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Le baril à 75-80 dollars en 2005 si…
Publié dans El Watan le 09 - 03 - 2005

Le Wall Street Journal Europe (WSJE) et le Financial Times citent à ce propos des experts qui anticipent un prix de 60 dollars le baril lors de l'année en cours. «Certains analystes commencent déjà à parler de la possibilité de superhikes, qui verraient le prix du baril grimper à 75-80 dollars, dans le cas d'une perturbation du marché, à moins que la forte demande de brut en Asie et aux Etats-Unis ne commence à baisser», écrit le WSJE.
Les analystes rappellent que, jeudi dernier, le président en exercice de l'OPEP, Adnan Chihab Eddine, a admis, dans des déclarations à la presse, la possibilité d'une telle hausse si les approvisionnements s'épuisent très vite, laissant entendre que l'organisation pétrolière n'a pas les moyens nécessaires pour faire baisser les prix.
Le prix du brut a dépassé la barre des 55 dollars le baril sur le New York Mercantile Exchange jeudi dernier, alors que sur l'International Petroleum Exchange de Londres, il avait atteint un record de 53 dollars. Le Financial Times note que «les hausses des prix du pétrole n'ont eu jusqu'à présent qu'un impact limité sur la croissance économique mondiale. Alors qu'une énergie plus chère a ralenti de manière significative la croissance économique en Allemagne et au Japon, des prix plus élevés du brut n'ont pas été assez forts pour remettre en cause le redressement économique aux Etats-Unis, en Chine et dans d'autres régions où la croissante a été forte». «Dans un monde qui donne des signes que des prix énergétiques plus élevés peuvent être amortis, des preuves qui donnent à penser que les pays producteurs et les principaux pays consommateurs tentent de faire face à cette hausse des prix sont rares», commente le WSJE. «La hausse des prix de pétrole ne fait pas peur», estime à ce propos un analyste de Alaron Trading Corp, à Chicago, cité par le WSJE. Il ajoute que «le président de la Banque fédérale américaine, Alan Greenspan, n'a même pas évoqué le sujet des prix du brut lors d'une audition à la commission du budget du Sénat mercredi passé».
De son côté, le secrétaire américain à l'Energie, Samuel Bodman, a indiqué jeudi devant une commission du Sénat que «la capacité de n'importe quel membre de ce gouvernement d'influencer un ou des membres de l'OPEP est limitée». Il a aussi laissé entendre qu'il avait d'autres priorités. «J'ai d'autres chats à fouetter», a-t-il déclaré aux membres de la commission. La hausse récente des prix de l'or noir a été déclenchée par la fermeture des usines de raffinage aux Etats-Unis mercredi dernier et l'impression sans cesse croissante au sein des investisseurs que l'OPEP n'est pas sur le point de procéder à une augmentation de sa production, estiment les analystes. «Les stocks de pétrole brut aux Etats-Unis ont enregistré une autre augmentation cette semaine, laissant entendre que l'OPEP, lors de sa prochaine réunion, ne verrait pas la nécessité d'augmenter les approvisionnements», écrit le WSJE.
Pour le Financial Times, l'envolée des prix du brut peut aussi s'expliquer par le fait que «pour la première fois dans l'histoire, le ministre saoudien du Pétrole, Ali Naïmi, a révélé une prévision pour le prix du brut en déclarant la semaine dernière que celui-ci resterait dans la fourchette des 40-50 dollars le baril». «L'OPEP a clairement indiqué que ses décisions sur les approvisionnements sont largement basées sur les assurances que les niveaux d'inventaire des stocks dans les grands pays consommateurs n'augmentent pas», indique le WSJE. Dans leurs analyses de la demande et de l'offre, les analystes, cités par les deux journaux, affirment que la capacité d'intervention de l'OPEP est très limitée.
«Cette vulnérabilité dans la chaîne globale des approvisionnements est devenue apparente l'année dernière, quand l'OPEP produisait au maximum de ses capacités pour répondre à la demande. Avec la demande qui a continué à augmenter cette année, les analystes s'attendent à ce que l'OPEP soit de nouveau mise à rude épreuve au printemps, quand les automobilistes américains reprendront la route, utilisant ainsi de grandes quantité d'essence, et quand les usines de raffinage essaieront de répondre à une demande d'essence, de diesel et d'autres carburants», écrit le WSJE.
«Je ne serais pas surprise du tout si les prix atteignent 60 dollars le baril lors du troisième trimestre ou au cours des prochaines semaines, avant la réunion de l'OPEP», déclare Deborah White, une analyste à la Société Générale à Paris, citée par le WSJE. Elle estime que le coup pourrait être très dur pour les consommateurs si les approvisionnements sont sérieusement perturbés, avec, selon elle, un manque de quelque deux millions de barils/jour, ou l'équivalent de ce que produit l'Irak actuellement, ou si 500 000 barils/jour de raffinage sont perdus. «Dans une telle situation, seul le ciel peut constituer une limite pour la hausse des prix. Cela veut dire des pics jusqu'à 75-80 dollars le baril», estime-t-elle. Le monde consomme actuellement plus de 84 millions de barils/jour.
La croissance de la demande générale et les hausses saisonnières devraient atteindre les 88 millions de barils/jour au cours du quatrième trimestre. L'OPEP produit actuellement 29 millions de barils/jour, soit près d'un tiers des approvisionnements mondiaux, selon les analystes. «Même si plus de pétrole était disponible, cela ne mettra pas fin aux contraintes que connaissent les usines de raffinage dans leurs capacités de transformer le brut en essence et d'autres produits utilisés par les consommateurs», estime le WSJE. Il ajoute que les augmentations des capacités de raffinage n'ont pas été à la hauteur de la forte augmentation de la demande mondiale de produits pétroliers. «Dans une industrie aussi volatile que celle du pétrole, les perturbations sont monnaie courante. Les analystes indiquent que la soupape de sécurité en matière de capacité de production et de raffinage supplémentaire est très limitée», conclut-il.


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