Les leaders islamistes vont carrément à la rencontre de leur formidable vivier électoral. Alors que les partis de la mouvance islamiste ont pris le bâton de pèlerin pour exprimer plus leurs déboires et leurs divisions que leur force et leur union, les démocrates, eux, qui n'ont encore remporté aucune bataille, ont préféré, ce week-end, s'accorder deux jours d'inactivité, une manière peut-être de savourer un repos du guerrier hypothétique. Il y a crainte que lesdits démocrates, qui n'ont pas encore jeté leurs forces dans le feu du combat, ne soient fatigués avant l'heure. En revanche, comme on l'a écrit plus haut, les leaders islamistes vont carrément à la rencontre de leur formidable vivier électoral. Que ce soit El-Islah de Abdallah Djaballah, le MSP d'Abou Djerra Soltani, voire même Wafa du docteur Taleb, ils sont allés battre la campagne et mobiliser leurs troupes. La première chose à retenir, c'est la guéguerre des mots qui oppose les deux frères ennemis, à savoir El-Islah et le MSP, autour des alliances ou des pseudo-alliances nouées autour des sénatoriales. Alors que Abdallah Djaballah, qui a officiellement annoncé sa candidature, dénonce la trahison de ses «amis» hamassistes à l'occasion de l'ouverture des assises inaugurales de son madjliss echoura, dans les trois wilayas que sont Skikda, Oran et Tébessa, M.Mokri du MSP rejette la balle en disant que c'est plutôt El-Islah qui n'a pas honoré ses engagements à Blida (fief de cheikh Nahnah), Sétif et Aïn Defla. Si ces deux formations politiques n'arrivent pas à unir leurs voix pour des élections somme toute mineures, comme celle des sénatoriales, comment pourraient-elles le faire à l'occasion d'un scrutin stratégique comme celui de la présidentielle? Là est toute la question. De fait, et alors que Djaballah s'est officiellement aligné sur la ligne de départ de la présidentielle, le MSP fait durer le suspense. La logique aurait voulu soit qu'il présente son propre candidat (en l'occurrence ce serait M.Abou Djerra Soltani), soit qu'il soutienne la candidature du président de la République, le MSP faisant partie de la coalition gouvernementale. Mais des rumeurs font courir le bruit d'un soutien du MSP au docteur Taleb. Après l'effacement des partis du pôle démocratique, qui restent sur la touche pour l'instant, les regards se tournent bien sûr vers des partis dominants comme le FLN ou le RND. Bon, pour ce dernier, les choses sont désormais claires. Non seulement M.Ahmed Ouyahia fait semblant de se désintéresser de la présidentielle en se consacrant totalement à l'Exécutif où il vient de réussir un doublé en éteignant deux brasiers: mettre fin à la grève des enseignants du secondaire et enclencher un dialogue avec les archs, mais en plus on sait que le RND soutient M.Bouteflika. Quant au FLN, on sait ce qu'il en est. La décision de justice qui vient de geler ses activités a défrayé la chronique en cette fin d'année et donc ses leaders, notamment M.Ali Benflis, sont en train de se remettre de leurs émotions. C'est sur ces entrefaites que le docteur Taleb apparaît comme l'homme clef de la situation, puisque le front envisagé pour réclamer la régularité des élections se fera autour de personnalités pivots comme lui, ainsi que MM.Ali Benflis, Benbitour, le général Benyellès, Ali Yahia Abdenour... D'une certaine manière, on s'achemine certainement vers le dépassement des clivages traditionnels qui opposent islamistes et démocrates, le but étant de garantir la transparence des urnes.