Les fontaines de tout le village arrosent, à travers des rigoles, les jardins potagers de chaque maison et notamment l'inévitable courgette ! Vous pourrez vous désaltérer et prendre des provisions d'eau à volonté !On raconte que celui qui boit de l'eau des fontaines de Djemaâ n'saridj reviendra sur les lieux un jour ou l'autre !
En face de la fontaine sont exposées, à ciel ouvert, des pierres tombales romaines, mais en fait façonnées par les Numides de l'époque. Vous apercevrez à quelques pas de la fontaine, tajmaât bordée de figuiers, lieu où se tenaient jadis les assemblées des villageois, qui est devenu de nos jours un lieu de regroupement et de bavardages stériles.
Il est souhaitable que les réunions des comités de village et de quartier, dont il convient de louer le dynamisme et le volontarisme, se tiennent publiquement dans ces lieux. Les Saharidjiens adhéreront mieux aux initiatives louables des comités et verront leur démarche mieux confortée. C'est la démocratie participative telle qu'elle a été pratiquée par nos ancêtres.
Les villageois que vous trouverez à tajmaât ne manqueront pas, aimables qu'ils sont, de vous narrer la légende relative à la source de la montagne du Djurdjura qui alimente la fontaine. Des villageois des hauteurs auraient révélé aux Saharidjiens la source de leur âme et de leur arme !
La légende dit qu'ils auraient connu un sort malheureux de peur que les Saharidjiens soient empoisonnés au temps où les rivalités tribales étaient légion.
Ensuite, vous dévalerez vers la fontaine dite Amizab, très bien aménagée, réservée aussi aux femmes, les Saharidjiennes, courtoises et respectueuses, ne refuseront pas aux visiteurs qui en feraient la demande, d'y prendre des photos souvenirs.
Vous retournez sur vos pas et vous partez à votre gauche, pour aller à travers les dédales des ruelles pavées, en direction du quartier El Hara et ensuite du quartier Madhal, pour vous désaltérer, au besoin à la fontaine Thala Madhal, réservée également aux femmes.
Vous descendez au quartier Cheurfa, ensuite vous vous retrouverez au quartier Tadhekart. Vous pourrez visiter les maisons natales du martyr Aissat Idir et du chanteur Arab Bouyezgaren. En contrebas du quartier Tadhekart, se trouve le quartier Hlaoua, où vous visiterez la zaouia Sidi Sahnoun et la fontaine Thala Moumen.
Vous vous dirigerez, si vous le souhaitez, vers l'huilerie, véritable ruche d'abeilles, tenue d'une main experte par Mahfoudh Sahnoun, vous pourrez vous y approvisionner, si vous le voulez bien, en huile d'olive de bonne qualité (si vous partez durant la saison de récolte des olives).
Vous partez ensuite vers le quartier Ledjnane Baâmara et vous arpentez une pente raide qui vous mènera droit vers le point de départ de vos pérégrinations, à savoir le centre du village El Mahsar.
Il est nécessaire de faire un passage à la zaouia Thala Mokrane fondée par mon grand-père, Cheikh Ouelhaj Kadid, en 1903, et l'ancienne mosquée édifiée par Cheikh Lounis Nath El Kouadhi en 1819, ainsi que la fontaine Thala Mokrane (en tamazight la grande fontaine) qui comprend des bassins où les villageois se rafraîchissent en été, et font leurs ablutions.
Faites une pause à la place Aïssat Idir, où trône une statue érigée en hommage au syndicaliste héros et martyr de la Révolution.Vous entamez ensuite une montée, à pied, vers El Anassers (les sources) où se trouve une cascade et des ravins (en tamazight tamda).
Vous terminerez en apothéose votre virée à Djemaâ n'saridj, en parvenant à pied au-dessus des sources, au mont Fiouane. C'est indéniablement le clou du spectacle, une vue superbe imprenable, s'offre à vous. A votre retour au village, n'oubliez pas d'acheter des souvenirs tels que les boîtes sculptées, les corbeilles, les paniers, les tapis et les chapeaux de paille.
Ainsi, prend fin la visite guidée de mon village dans les colonnes du journal ! Allez ! Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs, les Saharidjiens vous attendent de pied ferme. Bienvenue chez vous à Djemaâ n'saridj !


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