On ne s'attendait pas à la présence du méthane sur la planète Mars, compte tenu de son atmosphère oxydative. Mais on vient de détecter qu'il est en train d'être libéré. La photolyse (réaction chimique dans laquelle un composé chimique est décomposé par la lumière), à elle seule, pourrait éliminer le méthane sur une période de 300 à 600 ans, explique à El Watan l'astrobiologiste Michael Mumma, du Goddard Center for Astrobiology de la Nasa. Nous avons utilisé des spectrophotomètres infrarouges à haute dispersion montés sur des télescopes terrestres pour mesurer simultanément le méthane et la vapeur d'eau sur Mars. Nos résultats requièrent une période beaucoup moins courte et donc le processus de son élimination est plus efficace d'un facteur de 100. En définitive, nous avons prouvé l'existence du méthane sur Mars et montré qu'il varie spatialement selon les saisons. Ceci implique une libération récente et, par voie de conséquence, active. » Le méthane qui est train d'être libéré pourrait avoir été produit récemment ou il y a de nombreuses années. Autre hypothèse : la géochimie ou la biologie pourrait être à l'origine de ces émissions, car on sait que le méthane est principalement généré sur Terre par des phénomènes biologiques. Et Mumma de préciser : « Nous devons, tout de même, faire la différence entre production et libération. Le méthane, que nous avons détecté, pourrait avoir été produit il y a de cela longtemps, puis stocké dans la glace. En d'autres termes, la production serait ancienne, mais la libération est actuelle. » Un tel phénomène rendrait possible la vie sur Mars. Chaque découverte concernant la planète rapproche davantage les chercheurs de la compréhension de cette planète. Après avoir suivi la piste de l'eau, toutes les agences spatiales essaient d'en savoir plus sur cette activité du méthane et sa possible origine. « La stratégie de recherche a été élargie pour inclure d'autres gaz qui pourraient favoriser la vie ou au contraire, la rendre impossible. Le laboratoire Science de Mars, lancé par la NASA en 2011, se focalisera sur les complexes organiques des roches, et bien évidemment le méthane et d'autres gaz. »