C'est de cette hypothèse que six médecins américains sont partis. Les docteurs Scarmeas, Stern, Mayeux, Manly, Schupf et Luchsinger, associés avec le Centre Gertrude H. Sergievsky, l'Institut Taub de recherche de la maladie d'Alzheimer et du cerveau vieillissant et le Centre médical de l'université de Columbia à New York City ont publié, le 10 février dernier, les résultats de leurs recherches dans Archives of Neurology (www. archneurol. com). New York : De notre correspondante Les résultats de cette étude démontrent que le régime alimentaire méditerranéen est, à la fois lié à une baisse du risque des troubles cognitifs, mais aussi à une baisse du risque de développement de la maladie d'Alzheimer chez les patients atteints de troubles cognitifs. L'étude caractérise le régime alimentaire méditerranéen primo comme un régime riche en poisson, légumes frais, légumes secs, fruits, céréales, acides gras non saturés (comme l'huile d'olive), secundo pauvre en produits laitiers, viande, acides gras saturés, tertio marqué par une consommation régulière mais modérée d'alcool. Pendant quatre ans et demi, les médecins ont suivi 1393 sujets sans déficits cognitifs. Parmi eux, 275 ont développé des troubles de déficits cognitifs légers. Le concept de déficit cognitif léger représente la phase intermédiaire entre les changements cognitifs liés à l'âge et ceux liés à des pathologies dégénératives, comme la maladie d'Alzheimer. Les sujets qui suivaient un régime alimentaire méditerranéen modéré avaient 17% moins de chance de développer des troubles cognitifs, contre 28% dans le cas des sujets sous régime alimentaire méditerranéen régulier. Sur la même durée, 482 sujets (sur 1393) avaient déjà des troubles cognitifs légers et parmi ces 482 personnes, 106 ont développé la maladie d'Alzheimer. Ceux qui suivaient un régime alimentaire méditerranéen modéré avaient 45% moins de chance de développer la maladie d'Alzheimer ; ce taux s'élevait à 48% dans le cas de ceux qui suivaient régulièrement un régime alimentaire méditerranéen. Les chercheurs notent, aussi, que les effets positifs du régime alimentaire méditerranéen sur l'évolution des troubles cognitifs en maladie d'Alzheimer étaient plus accentués chez les sujets qui avaient des troubles cognitifs légers sans troubles de la mémoire. L'un des points incertains de l'étude reste la durée pendant laquelle les personnes suivies ont adopté le régime alimentaire méditerranéen. Cela dit, les chercheurs ont établi, dans le cadre de recherches antérieures, que l'adhérence au régime alimentaire méditerranéen est généralement stable. C'est pourquoi cette incertitude, selon les chercheurs, ne devrait pas remettre en cause les résultats de l'étude. Reconnaissant les effets positifs d'une bonne hygiène de vie sur les troubles cognitifs, les chercheurs ont pris en compte la comorbidité (présence de troubles médicaux autres qui pourraient expliquer les troubles cognitifs) dans leur analyse. Ils ont établi que l'index de comorbidité chez les sujets sans déficit cognitif était le même que chez les sujets qui ont développé des troubles cognitifs. Les chercheurs sont donc confiants non seulement dans la méthodologie adoptée, mais également dans les résultats obtenus. Malgré cela, ils recommandent une analyse plus approfondie des mécanismes biologiques sous-jacents. L'exploration de ces mécanismes pourrait permettre, selon eux, « une vision plus complète et plus convaincante du rôle d'un régime alimentaire sain sur le risque de déficit cognitif et la maladie d'Alzheimer ».