Il y a trente ans, la révolution conduite par l'ayatollah Rouhallah Khomeyni entraînait la chute du shah d'Iran et la fin de la dynastie Pahlavi. Un événement qui continue aujourd'hui encore d'avoir des retombées à la fois régionales et internationales. Depuis cette date, en effet, l'Iran est montré du doigt par l'Occident comme source et facteur de danger pour l'équilibre du monde. Les Etats-Unis, alliés privilégiés du shah déchu, avaient subi le contrecoup brutal du renversement de leur protégé en devenant, pour le régime instauré par l'ayatollah Khomeyni, le « grand Satan » incarné. En contrepartie, l'Iran représente pour les dirigeants américains le mal personnifié. C'est ce qui a justifié l'appui des Etats-Unis à l'Irak lorsque ce pays, sous la direction de Saddam Hussein, avait engagé une guerre particulièrement meurtrière contre l'Iran. C'était un renversement d'alliance car les Etats-Unis avaient fait de l'Iran impérial la base avancée de leur domination de cette partie du monde qui était au contact direct de l'URSS. Or, en chassant le shah, le régime de l'ayatollah Khomeyni mettait fin à la présence américaine en Iran. Au plus fort de la guerre froide, le shah aspirait à asseoir la suprématie militaire de l'Iran dans ce qu'il avait unilatéralement nommé le Golfe persique. Il était couvert, en cela, par les Etats-Unis. Les Américains étaient étroitement impliqués dans la politique intérieure iranienne depuis qu'ils avaient aidé à la destitution du Premier ministre Mossadegh qui avait nationalisé le pétrole et au retour au pouvoir du shah. Depuis 1953, l'Iran était sous la tutelle idéologique et militaire des Etats-Unis. Trente ans après, les Etats-Unis regardent l'Iran comme un danger majeur pour leur sécurité et celle d'Israël. Le lancement, ces derniers jours, d'un satellite iranien a ainsi nourri les inquiétudes occidentales sur la capacité de Téhéran à déployer, dans le futur, des missiles à longue portée. En filigrane apparaît la crainte de voir l'Iran disposer de la bombe nucléaire. Face à une telle hypothèse, le président Barack Obama, à la différence de tous ses prédécesseurs, n'écarte pas la perspective d'ouvrir un dialogue avec l'Iran. Aucun calendrier n'a été établi à cet égard, mais sans doute la nouvelle administration attendra-t-elle les résultats des prochaines élections présidentielles en Iran pour agir avec l'espoir sous-jacent que les réformateurs l'emporteront. Cette éventualité ne rassure pas pour autant ceux qui considèrent que l'Iran gagne du temps pour mener à terme son programme nucléaire et l'imposer aux Etats-Unis et au monde occidental comme un fait accompli. Sur ce plan, nul ne sait de quoi demain sera fait, mais il est sûr que de part et d'autre de l'épineux dossier du nucléaire iranien, c'est une course contre la montre qui est engagée. L'issue en est d'autant plus incertaine que les Etats-Unis, qui avaient été si catégoriques sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein, avec les conséquences qui ont suivi leur mensonge, risquent de ne pas être plus crédibles au sujet de la bombe atomique de Mahmoud Ahmadinejad. Les mêmes causes produiront-elles les mêmes effets ?