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Les créateurs regardent dans leur rétroviseur
Publié dans El Watan le 30 - 09 - 2004

Un retour vers le passé parfois confus mais toujours fusionnel. Pour être à la mode cette année, il suffit d'ouvrir l'armoire de grand-mère, celle de maman et marier le tout aux kilos de vêtements des années 1980 entassés dans une vieille malle qui moisit dans le grenier. Toutes les couleurs sont à l'honneur. Tous les styles et tous les genres sont autorisés. Seul petit plus, le mélange de toutes ces tendances. Comme touchés par une schizophrénie stylistique, les créateurs prennent plaisir à mêler les genres et à brouiller les pistes. Ainsi, l'élégance des années 1920 est étrangement mêlée à l'anarchie vestimentaire des années 1970. La touche fantaisie dépend des goûts. Aucun mot d'ordre dans le dosage des mélanges.
Inspiration !
Les degrés d'inspiration diffèrent d'une décennie à l'autre. Pour les années 1920, on retiendra surtout la douceur des tons. Derrière une simplicité apparente, les stylistes conservent la palette délicate de l'art déco. Le romantisme de cette époque est mis en valeur par la légèreté des tissus souvent dans les tons pastel. Mousseline, crêpe en vieux rose, ou en vert amande, coupe biais. Le tout accompagné d'accessoires fantaisie mais toujours raffinés.
C'est le côté pratique que les stylistes prennent des années 1930. La mode des années folles est caractérisée par le vêtement confortable. Idéal pour travailler, suffisamment jolie pour sortir. C'est tout simplement le vêtement que les femmes de l'époque empruntent aux hommes. Il s'agit, tout simplement, de l'allure garçonne. Une allure qui reste contraire aux idées reçues très féminines, grâce en partie aux petits détails : bijoux travaillés, satin précieux ou mousselines aériennes. Parfois, il suffit juste de remplacer la ceinture du large pantalon à carreaux par un ruban rose assorti à la chaussure et au sac. Des années 1940, on retiendra le charme mythique et l'insolence déconcertante de la petite citadine, celle qui sait si bien marier les tissus masculins aux motifs fleuris. L'audace et le bon goût ne sont plus du tout incompatibles. Veste couleur flash agrémentée d'un colle en fourrure, ou simplement une jupe fleurie avec top à carreaux. Cette tendance s'exprime souvent à travers les kilts, Britannique mais tonic ! Cette jupe, symbole du strict et de la rigueur, change de coupe en prenant la forme de la jupe flamenco, et de couleur puisqu'elle passe du rouge écarlate au rose fushia ou jaune poussin. La touche années 1950 et 1960 est un hommage aux stars séductrices à l'image d'Audrey Hepburn. Tendance femme fatale ou pin-up, c'est la façon idéale pour jouer à la starlette. Pantalon cigarette, motif animalier (panthère léopard…), paletot, ballerines ou escarpins, chapeau et grandes lunettes de soleil. «Excentric», disent les Britanniques pour évoquer cette bizarrerie vestimentaire venue tout droit des années 1970. Le style hippy une influence apportée dans un premier temps par les rocks stars. Pourtant, c'est toute une mentalité qui est derrière. La liberté de ces années s'exprime également à travers l'habillement. Aucune règle de «bon goût» n'est respectée. On mélange les carreaux avec les rayures, les pois avec les fleurs, tout est permis, «il est interdit d'interdire !», c'est l'anarchie esthétique. Les matières les plus appréciées, la laine et le velours. Les pulls en crochet couleur brique, pantalon patte d'éléphant en velours vert bouteille, sac en peau de lapin, bonnet péruvien en plus de la belle vieille écharpe multicolore. Boudé, l'esprit rebelle des années 1980 n'a pas traversé l'esprit des stylistes. Couleurs sombres comme pour rappeler l'esprit punk, métal et chaînes accrochées sur les blousons noirs. On garde la silhouette pure comme coupée au laser, et on ajoute des accessoires pour une dose d'humour et de modernité. Le tout, cette saison, est de savoir mélanger l'anarchie hippy au romantisme des années 1920, l'esprit rebelle des années 1980 au style starlette des années 1950.


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