Projeté mercredi soir à la salle Ibn Zeydoun d'Alger, Penses-y de Katerina Evangelakou est une comédie dramatique. Le pitch ? C'est l'histoire de Maraki, une femme de 40 ans, enceinte de trois mois hors mariage, qui vit dans une ville de province. Elle a de l'humour, elle est intelligente et brillante et a tout pour plaire. Elle aurait pu quitter sa province pour faire des études, parcourir le monde, si elle n'avait été, à chaque étape de sa vie, ankylosée par l'abnégation et le don de soi. Refusant de réaliser ses rêves d'adolescente, elle se retrouve au rancart... jusqu'à ce qu'une histoire d'amour lui révèle le côté absurde de sa vie. Un jour où elle traversait paisiblement la place publique, elle s'écroula, inconsciente. Du coup, elle voit défiler le film de sa vie. Aussi, la réalisatrice Katerina Evangelakou décline un travelling faisant office d'un ballet et balayage incessant de flashs-back. Des cartes postales dépeintes avec un œil féminin, une certaine délicatesse, un univers, le grain du celluloïd et puis cette maîtrise d'un scénario bien ficelé et tenant la route. La preuve ! Penses-y a été salué à sa sortie, puisqu'il est le récipiendaire du Grand prix du Festival de Thessalonique (2002) et le prix de la Sélection au Festival de La Rochelle en 2003. Katerina Evangelakou, à travers ce conte provincial, insulaire et à l'exubérance méditerranéenne, évoque la condition de la femme sans féminisme ordinaire aucun, décrie et dénonce le voyeurisme, le lynchage, l'intolérance et le cynisme de la société — la chute de Maraki devient l'attraction du village. Elle nous offre une pause de Maraki à l'âge canonique ; un tournant et un virage qu'elle cherche à négocier ; entractes manqués et espoirs. Le film Penses-y est un film, un rêve éveillé dialectique, poétique, allégorique et un hymne à la vie prise avec philosophie. Et Sophocle, Electre... en sont les référants. Native du Pirée en 1962, Katerina Evangelakou a produit et réalisé de nombreux documentaires avant de passer à la fiction. Parmi ses longs métrages les plus marquants, l'on peut citer Olga (1987), Mrs Mika (1991), Jaguar (1994), Fausse alarme. Depuis 2005, parallèlement à son travail de réalisatrice, elle enseigne le cinéma à l'université de Thessalonique. C'était le final countdown (compte à rebours), comme dirait le groupe pop Europe ! Cependant, l'on espère que la prochaine édition proposera des films européens récents, et en 35. Pensez-y !