Le professeur Madjid Benchikh a réagi à la contribution dans les pages Idées-débat (El Watan du 10 novembre 2004) de l'avocat Nasr Eddine Lezzar, intitulée «L'Algérie au banc des accusés» : 1- Le Comité justice pour l'Algérie, formé par des militants des droits de l'homme algériens aidés de militants étrangers, a saisi le tribunal permanent des peuples. Cette initiative a été appuyée par plusieurs ONG de défense des droits de l'homme, algériennes et internationales, et également par deux prix Nobel de la paix, M. Perez Esquivel et Mme Shirin Ebadi. La saisine de ce tribunal international d'opinion composé de personnalités indépendantes, de six nationalités différentes (magistrats de cours suprêmes, professeurs d'universités, etc.) demande très clairement que soient dénoncées et condamnées les violations massives perpétrées en Algérie par les services de sécurité ou leurs auxiliaires et par les différents groupes armés islamistes ou qui se réclament de l'Islam. Il est donc inexact d'affirmer que seul «l'Etat algérien était au banc des accusés». Ces violations étaient malheureusement une réalité dont a souffert et souffre encore le peuple algérien. Il n'y a donc là rien de fictif. 2- Le tribunal a demandé au gouvernement algérien via ses ambassades à Paris et à Rome de présenter sa défense par les moyens qu'il juge appropriés. Des représentants de l'ambassade algérienne à Rome étaient effectivement en contact avec le secrétaire général du tribunal. Ces contacts ont ensuite été abandonnés par la partie gouvernementale. Ce qui est regrettable, mais ne dépend pas du tribunal ou du comité demandeur. Le tribunal a cependant disposé d'ouvrages ou de documents qui indiquent très clairement les positions et les arguments des autorités algériennes. Les dirigeants ou anciens dirigeants des deux ligues algériennes de défense des droits de l'homme se sont exprimés devant le tribunal. Le Collectif des familles de disparus en Algérie et SOS Disparus étaient présents. L'organisation Somoud était invitée, et seul un empêchement de dernière minute ne lui a pas permis de venir. Elle a d'ailleurs fait parvenir un message au tribunal. 3- Le tribunal a condamné pour crime contre l'humanité, chacun en ce qui le concerne, tant les services de sécurité ou leurs auxiliaires que les différents groupes islamistes ou se réclamant de l'Islam, sur la base des violations massives constatées ou attestées par de nombreux rapports, notamment les ONG les plus connues. 4- Le tribunal a constaté que le droit à l'autodétermination conquis de haute lutte par le peuple algérien, après une lutte de libération prestigieuse, a été confisqué. Le tribunal a conclu que seuls l'abrogation des lois d'urgence et d'exception, l'application effective de la Constitution et donc le retrait des structures militaires de la vie politique peuvent permettre une véritable transition vers une Algérie démocratique. 5- Le tribunal demande une commission d'enquête internationale pour la vérité sous l'égide de l'ONU si les autorités algériennes ne sont pas à même de la constituer.