Le film portugais, La gueule que tu mérites de Miguel Gomes, suivi à 18h d'un film grec, intitulé Penses-y de Katerina Evangelakou clôtureront sans doute, en beauté, ces journées cinématographiques. La salle Ibn Zeydoun a connu lundi dernier une animation bien particulière. Dans le cadre des Journées du film européen, l'après-midi a été consacré à un film de jeunesse et des sorties d'écoles ont été organisées à cet effet. Transformant les aires de Riad El Feth en un vrai parcours de récréation. Très bon enfant! Les élèves donc et leurs professeurs sont venus assister à la projection du film de la Belgique-Wallonie Bruxelles, intitulé Pom le poulain, l'histoire attendrissante d'un jeune poulain à la recherche de sa mère Mirabelle. Le second film qui attira notre attention est l'Abbuffata de Mimmo Calopresti. Un film italien de 2007 qui met en scène trois jeunes gens dans un village à Diamante, en Calabre (sud de l'Italie), qui rêvent de tourner un film. Pas facile dans cet endroit où seul le bruit de la mer et de la pêche rythment leur vie. Gabriel, Marco et Nicolas sont pourtant bien décidés. Ils passent des heures à interviewer les habitants, qui devant la caméra, livrent leurs envies, leur histoires. Quand c'est autour de la vieille tante de Gabriel de se raconter, elle leur parle de son grand amour de jeunesse: un cousin éloigné qui a émigré aux Etats-Unis et qui a promis de revenir. Quarante ans qu'elle attend. Touchés, les trois amis voient dans ce sujet la matière idéale du film. Ils se tournent vers Néri, dit le maestro. C'est un ancien réalisateur désabusé, qui s'est retiré à Diamante et les jeunes lui demandent en vain de l'aide. «Trouvez-moi un acteur et je vous prêterais la caméra» est la promesse que fait le maestro aux trois garçons, les croyant incapables d'y parvenir. Lors d'une petite escapade à Rome, ils font la connaissance d'une femme, la compagne de Gérard Depardieu qui leur promet au bout du compt, de venir... Arrivée à Diamante, la tante à qui on fait croire que c'est son amant qui revient la voir, leur prépare un grand festin. C'est la fête au village. Tout le monde festoie. Le maestro retrouve un semblant de sérénité auprès de la gérante d'un café, quand Gérard Depardieu (jouant son propre rôle de comédien) ne se sentant pas bien, va se reposer un peu. C'est la crise cardiaque! Ce film hilarant à plus d'un titre, nous plonge de plain-pied dans l'Italie d'aujourd'hui qui tente de renouer avec la gloire de son cinéma d'antan, qualifié de «mort» par le maestro. Ce film est une belle immersion dans ce beau pays et ses habitants, qui rend compte de la joie de vivre de ces Méditerranéens et leur envie comme chacun de réaliser son rêve. Ces trois jeunes sont touchants dans leurs aventures de débutants et nous renseignent sur la dureté de ce métier qu'est le cinéma. C'est un peu ses dessous qui sont ici dévoilés à travers cet acteur qui remet systématiquement son CV réactualisé et qui peine à travailler. Joli tableau de l'Italie avec ses scènes de vie fantasque et de désillusion pour ces gens de la campagne qui restent en dehors de cette «bouffe» moderne. Un super-film en tout cas et très distrayant qui aurait mérité d'être vu par nos jeunes cinéastes en herbe. Le dernier film à passer à la salle Ibn Zeydoun ce lundi, est un long métrage allemand, déjà projeté lors des Journées du film allemand mais qu'importe. ça valait le coup d'être programmé pour la seconde fois. Kebab connection de Anno Saoul (2005) est un croustillant film qui a mis en émoi toute la salle. Ici, il est question de cinéma aussi. Mais montré sous façon décalée, complètement loufoque cependant avec un fond de gravité bien palpable pourtant... Volées de coups de poings, fracas d'épées et de bouteilles, craquements d'os et giclées de sang, ceci n'est pourtant que le spot publicitaire tourné par Ibo Secmez pour le bar de son oncle Ahmet dans le quartier de Hambourg «Schanzenviertel» dans lequel est incluse pleinement la passion d'Ibo pour les films de kung-fu. Au moment où la colère d'Ahmet contre cette oeuvre sanguinolente s'estompe pour faire place à la fierté qu'il éprouve pour le jeune génie, qui connaît un grand succès auprès du public avec son film King of kebbab, Ibo doit faire face à de nouveaux problèmes, bien puls sérieux. Son amie, Titzi, une Allemande lui annonce qu'elle est enceinte. Or, issu d'une famille turque, son père, depuis son enfance lui sommait de «ne jamais mettre une Allemande enceinte!» Son amie, rejetée au début, Ibo se rendra compte par la suite de son erreur quand son père lui reprochera d'avoir laissé tomber une femme en détresse. Ce film à moult rebondissements est une belle plaidoirie de la tolérance comme de l'amour de l' art et l'attachement à sa passion. Ici le théâtre est le cinéma. Kebab Connection dévoile avec une bonne dose d humour et de dérision certes, mais réaliste, le mode de vie des communautés étrangères en Allemagne. Dense et haut en couleurs, ce film rythmé à la sauce américaine est un excellent exutoire et un bon exercice de style, un patchwork de goût, de musique et de couleurs. A l'image de l'Allemagne d'aujourd'hui, métissée et ouverte sur le monde. Bref, dans l'air du temps. Après le second film italien projeté, hier, Civico zero de Francesco Maselli, la salle Ibn Zeydoun proposera, cet après-midi, un film portugais, La gueule que tu mérites de Miguel Gomes, suivi à 18h, d'un film grec, intitulé Penses-y de Katerina Evangelakou qui clôturera en beauté ces Journées du film européen.