De nouvelles révélations viennent ternir l'image de la Central Intelligence Agency (CIA). Des organisations américaines ont publié, la semaine dernière, des documents étayant l'implication du Pentagone dans les excès de la guerre contre le terrorisme de George W. Bush et alimentant le débat sur la recherche de responsabilités pénales. Après plus de quatre années d'efforts juridiques, le Centre pour les droits constitutionnels, Amnesty International (section américaine) et le Centre pour les droits de l'Homme de la New York University ont obtenu des centaines de pages de documents officiels, grâce à la loi américaine sur la liberté d'information (FOIA). Ces révélations mettent la nouvelle Administration américaine dans l'embarras. Le président américain Barack Obama n'a cessé de répéter à la presse que « son orientation générale est de tourner la page », mais qu'il n'a pas exclu des poursuites judiciaires en cas de crimes avérés. Le fait est que les documents découverts par les ONG américaines confirment l'existence de prisons secrètes de la CIA en Irak et à Bagram, en Afghanistan. Ils divulguent, également, les liens du Pentagone avec la CIA dans le « programme secret de détention, de transfert et de torture », dont l'ancien Président américain George W. Bush a lui-même reconnu l'existence en 2006. Les exemples de transgression du droit international sont légion. Le Pentagone, révèle-t-on, n'enregistrait les prisonniers pour qu'un tribunal militaire décide si leur détention était légitime que quatorze jours seulement après leur arrestation, les laissant dans un vide juridique pendant ce laps de temps. Par ailleurs, selon un courriel interne daté du 17 février 2006, un transfert de détenus de Guantanamo a été reporté de 45 jours « jusqu'à ce que les choses se calment, sinon les détenus pourraient bien être accueillis en héros à leur arrivée ». De son côté, l'Aclu, organisation de défense des libertés civiles, a obtenu, par le même biais de la FOIA, des documents attestant de l'existence d'enquêtes du département de la Défense sur les tortures, mauvais traitements et parfois mort de détenus lors des interrogatoires à Bagram et dans plusieurs prisons d'Irak. Le comportement du personnel militaire était « clairement excessif et non conforme aux règles d'interrogatoire en vigueur », assure le département de la Défense dans un rapport. Ces révélations, qui s'ajoutent à de nombreuses preuves déjà connues, interviennent alors qu'un sondage publié jeudi dans USA Today démontre que deux tiers des Américains sont favorables à l'ouverture d'une enquête criminelle ou menée par une commission indépendante. Il s'agirait de déterminer les responsabilités au sein de l'Administration Bush dans la pratique de la torture, les écoutes téléphoniques sans mandat de la justice après le 11 Septembre et sur l'utilisation du ministère de la Justice à des fins politiques.