Suite au préavis d'une grève annoncée pour le 16 février par les transporteurs de la wilaya, une réunion a regroupé le bureau du syndicat qui les représente, l'UNAT, à la direction du Transport, cela en présence de la presse, cette dernière ayant été conviée pour entendre les points de vue des uns et des autres. Dix points étaient inscrits à l'ordre du jour, ceux-là mêmes qui constituent l'ossature de la plateforme revendicative du syndicat. Pour l'essentiel, ils ont trait à l'augmentation des tarifs sur les lignes intérieures de la wilaya, une augmentation contestée par les directions du Transport et du Commerce, ce qui a entraîné des représailles administratives jugées abusives par ceux qui en ont fait l'objet. De bout en bout, le ton imprimé à la rencontre n'était ni à la conciliation ni au débat constructif, les syndicalistes tenant à leur qualification des faits et le directeur du Transport engagé à réfuter le bien-fondé des 10 points en question. Le débat étant contradictoire, il a donné lieu à un déversement réciproque de griefs, le flot d'accusations mutuelles renvoyant à l'observateur une situation faite d'accumulation de dépassements commis de part et d'autre, sur fond de laxisme en matière d'application de la réglementation, principalement au détriment des usagers. Néanmoins, il ressort que la cause essentielle du différend a pour nom « problème national », selon l'expression du directeur du Transport, alors que la querelle porte sur ses conséquences localement. En effet, un décret datant de 1996 fixe le prix du billet de transport à 0,25 DA par km, un barème dont l'obsolescence est reconnue par l'administration d'autant que le mécanisme de compensation prévu au profit des opérateurs n'a pas fonctionné. Il a été expliqué que ce mécanisme n'a pu être mis en œuvre dans la mesure où, au plan national, il existe en moyenne un opérateur pour 1,2 bus. Son application a été impossible parce qu'il est conçu sous forme d'avantages à accorder à des entreprises dans l'exploitation des lignes. Mais au lieu que la loi soit revue, des pis-aller ont servi de correctifs. Ainsi, depuis une décennie, les prix ont été revalorisés avec l'accord tacite de l'administration et on s'est arrangé pour ne pas être scrupuleux dans l'application de la réglementation à titre compensatoire. C'est dans ce même esprit qu'un nouveau réajustement a été obtenu fin 2008 par les transporteurs locaux. Le conflit a surgi en raison du fait que l'augmentation des prix n'a pas été progressive, étalée dans le temps, « de façon à ne pas provoquer des troubles au sein de la population ». Cependant, pour d'aucuns, c'était le résultat prévisible d'un jeu de dupes lors de réunions de concertation entre opérateurs et administration. En effet, aucun montant n'a été arrêté, les responsables du commerce et du transport ayant déclaré que cela ne relevait pas de leurs prérogatives mais qu'il appartenait aux transporteurs de « prendre leurs responsabilités ». Ce qu'ils ont fait mais pas selon les vues de leurs partenaires, un sens non explicitement formulé par ces derniers qui tenaient à ce que l'accord de principe demeure « officieux ». La démarche est si contestable qu'à l'arrivée, ce qui est accessoire dans le conflit est aligné au même niveau que l'essentiel. En effet, il a été vivement reproché aux syndicats et à ses affiliés d'avoir placardé les nouveaux tarifs par affichage dans les bus. L'affaire a fait un si grand bruit que le syndicat national a été amené à se désolidariser sur ce point avec sa section locale. En définitive, la seule perspective qu'a laissé entrevoir la réunion, c'est la disponibilité du wali à recevoir les syndicalistes.