La fête du cinéma se poursuit à la salle Ibn Zeydoun. Le public timidement commence à venir occuper les sièges et apprécier chacun selon ses goûts les images d'un pays, européen cela va de soi... Jeudi ce sont trois films à la thématique différente que les spectateurs ont eu à regarder. Cependant, tous frappants et éloquents car proches par l'aspect humain, finalement de nous-mêmes, qui s'en dégageait. Le 1er diffusé à 13h, reconnu comme le meilleur film européen à Templeton en 2004 est Yasmin de Kenneth Glenaou, prix du jury oecuménique à Locarno et également prix première du public à Dinard. Cette Pakistanaise vivant dans le nord de l'Angleterre, Yasmin, mène une double vie. Dans le cadre familial, elle porte le voile et par respect pour son père, accepte un mariage blanc avec Fayçal, un cousin berger. Au dehors, elle s'affirme en s'habillant et en se comportant comme n'importe quelle jeune femme occidentale. Ce film a dû certainement toucher plus d'un, car nous rappelant combien les sociétés musulmanes traversent le même obstacle dans le monde, preuve s'il en est qu'on est pas loin de ce que vivent les femmes que ce soit au Pakistan ou ailleurs, seul peut-être le régime politique diffère... Mais enfin le combat des femmes pour leurs droits est un sujet universel. Un film qui nous parle et nous interpelle en tout cas. Il sera rediffusé le mardi 24 janvier à 19h. Le second film projeté jeudi dernier à 16h30 est Joyeux Noël de Christian Carion. Le film figure déjà à la sélection officielle pour les oscars et au festival de Cannes 2006. Noël 1914, dans les tranchées. Un pasteur écossais, un lieutenant français, un ténor allemand et une soprano danoise, (Un couple touchant) fêtent Noël à leur manière, en oubliant la guerre le temps d'une soirée. Adapté d'une histoire réelle, on peut à peine croire, ce film raconte une émouvante et incroyable fraternisation pendant la première Guerre mondiale. Un cessez-le-feu lors de cette nuit merveilleuse, nuit de Noël. Ce film formidable, fresque humaine restitue fidèlement l'esprit magique de Noël. Un joli conte poétique dont on dit qu'il a existé. Une paix qui a coûté la vie à des centaines de soldats. Joyeux Noël remet en cause cependant de façon claire mais discutée la valeur du christianisme. Il est dit que «Jésus n'est pas arrivé pour apporter la paix mais le glaive ». Un pasteur ayant animé la messe de sa vie sans faire de distinction entre les différentes troupes ce soir-là, se fera sévèrement réprimander par son supérieur ecclésiastique, ce qui le conduira à rendre sa chaîne avec sa croix, remettant en question sa foi en Dieu. Plus grave, le film rend compte d'une dangereuse notion dans la religion qui confond entre guerre et croisade. Soldats allemands, français et britanniques laissent tomber le fusil pour aller voir celui d'en face, lui serrer la main, échanger avec lui une cigarette, du chocolat, lui montrer la photo de sa femme, bavarder tout simplement et lui souhaiter «Joyeux Noël». Cela paraît invraisemblable. Si ce n'est que le réalisateur défend, preuve historique à l'appui, que cela a bel et bien existé. Etonnant, surprenant! On pourra toujours rêver que cela se reproduise jusqu'à la fin des guerres pour que règne une fois pour toutes la paix dans le monde. Une utopie? Mais un miracle peut arriver. La preuve! Cette jolie romance en temps de guerre sera rediffusée le vendredi 27 à 19h. Troisième film à être projeté jeudi, à 19h celui de l'Italien Paolo Virzi. Caterina va en ville brosse un portrait social de la jeunesse italienne d'aujourd'hui frôlant parfois la caricature. Comédie dramatique, le film a cependant le mérite de lever le voile sur une réalité palpable. Caterina, une jeune adolescente naïve, quitte la province avec sa famille pour s'installer à Rome. Dans son collège, elle côtoie les enfants de l'intelligentsia et de la haute bourgeoisie, qui reproduisent, au sein même de l'école, les tendances politiques de leurs parents. C'est à travers la découverte de mondes opposés que Caterina fait son apprentissage. Présenté comme une analyse, même un franc réquisitoire contre une certaine caste de la société, le film argue ce genre de situation en opposant dominants et victimes. Il laisse entrevoir une brèche d'équilibre ambiguë chez cette jeune fille rebelle, qui malgré son appartenance à la classe bourgeoise refuse de se plier aux règles, et conçoit une vie plus indépendante. Celle-ci encouragera Caterina à intégrer une grande chorale symphonique. Le film se termine ainsi par cette note d'espoir comme preuve de consécration et d'élévation sociale pour la petite. Finalement Caterina va en ville nous réapprend à voir la vie autrement que sous le prisme de l'échelle sociale mais du côté de nos compétences, nos valeurs à coup de persévérance et de volonté. Une réussite que l'on acquiert difficilement mais sûrement, semble vouloir nous convaincre le réalisateur Virzi Paolo, un peu à la manière du père de l'alchimiste. Difficile en tout cas de rester insensible face à cette attendrissante histoire. Le film repassera le mercredi 25 janvier à 16h30 , toujours à la salle Ibn Zeydoun.