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Ali Lmrabet (Journaliste indépendant marocain)
Publié dans El Watan le 20 - 11 - 2004

Vous venez d'interviewer le Président sahraoui pour le quotidien El Mundo. Comment était ce premier contact ?
Très bien. Je l'ai mis à l'aise et il en a fait de même. Il n'a esquivé aucune question et il ne m'a même pas demandé de lire l'interview avant sa parution. J'ai beaucoup apprécié. Je lui ai demandé de rencontrer les prisonniers marocains et il avait accepté, non sans insistance de ma part. J'ai demandé à tous les Sahraouis que j'ai rencontrés de faire un geste humanitaire et de les libérer. Les Sahraouis me disent que le Maroc nous a massacrés et je leur ai dit qu'il n'y a pas que vous. Je leur ai donné l'exemple des émeutes de la faim où la police et l'armée tiraient à bout portant sur les manifestants, sans distinction. J'observe, en tout cas, que les prisonniers marocains ne peuvent pas être une monnaie d'échange parce que le gouvernement marocain les a abandonnés.
Voulez-vous nous rappeler vos démêlés avec la justice marocaine ?
La première affaire importante a eu lieu en 2001, lorsque j'avais révélé que le palais royal de Skhirat, près de Rabat, pourrait être vendu. J'avais pour cela des documents prouvant les négociations qui allaient être entamées, en dehors du Maroc, avec de richissimes personnes venant d'un pays du Golfe. L'accusation était l'atteinte à la sacralité d'une résidence royale. Lors du procès, le procureur du roi, un jeune formé à Strasbourg, se lève de son siège et tire une grosse pierre qui était sous l'estrade. Il reprend sa place et la montre à l'assistance, en prenant un ton très sérieux et avec un arabe châtié, il dit : regardez cette pierre, si on la laisse comme ça, c'est une pierre, si on la met dans une mosquée ou dans une résidence royale, elle acquiert la sacralité. C'était en 2001, ce n'est pas de la préhistoire. A la fin de cette parodie de justice, j'ai été condamné à quatre mois de prison ferme et à la fermeture de mon journal.
Vous avez été en prison pour cela ?
Non, je n'avais pas fait de prison pour cette affaire bien que je m'y attendais un peu puisque je n'avais pas fait appel.
Pourquoi ?
J'avais des voies de recours que je n'avais pas utilisées, alors c'est le procureur lui-même qui avait fait appel. J'ai appris par la suite que le pouvoir ne voulait pas m'emprisonner mais juste me faire peur. Par la suite, il y a eu des menaces de mort, le fisc, la sécurité sociale, les écoutes téléphoniques… Bref, toute la panoplie.
Pourquoi avez-vous fait de la prison alors ?
Il y avait plusieurs procès, mais c'est un article qui m'a valu une accusation d'outrage au roi, d'atteinte à l'intégrité territoriale du Maroc et d'atteinte à la monarchie. La totale. En première instance, j'ai eu pour quatre ans et l'équivalent de 3000 euros d'amende ; et en appel, j'en ai eu pour trois ans. J'ai passé, en tout, sept mois et demi en prison. C'était une expérience très riche pour moi parce que j'avais découvert le miroir obscur de la société. Les prisonniers d'opinion sont normalement emprisonnés ensemble, mais pour moi, j'ai «bénéficié» d'une exception, j'étais avec les prisonniers de droit commun.
Vous aviez fait une grève de la faim qui a été très médiatisée, en Algérie et en Europe…
J'en ai fait deux, la première a duré 55 jours et la deuxième 32 jours. Je dois dire une vérité que j'ai constatée dans cette affaire : le soutien des journalistes algériens a été largement plus important que celui des journalistes marocains.
Après 7 mois et demi, vous avez bénéficié d'une grâce royale…
Je ne l'avais pas demandée. Ce sont les pressions des médias, de l'opinion publique régionale et internationale et l'intervention personnelle du Secrétaire d'Etat américain, Collin Powel, qui aurait menacé le Maroc de ne pas signer l'accord de libre-échange. J'avais appris cela dans un article du Financial Time.
Le gouvernement marocain refuse encore d'admettre le principe de l'autodétermination du peuple sahraoui…
L'autodétermination du peuple sahraoui est une position que Hassan II avait exprimée en 1981, à Nairobi. Cette position a été dénoncée, en son temps, par le premier secrétaire de l'USFP, Abderrahim Bouabid, que le roi a assigné, pour cette raison, en résidence surveillée, pendant un an au sud du Maroc. Ce n'est donc pas une approche nouvelle, ni une position imposée par une quelconque partie et encore moins l'Algérie ou James Baker.
Quelle analyse faites-vous des dernières sorties de Driss Basri ?
Driss Basri m'a dit, en aparté, après son éviction, que ce qui gênait le pouvoir marocain dans le plan Baker, c'est le retour des réfugiés. Ils seront, dit-il, d'une manière ou d'une autre, sous tutelle des Nations unies et, en cas de troubles, la police et l'armée ne peuvent sévir parce que la région focalisera les regards de toute la communauté internationale. Il y avait réellement des risques de «dérives» qui pouvaient précipiter des décisions contraires aux intérêts du Maroc appelé, en plus, à démilitariser la zone. Driss Basri est conscient que le Front Polisario est très bien structuré et très bien politisé. Sans répression, il fera ce qu'il voudra, une fois que sa direction pénètre les territoires. Sa revendication plaide pour lui ; il demande la terre de son peuple pour y édifier son Etat. Ce n'est pas une mince affaire.
Mais Driss Basri déclare avoir toujours soutenu le plan Baker…
Oui, parce que, en son temps, disait-il, c'était gérable ; mais plus maintenant. Il m'a dit que les jeux sont faits ; l'indépendance du Sahara est une question de temps ; elle est inévitable. Ce ne sont pas les Sahraouis de service qui vont changer la donne ; ils sont exploités, comme d'ailleurs les transfuges du Polisario, jusqu'à l'usure. Moi, je souhaite très sincèrement que le Sahara soit marocain mais c'est aux Sahraouis d'en décider.
Des projets ?
Oui, je termine deux livres et je lance, au Maroc, un nouvel hebdomadaire politico-satirique qui remplacera Demain. Je vais l'appeler Après-demain. Et par honnêteté intellectuelle, je vous dis que ce n'est pas mon idée mais celle de Plantu, le caricaturiste du quotidien français Le Monde. Il était venu me voir en prison et comme la visite lui a été refusée, alors il m'a laissé un de ses livres qu'il avait pris le soin de dédicacer, en me suggérant cette idée.


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