Editeur, mais désormais écrivain, il arrive à grandes enjambées par où on ne l'attend pas au monde fabuleux de l'écriture. Confiant et décontracté, Sofiane Hadjadj, éditeur et fondateur des éditions Barzakh, mais désormais écrivain, a présenté jeudi dernier son essai Un si parfait jardin dans la librairie-galerie Espace noun. Il était déjà arrivé bien avant les autres, connaît parfaitement le coin et était souvent ponctuel lorsqu'il s'agissait d'éditer Boudjedra, Chawki Amari et les autres. Il est aussi ponctuel lorsqu'il est question de démystifier son si parfait jardin, édité chez le français Le Bec en l'air. L'idée était géniale d'associer un texte à des photographies de Michel Denancé, architecte et photographe. Originale surtout. L'idée a fait ainsi son petit chemin dans l'imaginaire de l'auteur qui faisait jouer des rôles à des personnages imaginés, collés à une réalité omniprésente ; le Jardin d'essais d'El Hamma. Une sonorité linguistique si mélodieuse mélangeait magnifiquement des dualités si expressives. Coexistence de deux extrémités ; réalité et fiction dans un texte en dualité avec l'image. Il y eut ensuite une dualité entre deux faits historiques : colonisation et volonté de construire un jardin qui n'est autre, pour Sofiane Hadjadj, qu'une détermination de « s'enraciner davantage dans le corps violé de l'Algérie ». Cela étant, la finalité politique d'un fait historique. La mise en scène des personnages est sublime. Sofiane Hadjadj les faisait danser au rythme d'un texte imaginaire artistiquement réussi. Jeudi, à la librairie-galerie Espace Noun, l'auteur récitait poétiquement les quelques séquences marquantes de son histoire. On l'écoutait tel un enfant noyé dans les mille et un fantasmes que suscitait la lecture d'un beau conte. Naghem L., un jeune paysagiste, vient tirer le rideau de ce conte si fabuleux que racontait Sofiane Hadjadj. Ce personnage revient après une longue absence dans un Alger qu'il connaissait pendant son enfance, mais qui n'a plus de repères pour se retrouver. au départ, sa mission était d'évaluer les dégâts provoqués par le séisme de Boumerdès au Jardin d'essais. Ensuite, le personnage se retrouve otage d'une autre mission. Il tire le couvercle et découvre dans Un si parfait jardin une affaire de trafic tirée par les cheveux, organisée par son premier responsable. C'est un roman témoin qui revient dans un paysage littéraire algérien, marqué, jusqu'ici, par la prédominance du personnage-clé, au détriment de l'espace. La finalité de Sofiane Hadjadj consiste à récupérer un fait historique. Le moyen consistait à donner une vie à des clichés de Michel Denancé ou bien de mélanger majestueusememt le beau artistique de l'image et le texte, témoin d'une vérité si amère que subissait au fil des temps Un si parfait jardin. L'auteur Sofiane Hadjadj met le doigt sur des dualités qui font de son texte imaginaire un mélange parfait de fiction et de réalité, de mélancolie et de bonheur… Sans oublier bien sûr le jeu des personnages choisis.