La tâche sera rude pour intégrer dans la légalité et le respect des lois, une incroyable armada de commerçants occasionnels qui, tel le radeau de la méduse, s'accrochent bec et ongles à un moyen de subsistance aléatoire. On recense approximativement plus de 700 marchés illégaux et quelque 10 000 camelots de fortune. Il n'est pas nécessaire de s'étendre outre mesure sur les tracas, les difficultés et les nuisances générés. Alger est devenue un immense marché informel, hybride, tentaculaire, omniprésent et hégémonique. Des quantités faramineuses de marchandises envahissent les rues, les artères jusqu'aux plus humbles venelles. Une population de négociants qui brassent de grosses sommes d'argent sans que l'Etat y perçoit en retour la plus petite ristourne au passage. En revanche que de colère, de courroux justifié et légitime exprimés par les «légalistes» qui n'en peuvent plus de faire face à une concurrence bien singulière. L'opinion publique sait pertinemment que le retour à la «normale» sera lent et difficile. D'autant que la médication ne peut en tout état de cause guérir et soulager trop rapidement. Il y a une disproportion entre l'offre et la demande. N'empêche que le réveil des pouvoirs publics est plus que désiré. On agit contre le fléau quand le découragement commence à s'enraciner dans les esprits. Il reste à appréhender et à se méfier comme la peste d'un spectre lancinant. Comment couper définitivement la voie à une quelconque récidive, à un remake déconcertant qui remet les compteurs à zéro. Une telle opportunité donne déjà froid dans le dos. Mais qui sait ?