Les politiques menées par les différents gouvernements de la France n'ont jamais été aussi généreuses qu'on voudrait nous le faire croire. Elles s'inscrivent dans un contexte de domination, de colonisation et de spoliation qui ont caractérisé les relations entre l'ancienne puissance colonisatrice et les territoires qu'elle a occupés, particulièrement en Algérie. Cette batterie de mesures discriminatoires a été prise d'un côté, pour restreindre la présence des étrangers sur le sol français et de l'autre pour les distinguer des citoyens français à part entière. Ce qui les affuble d'un nouveau statut qui n'est guère plus glorifiant que celui de leurs parents. Les indigènes d'autrefois, s'appellent immigrés aujourd'hui. Si certains textes ont été mis au placard ou revus et corrigés, ce n'est pas par générosité. Ils ont soit subi la pression de la rue, soit la rigueur du législateur. Les tests ADN prévus dans le cadre du regroupement familial ont étés abandonnés tout récemment après que le ministre de l'Immigration, Eric Besson, ait pris la décision de ne pas signer le décret d'application de la loi qui devait entrer en vigueur à partir du 31 décembre 2009. La loi du 23 février 2005 a été amendée et vidée de son article 4 qui glorifiait la présence française dans ses anciennes colonies et notamment en Afrique du Nord. Après la polémique soulevée par le foulard islamique, le port de la burqa fait l'objet d'un projet de loi en vue d'en interdire le port. En ce qui concerne ce dernier point, il faut faire remarquer qu'une étude assez récente a montré que 25% des femmes qui la portent en France sont en réalité des converties. Des Françaises qui ont épousé la religion musulmane et qui, selon leurs déclarations, ont délibérément opté pour ce vêtement qui témoigne de leur appartenance à la religion musulmane. «La burqa n'est pas un problème religieux. C'est un problème de liberté, de dignité de la femme. Ce n'est pas un signe religieux mais un signe d'asservissement, d'abaissement», avait déclaré de son côté, le président de la République française au mois de juin dernier lors du congrès qui s'est tenu au château de Versailles. Puis à propos de la burqa, Nicolas Sarkozy a ajouté: «Elle n'est pas la bienvenue en France.» Qu'en pensent les femmes françaises converties à l'Islam? «Elle ne nous a pas été imposée par nos époux comme en Afghanistan. Nous l'avons choisie par conviction et non sous une quelconque pression», ont répondu les personnes interviewées dans le cadre d'un dossier consacré à ce sujet par la chaîne de télévision française TF1, il y a tout juste quelques jours. Le chef de l'Etat français l'ignorait-il? Son prédécesseur n'avait guère fait mieux lors d'un discours prononcé le 19 juin 1991 connu sous le nom de Discours d'Orléans. «C'est peut- être vrai qu'il y a plus d'étrangers qu'avant la guerre, mais ce n'est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d'avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d'avoir des musulmans et des Noirs...Comment voulez vous que réagisse le travailleur français qui habite la Goutte d'or...et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille, avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50.000 francs de prestations sociales sans travailler! Si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur, eh bien, le travailleur français sur le palier devient fou...», avait déclaré Jacques Chirac qui a tenu à préciser que dire cela n'est pas raciste! Les racistes ont pourtant bien applaudi ce jour-là. La lepénisation des esprits pouvait compter sur ceux qui ont été portés au plus haut sommet de l'Etat. De quoi a peur la France? Les immigrés devenus l'enjeu des échéances électorales, n'ont jamais mis en danger la République française ou ébranlé ses institutions. Les discours racistes des hommes politiques les plus en vue (Hortefeux, Lepen...) n'ont fait que confirmer que la xénophobie s'est bien installée au sein d'une frange importante de la société française. Les dirigeants de l'Hexagone se sont employés depuis un demi-siècle à bâtir des politiques d'immigration visant à contenir les flux migratoires, après avoir accueilli et fait appel à des contingents d'Algériens et d'Africains pour libérer et reconstruire la France. Une perversion de l'histoire qui trouve sa réponse dans le recours à la lutte armée des pays colonisés pour accéder à leur indépendance.