Les propos se veulent mesurés. « Quand j'aurai la conviction absolue que tout a été fait sur le plan éthique, moral et des réalisations concrètes, je signerai ce décret. Cela nous amène probablement dans un mois et demi, deux mois, pas davantage », explique sur un plateau de télévision Eric Besson, ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale. Paris : De notre bureau Le décret d'application permettant la mise en œuvre des tests ADN pour les regroupements familiaux serait donc effectif en avril. La France a voté l'expérimentation de tests ADN avec la loi sur la maîtrise de l'immigration à l'automne 2007 mais ce décret n'a pas été adopté. Une réunion interministérielle est prévue sur ce sujet le 18 février. A l'époque, cela avait créé une grande controverse. Plusieurs personnalités, dont l'actuelle première dame de France, avaient manifesté leur réprobation. Les tests ADN, tels qu'ils ont été votés, devront aider à faire la preuve d'une filiation et seront strictement encadrés. Ils devront être effectués sur une base uniquement volontaire et ne concerner que la filiation par la mère. Ils devraient être expérimentés dans neuf pays. « Nous espérons que cette décision ne renvoie pas à une volonté plus globale de mettre en place des logiques de diversion en brandissant l'épouvantail d'une immigration incontrôlée afin de ne pas répondre aux lourdes questions sociales que pose la crise économique », s'alarme SOS racisme. Décidemment très actif, Eric Besson entend aligner les chiffres réalisés par ses prédécesseurs, politique du résultat oblige. Il précise que l'objectif des expulsions d'immigrés en situation irrégulière pour 2009 avait été fixé par le Président et le Premier ministre à 27 000, après voir évoqué le chiffre de 26 000 fin janvier avant l'arbitrage définitif. Il a signé le 5 février une circulaire permettant à des sans-papiers d'obtenir des titres de séjour en échange d'une « coopération » avec la police. Le sans-papiers, une fois entendu par les services de l'Etat, disposerait « d'un délai de réflexion de 30 jours pour lui permettre de se soustraire à l'influence de ses exploiteurs et prendre sa décision de porter plainte ». Ce n'est qu'une fois cette décision prise que « la victime pourrait recevoir une carte de séjour temporaire » de 6 mois minimum, renouvelable jusqu'à l'achèvement définitif de la procédure judiciaire. Si une condamnation effective est prononcée, la victime pourra obtenir une carte de résident de 10 ans, une prime à la dénonciation. Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la politique de la ville, avait eu une réaction vive en affirmant que « la délation l'avait toujours gênée même si elle peut servir une bonne cause ». La plus dure attaque est venue de son propre camp. « Après avoir quitté le PS, ce n'est pas l'UMP que Besson devait rejoindre, c'est au Front national qu'il devrait adhérer ! Ce Besson s'est trompé de maison. L'UMP ne mange pas de ce pain-là ! », s'indigne le député Jean-Pierre Grand. Droit dans ses bottes, Eric Besson balaie les critiques : « Il n'y a que des élites tordues pour parler de délation. Il faut être tordu pour sortir ce langage de Deuxième Guerre mondiale. Le peuple, lui, comprend bien qu'il y a des victimes et des bourreaux ». Foi de nouveau converti au sarkozysme.