Résumé de la 25e partie n On a procédé dans la plus grande anarchie à l'évacuation des passagers de «la Méduse» en leur faisant prendre place sur un radeau... En montant sur le radeau, les passagers ont été pris d'une appréhension mais le commandant et les officiers qui ont pris place dans les canots de sauvetage leur ont juré de ne pas les abandonner. «Nous vous remorquerons tout le temps qu'il faudra !» ont-ils dit. On a décidé au départ de rejoindre la côte et de traverser le désert jusqu'à Saint-Louis : c'était un projet tout à fait raisonnable mais, pour on ne sait quelle raison, il n'a pas été retenu. En tout cas, au bout de plusieurs heures de navigation, la côte africaine n'était toujours pas en vue, alors qu'au moment de quitter la frégate, elle n'en était pas loin. Les canots qui remorquent le radeau ont tous fini, au grand désespoir des naufragés, par abandonner le radeau, à l'exception du plus grand, qui continue à les tirer. Puis, brusquement, ce canot coupe les cordes qui le rattachent à lui et s'éloigne. — Ils nous abandonnent ! hurle un naufragé. — Par pitié, ne nous laissez pas ! crie un autre. Et ce n'est que cris, supplications et pleurs. Car le canot s'éloigne inéluctablement. Ses passagers, comme honteux de leur comportement, ne se retournent même pas. Voilà donc cent cinquante-deux hommes, abandonnés, en pleine mer, sur un radeau mal fait, sans mât ni voilure, voguant au gré des vagues. Sur les cent cinquante-deux hommes, il n'y a qu'une dizaine de marins. L'enseigne de première classe Coudin prend le commandement du radeau et, aidé par les militaires qui se trouvent à bord, il parvient à rétablir l'ordre. — Inutile de crier, dit-il à ses compagnons, ces messieurs nous ont abandonnés. — que faut-il faire alors ? — Il faudra nous organiser pour tenir jusqu'à ce que les secours arrivent ! Et il ajoute : — de toute façon, nous n'avons pas le choix. Il faut commencer par inventorier le matériel et les vivres qui se trouvent sur le radeau. On commence par chercher les cartes et les instruments de navigation, mais on n'en trouve pas. On a dû, pour alléger l'embarcation, les jeter à la mer. En revanche, on découvre le cacatois de «la Méduse» et le cacatois de perruche, que quelqu'un a eu l'idée, au moment d'embarquer, de jeter sur le radeau. Qu'à cela ne tienne. on va les utiliser pour dresser un mât de fortune et improviser une voilure. On passe en revue les vivres. Il n'y a qu'un sac de vingt-huit livres de biscuits imbibés d'eau de mer, six barils de vin et deux d'eau. De quoi tenir à peine quelques heures ! D'ailleurs, le jour même, on mange les biscuits, transformés en pâte, et on boit une partie de la boisson. On scrute l'horizon, dans l'espoir d'apercevoir quelque navire de passage, en vain. C'est alors que les malheureux naufragés se rendent compte qu'ils sont seuls au monde, abandonnés des hommes et de Dieu. Et quand la nuit commence à tomber l'effroi s'empare d'eux. (A suivre...)