Je ne connais pas cette sociologue qui porte le nom de Wafa Soltan, c'est le premier écrit d'elle que j'ai sous les yeux et c'est une véritable horreur. Il me rappelle les écrits les plus virulents des propagandistes sionistes qui n'ont aucune aptitude à rougir de leurs monstruosités. Wafa Soltan excelle dans ce domaine, elle peut être positionnée en bonne place dans le palmarès des « brillants » propagandistes du fascisme sioniste. Peu de personnalités peuvent l'égaler, peut-être Bernard Henri Levy... Mme Wafa Soltan nous parle de la « vie-valeur », nouveau concept que je n'ai rencontré nulle part, elle est peut-être sa génitrice et je ne pense pas qu'il trouvera preneur dans les écrits des personnes soucieuses de protéger la vie. Le terme vie se suffit de lui-même et nous n'avons pas besoin de lui coller un autre indice de valeur pour le valoriser. Il est chargé de toutes les souffrances de l'histoire humaine et de tous ses combats pour le progrès et la modernité qui portent en eux cet humanisme qui nous rend proches et solidaires les uns les autres. Wafa Soltan excelle dans l'inventaire, mais dans une démarche, étroite et sélective... trop sélective pour être honnête. Elle verse délibérément dans le compte des pertes et profits les autres massacres aussi « célèbres » que ceux qu'elle a évoqués pour « donner de la teneur » à son écrit, ceux de Dir Yacine, Kafr Kacem, Sabra et Chatila, etc, et le dernier en date, celui de Ghaza. Elle en veut terriblement aux mouvements de protestation à travers le monde qui se sont élevés contre cette guerre criminelle, dont les auteurs sont légalement passibles du TPI. Wafa Soltane a la prétention, juste la prétention à mon sens, d'être lucide, objective, conséquente, équitable, brillante observatrice des faits et crimes commis contre l'humanité, très à l'écoute de la parole sage, surtout si elle vient d'Inde, allant jusqu'à déceler la différence entre un militaire jordanien tuant un Palestinien et ne respectant pas le mort, bourrant sa bouche de journaux, et un soldat israélien tuant lui-aussi un autre Palestinien, mais dans une attitude pleine de respect pour ce mort, jamais, il ne descendrait de son char pour lui bourrer la bouche de journaux... Prenant conseil auprès d'un sage, indou, après des explications demandées au sage philosophe, Wafa Soltan prône la solution historique, civilisatrice, celle qui nous débarrasserait des criminels en puissances : guérir le mal par le mal. Aux humains porteurs de mort, il faut appliquer la mort. Il faut juste définir la bonne stratégie et Wafa Soltane l'a trouvée. Elle est là : il faut faire en sorte que les musulmans chiites et les musulmans sunnites se fassent la guerre jusqu'à leur extermination totale, les uns par les autres ! L'humanité serait alors, et définitivement, débarrassée de ces criminels et pourrait vivre la « vie-valeur ». Pauvre Wafa Soltan, votre alignement sur les thèses sionistes de défense de l'Etat d'Israël fait de vous un agent propagandiste de la haine raciste et une caution pour les programmes d'extermination fasciste. Où est le sociologue, l'intellectuel, où est votre conscience humaine ? Wafa Soltan, prenant son courage à deux mains et faisant fi de tous les avis qui pourraient lui être hostiles, se lance dans un long développement pour nous persuader de dénoncer « une religion, une culture et une idéologie barbares » du fait que les musulmans constituent une nation rigide exempte de cerveau. Il faut les fuir (c'est le conseil qu'elle donne aux Israéliens), parce qu'ils sont contagieux et « tous ceux qui les fréquentent perdent la tête » ! Ouf ! Tout y est : l'amalgame, la haine, le racisme, l'antisémitisme... Bref l'horreur ! Peut-on humainement et sociologiquement tolérer – sous couvert de la liberté de pensée ou d'expression – des écrits aussi haineux et qui n'ont aucun respect pour les humains (qui ont leurs qualités et leurs défauts, capables de vivre des moments de bonheur et de souffrir ou faire souffrir par autres moments) pour le simple fait que l'islamisme terroriste (les mouvements djihadistes) représente effectivement une véritable horreur (nous l'avons vécue en Algérie et nous connaissons tous les contours de la question, ce sont presque toujours les gens qui focalisent l'opinion publique sur ces mouvements et usant de l'amalgame qui sont leurs précieux alliés (Sharon l'a démontré : pour torpiller les accords d'Oslo, il a usé de la provocation pour faire réagir justement cette catégorie de la population musulmane et la pousser dans des actions de violences qui ont par la suite légitimé sa superviolence, usant à la fois de la puissance de feu, de la sophistication des technologies et des soutiens de ses amis néoconservateurs américains). Nous connaissons le résultat : ils ont le vent en poupe et pas seulement eux, les autres extrémismes, et qui n'ont rien à envier à « nos criminels », c'est-à-dire les extrémistes juifs, ont eu aussi le vent en poupe, au point que leur discours est devenu porteur, offrant l'accès au pouvoir et à la direction de l'Etat. Il fait aujourd'hui l'unanimité dans la société israélienne au point où il a évacué de l'espace public l'autre mouvement porteur d'espérance et de paix, le mouvement « La paix maintenant ». Wafa Soltan, qui fuit la contagion, n'a pas du tout regardé du côté et de ce puissant mouvement contagieux qui a contaminé toute la société israélienne au point où on ne voit plus la différence en la « gauche » et « la droite » israélienne entre les différents partis politiques israéliens. Ils versent tous dans l'extrémisme et l'éradication de la société palestinienne. Elle est toujours sélective Wafa Soltan. Son comportement frise la complicité. Au regard de son écrit, je pense qu'elle n'est même pas capable de rougir de honte. L. M. Ce texte a été rédigé en réaction à l'article de Mme Wafa Soltan Ghaza ou l'hypocrisie inégalée, dont la traduction en français de Chawki Freïha a été publiée sur le site aafaq.org.