Le phénomène des antennes paraboliques a commencé au milieu des années 1980 pour ne plus jamais s'arrêter. Pas un immeuble d'Alger n'en est épargné. Aux paraboles collectives ont succédé des foules d'assiettes qui hérissent les façades trop encombrées des immeubles d'un pays qui est l'un des plus « parabolés » de la Méditerranée. Des paraboles de toutes les formes et dans toutes les directions. Même les bidonvilles en sont équipés, mais pas seulement. Sur les façades de l'ex-CPVA, siège aussi de l'APN, l'on peut remarquer des paraboles discrètes en haut de la façade de cet immeuble imposant de la rue Asselah Hocine. « Des institutions mettent des paraboles sans que cela gêne les locataires du siège de la wilaya. Cela aurait dû les inspirer à donner l'exemple. Les services ne s'y conforment pas. Si la loi est adoptée, elle connaîtra le même sort que la réglementation qui interdit aux Algérois d'installer des citernes sur les balcons ou sur les terrasses ; personne ne s'y est conformé », relève Akli, un habitué de la rampe Ben Boulaïd qui fait face aux immeubles de l'administration du boulevard Zighout Youcef. La résolution prise d'interdire les paraboles est ancienne mais jamais aucun responsable n'a pu « déparaboliser » le pays. Retour sur un vœu. Lors d'une visite de travail dans la wilaya de Jijel, Boudjemaâ Haïchour, ancien ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication a révélé que son département comptait « éradiquer » les paraboles qui hérissent les immeubles et en avachissent l'aspect. Le projet fut repris par son successeur avec plus de tonus encore. Hamid Bessalah a affirmé que les assiettes, 20 millions actuellement, ne seront plus tolérées. « Les paraboles individuelles de réception des télévisions par satellite seront interdites », a-t-il dit, sans trop indiquer comment il allait s'y prendre. Ce qui intrigue quelques spécialistes, comme les rédacteurs du site dztv.net, c'est le fait de confier cette mission au ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication qui est loin d'avoir pour mission de préserver « le cachet architectural » des barres d'immeubles construits depuis des années. Les rédacteurs du site affirment que la présence d'un grand nombre de paraboles n'est pas esthétique et il est souhaitable que leur installation soit régulée avec la mise en place d'un « droit à l'antenne », comme c'est le cas ailleurs. L'interdiction éventuelle des paraboles devra s'assortir d'un « droit à la libre réception » des programmes de télévisions extérieures TNT, présentée comme une alternative qui n'offrira aux Algériens, au plus, que quelques dizaines de chaînes sélectionnées, alors que le satellite leur en offre des centaines. Ainsi, « sous couvert d'une attention respectable à nos façades, il faudra éviter l'écueil d'une restriction des programmes accessibles aux Algériens », affirme-t-on à raison. Amoureux de la parabole, dont il a su user avec bonheur, l'humoriste Fellag qui pu aller dans les fonds d'une société, a pris l'exemple des paraboles pour expliquer la recherche effrénée de l'Algérien entre une modernité mal assumée et une tradition presque jamais respectée. Dans son « one man show » à deux voix, Tous les Algériens sont des mécaniciens, Fellag fait voir la vie de Salim et Shéhérazade qui fabriquent des paraboles avec des couscoussiers pour « accéder à la technologie ». Cette situation, l'Algérien ne la rencontre plus. Fellag, qui a besoin de revenir sur ses pas, doit savoir que cela ne se fait plus mais que le phénomène des antennes installées partout a pris de l'ampleur depuis l'entrée en scène des téléprédicateurs.