disparus depuis mercredi dernier, les cinq touristes allemands ont été retrouvés avant-hier vers 23h, dans l'erg Admer, à 95 km au sud de Djanet. Selon des sources militaires, il a fallu quatre jours d'intenses recherches dans un périmètre désertique d'une superficie de plus de 80 000 km2 pour retrouver les cinq ressortissants allemands. Toutes les autorités civiles et militaires de la région de Djanet ont affirmé hier que « ces pseudo-touristes font partie d'un circuit de trafic illicite de vestiges historiques, notamment les pièces archéologiques d'une valeur inestimable ». D'ailleurs, selon l'avis d'un haut responsable militaire, corroboré par celui de Semmadi Mohamed El Aïd, sous-directeur de l'Office du parc national du Tassili (OPNT), une trentaine d'objets historiques et archéologiques ont été récupérés après avoir été subtilisés par ces pirates qui se faisaient passer pour des touristes. Il s'agit, entre autres, de gravures rupestres, meules, molettes et autre matériel de broyage. « Conformément à la réglementation régissant le parc du Tassili et les lois en vigueur en matière de protection du patrimoine archéologique, l'OPNT s'est constitué hier partie civile auprès du tribunal de Djanet », dira M. Semmadi. Les cinq ressortissants allemands, trois hommes et deux femmes, étaient, pendant toute la journée d'hier, « parqués » au niveau de la compagnie de la Gendarmerie nationale de Djanet. « Auditionnés par les éléments de la brigade spéciale chargée de la protection du patrimoine national du Tassili, ils seront poursuivis pour vol, pillage et ramassage de pièces archéologiques », affirmera une source militaire, en précisant qu'une enquête est d'ores et déjà enclenchée. Selon nos sources, ce groupe devrait avoir des ramifications dans les pays européens où il revend à prix fort ces objets archéologiques. L'un des éléments de ce groupe de pilleurs répondrait au nom de Earnest. Il serait né en Allemagne en 1951 et serait, affirment nos sources, propriétaire d'une agence de ramassage et de revente des pièces archéologiques. Il aurait visité au moins cinq fois la région de Djanet, et sa dernière visite remonte à l'année 2002. Le fait que ces Allemands se sont rendus sans guide ni protection dans la région fortement désertique et difficile d'accès a fait dire aux autorités chargées de mener l'enquête qu'ils sont des professionnels dans le ramassage des objets archéologiques de valeur. En tout état de cause, un climat de liesse régnait hier à Djanet après la « réapparition » des cinq ressortissants allemands. La population locale, les autorités, les touristes et surtout les propriétaires des 27 agences de voyages de Illizi se sont tous réjouis de cette nouvelle. « On a craint le remake de ce qui s'est passé au début de l'année en cours quand 32 touristes furent enlevés par les groupes terroristes, ce serait la mort pure et simple du tourisme dans notre région », dira Baba Bendehane de l'agence de voyages Tamrit. Pour sa part, Dahadj Abderrahmane, directeur du tourisme et de l'artisanat de la wilaya de Illizi, s'est félicité de ce qu'il appelle « le dénouement heureux de l'affaire des ressortissants allemands égarés ». Selon lui, bien que les potentialités touristiques de la région ne soient pas exploitées à 100%, l'avenir touristique de sa wilaya s'annonce radieux. « Des mesures ont été prises pour protéger aussi bien les touristes que le site lui-même (...). On ne peut pas être mordu deux fois », a-t-il souligné. Notre interlocuteur a expliqué qu'un contrat lie le touriste à l'agence de voyages de son choix et un autre contrat lie ces agences à l'Etat ; et pour que tout le monde trouve son compte, le lien ne doit pas être rompu. Pour rappel, les cinq ressortissants en question se sont introduits en territoire national, le 11 novembre dernier, à bord de deux véhicules de type 4x4. Après avoir pris attache avec l'agence de voyages Chenna domiciliée à Oued Souf, cette dernière a mis à leur disposition un guide touristique. Après deux nuits passées à In Amenas et Illizi, les cinq touristes et leurs compagnons se sont rendus à Djanet où ils ont passé deux autres nuits à l'hôtel Zeriba. Leur plan bien ficelé, les cinq « touristes » ont préféré fausser compagnie à leur guide qui a donné l'alerte à la Gendarmerie nationale. Les recherches menées depuis mercredi dernier dans un très vaste espace désertique ont permis de retrouver les cinq Allemands et de lever le voile sur une pratique illicite, à savoir le pillage d'un patrimoine universel.