Fermé depuis si longtemps au public qu'on ne se souvient plus depuis quand, le Jardin d'Essais d'Alger sert au moins à alimenter les imaginaires littéraires. C'est toute la force de la littérature que de pouvoir enjamber les grilles les plus infranchissables, au-delà des interdits, du temps et des mémoires. Sofiane Hadjadj ne s'en est pas privé en offrant à lire « Un si parfait jardin » qui est aussi un si étonnant livre, étonnant d'abord par le mélange entre une écriture et des photographies, ainsi que le veut la collection Collatéral des Editions Le Bec en l'air où il est paru (2008). Etonnant aussi, sinon amusant, par le parcours des auteurs, Sofiane Hadjadj et Michel Denancé, tous deux architectes dévoyés en quelque sorte, respectivement dans l'édition et la photo… d'architecture. Mais étonnant surtout par son écriture, au point qu'il aurait pu avoir pour sous-titre : « Où il est prouvé qu'un éditeur peut être un très bon auteur ». Car il en va en la matière un peu comme dans le football où les grands joueurs font rarement de bons entraîneurs. Ces particularités signalées, il reste de ce petit roman illustré ce qui importe le plus : un récit original, une écriture élégante et un univers où l'imaginaire sait dire le réel. Un paysagiste, Naghem L., commandité pour évaluer les dégâts du séisme de 2003 sur le fameux Jardin d'Essais, nous entraine dans une étrange intrigue où passent en revue les mythes du lieu mais également le destin d'une ville. Avec ce livre, dont nous reparlerons, s'affirme un auteur racé tout autant qu'une nouvelle manière de dire l'Algérie. Espace Noun. 9, rue du Colonel Chabani (ex Rabah Noël) Alger. Aujourd'hui à partir de 15 h.