Jamais l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) n'a été dans une position aussi forte sur les marchés internationaux du brut, estiment les analystes à Londres, à la veille de la réunion du cartel pétrolier à Ispahan, en Iran. The Economist écrit dans sa dernière livraison que l'Opep « a formellement suspendu le niveau maximum du prix de l'or noir (calculé sur la base d'une moyenne des prix d'un panier de bruts) dans la fourchette de 22-28 dollars le baril en janvier dernier ». « Le fait que l'Opep a procédé à une réduction de la production quand cette moyenne est descendue au-dessous des 34 dollars le baril en décembre dernier laisse entendre que la fourchette a été revue à la hausse, soit un niveau de quelque 40 dollars le baril pour le West Texas Intermediate » sur le marché new yorkais, commente The Economist. La « bible des milieux financiers » cite à ce sujet Simon Haley, un consultant de la firme londonienne Capital Economics, qui affirme que deux raisons majeures expliquent cette revue vers la hausse de la fourchette des prix du pétrole de l'Opep. « La baisse du dollar a érodé la valeur des revenus de l'Opep ; et même si les prix du brut ont été multipliés par deux en termes de dollars depuis avril 2002, ils n'ont gagné que 30% en termes d'euros. Si le dollar continue de chuter, cela renforcera le désir de l'Opep de garder les prix du pétrole en dollars à un niveau élevé ». « La deuxième raison, selon Simon Haley, qui explique la nouvelle fourchette des prix de l'OPEP, est que la crainte que des prix élevés du brut ne ralentisse la croissance économique mondiale, et par conséquent la demande pétrolière mondiale, n'est plus de mise ». « En dépit des prix élevés, le taux de la croissance économique mondiale a augmenté à son rythme le plus rapide au cours du dernier quart de siècle », note Simon Haley. Le Financial Times souligne à ce sujet que ces données mettent en exergue le fait que « les prix du brut ont été tirés vers la hausse en grande partie par une augmentation de la demande mondiale, particulièrement en Chine et aux Etats-Unis, plutôt que par une baisse drastique des approvisionnements ». Dans son éditorial d'hier, le Financial Times estime que l'« influence de l'Opep à l'avenir dépendra de la possibilité de construire une capacité de production supplémentaire » pour répondre aux besoins sans cesse croissants de l'économie mondiale. Même si la balle est dans le camp de l'opep, rien n'indique qu'une décision d'augmenter la production de l'ordre de 500 000 barils/jour, comme le souhaite l'Arabie Saoudite, aura un effet quelconque sur les prix du pétrole. Ces derniers, en dépit de l'annonce faite par le ministre saoudien du Pétrole, M.Naïmi, se sont encore envolés vers de nouvelles cimes hier, dépassant la barre des 55 dollars, avec 55,22 dollars le baril à New York, approchant ainsi le record de 55,67 dollars atteint en octobre dernier. A Londres, le prix du brent a gagné 23 cents, atteignant les 53,89 dollars le baril, pas très loin du record de 54,30 dollars établi la semaine dernière. « Le marché n'a pas réagi à la proposition saoudienne d'augmenter la production de l'Opep de 500 000 barils/ jour », a indiqué Frédéric Lasser, un analyste de la Société générale.