A partir du 14 août prochain, le nouveau week-end sera observé vendredi et samedi. La décision a été prise hier en Conseil des ministres. L'Algérie était l'un des rares pays qui a tenu à garder un week-end décalé par rapport au reste du monde, même au risque de porter préjudice à l'économie nationale. De nombreux appels ont été pendant des années lancés pour l'instauration d'un week-end qui serait en harmonie avec les réalités économiques. Le Conseil national économique et social (Cnes), quelques partis politiques et la centrale syndicale avaient maintes fois souligné la nécessité de privilégier les intérêts économiques de l'Algérie. Les défenseurs du week-end universel mettent en avant les chiffres de la Banque mondiale selon lesquels l'Algérie gagnerait, avec l'instauration du week-end universel, une croissance de 1,2% sur le PIB. Une étude de la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale, avait même révélé que le repos hebdomadaire du jeudi et vendredi coûte à l'Algérie entre 500 et 700 millions de dollars par an. Les services gouvernementaux algériens ont, de leur côté, estimé les pertes à 150 millions par an. Par souci de rentabilité et d'efficience, de nombreuses entreprises algériennes sont déjà passées à l'heure universelle. L'entreprise indienne ArcelorMittal Annaba a ouvert le bal en juin 2007, suivie par les Nouvelles conserveries algériennes (NCA Rouiba) ainsi que la filiale algérienne de l'allemand Siemens. Le week-end « national » pénalise fortement l'économie algérienne dans la mesure où notre pays ne dispose que de trois jours (lundi, mardi et mercredi) pour effectuer ses opérations à l'international. Le fait est, par ailleurs, que 60% des échanges commerciaux sont réalisés avec l'Europe, les Etats-Unis et la Chine. L'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange (Zale) est peut-être l'un des faits qui ont décidé le gouvernement à passer à l'action. La décision d'instaurer le week-nd le jeudi et le vendredi, dans les années 1970, avait des accents populistes. C'était au temps où l'Algérie aspirait à marquer une rupture avec l'ancien colonisateur. Le président Houari Boumediène avait signé les ordonnances 76 et 77 faisant du jeudi et vendredi journées de repos hebdomadaires à la veille du mois de Ramadhan 1976. Cette décision a, dès le début, créé un grand cafouillage, notamment dans les banques et les compagnies d'assurances dans lesquelles les congés hebdomadaires sont le vendredi et samedi. Le week-end est l'un des points sur lesquels les pays arabes montrent de grandes divergences. Il existe ainsi trois catégories de week-end dans le monde arabe. Alors que l'Algérie, avec la Libye et l'Arabie Saoudite, ont fait du vendredi le jour de repos hebdomadaire, d'autres pays du Mashreq (comme la Jordanie, les Emirats arabes) ont choisi d'adopter un week-end semi-universel faisant des journées de vendredi et samedi leurs jours de repos hebdomadaire. Le Liban, le Maroc, la Tunisie et la Syrie ont choisi de faire passer l'aspect économique avant tout en adoptant le samedi et dimanche. La Mauritanie et le Soudan ont également décidé récemment de se mettre à l'heure universelle. La question du week-end universel avait déjà été abordée lors des négociations enclenchées en 2005 entre les archs et le chef du gouvernement. Ahmed Ouyahia avait donné son accord de principe. Pour beaucoup d'observateurs, cet épisode n'était qu'un « ballon sonde », lancé pour jauger la réaction des Algériens face à l'instauration d'un week-end universel. La question du week-end universel a toujours créé des débats passionnés en Algérie. Une partie de l'opinion publique pense que le repos du vendredi est une façon de se « démarquer de l'Occident ». Il s'agit là d'un combat du pragmatisme contre l'idéologie. Le ministère du Travail a ainsi choisi de ménager les susceptibilités en instaurant un congé hebdomadaire le vendredi et le samedi. L'idée est de garder le congé du vendredi, jour de prière, élément essentiel pour une grande partie de la population algérienne.