Les personnes concernées sont toujours maintenues dans les locaux de la compagnie de la Gendarmerie nationale de la ville de Djanet en attendant, croit-on savoir, la fin de la procédure d'instruction. La partie civile, selon Semmadi Mohamed El Aïd, sous-directeur de l'OPNT, a motivé sa plainte par le non-respect de la réglementation régissant l'accès au parc national du Tassili et le ramassage des pièces archéologiques protégées. Bien que les cinq ressortissants allemands ne soient pas encore inculpés, les premiers éléments de l'enquête, affirment nos sources, font état d'«un groupe spécialisé dans le trafic de pièces archéologiques et autres objets d'art». Pour étayer leurs affirmations, nos sources se basent sur deux éléments. Il s'agit, en premier lieu, des objets archéologiques récupérés auprès des «touristes» et l'identité de celui qui serait le chef du groupe, Heilmelier Ernest, fort connu des guides des agences de voyages locales. Ce dernier se serait rendu au moins cinq fois dans la région de Djanet. Selon plusieurs responsables d'agences de voyages, domiciliées à Djanet, le groupe était équipé de moyens sophistiqués et d'instruments rudimentaires qui devaient lui permettre d'arracher des pierres archéologiques rares et des gravures rupestres qu'il devait revendre dans le marché illicite de l'art. D'ailleurs, «c'est dans la logique d'un plan de pillage bien ficelé que les cinq Allemands se sont déplacés au parc du Tassili, un musée à ciel ouvert, avec leurs propres véhicules», a déclaré Ahmid Abdelkader, directeur de l'agence de voyages Tadrart. Selon ce dernier, au moins un élément de ce groupe connaît parfaitement les pistes et les secrets du désert. Les responsables concernés, que nous avons approchés, ont toutefois souligné à l'unanimité la nécessité de renforcer la vigilance pour mieux protéger le parc du Tassili, un site classé en 1982 patrimoine universel. Selon un archéologue rencontré au siège de l'Office du parc du Tassili, les pillages des objets d'art dans le monde entier sont souvent l'œuvre de collectionneurs ou de pirates faisant partie d'un vaste réseau de trafic de ces pièces rares. «Ces objets ne sont jolis que quand ils sont dans leur milieu naturel», résume Baba Bendahan, directeur de l'agence de voyages Tamrit, à l'évidence déçu par le comportement de certains étrangers qui se font passer pour des touristes.