Trois «mères courage», Houria Zennoune, la mère d'Amel Zennoune assassinée en 1997 par des terroristes ; Ourida Yezza, mère d'un militant du mouvement citoyen de T'kout qui a été torturé, et Atika Benchicou, mère de Mohamed Benchicou, le directeur du journal Le Matin, emprisonné depuis le mois d'août 2004, ont été honorées à cette occasion. D'emblée, le collectif du MDS s'est dit contre les amendements du code de la famille adoptés par le Conseil des ministres. «Nous avons toujours demandé l'abrogation du code de la famille. Notre position est claire à ce propos. Ce n'est pas avec ces petites miettes qu'on vient nous dire qu'il y a une avancée en matière d'égalité», dira Aouicha Bakhti, membre du collectif. Et à Yasmina Chaibddra d'enchaîner : «Cette position radicale ne nous empêche pas d'engager une réflexion et des actions, puisque l'ordonnance en question va s'imposer aux femmes.» Yasmina revient sur le maintien du tuteur qui, selon elle, ne devrait être soumis que pour une femme mineure ou une personne souffrant d'incapacité mentale. «La contradiction est flagrante dans cette disposition qui lui impose à la fois un tuteur et lui donne libre choix», a-t-elle relevé, avant de signaler que d'autres dispositions restent encore discriminatoires. Des intervenantes de différentes associations et militantes sont longuement revenues sur ces dispositions et le discours du président de la République prononcé à l'occasion du 8 mars. «Si l'Algérie est aujourd'hui debout et que toutes ses institutions sont en état, c'est grâce à ces femmes algériennes qui ont dit non au colonialisme et par la suite au terrorisme et elles ne se comptent pas sur les doigts de la main», ont-elles répliqué. «Nous sommes appelées à nous mobiliser pour mener des actions communes pour demander encore une fois l'abrogation du code de la famille», a déclaré Aouicha. La rencontre a été sanctionnée par une déclaration par laquelle elles rejettent dans le fond et dans la forme l'ordonnance portant amendements du code de la famille qui ne «reflète ni l'évolution de la société ni les luttes des femmes». «Nous réaffirmons notre revendication d'abrogation du code de la famille et la mise en place de lois civiles et égalitaires en conformité avec les lois de la République et les conventions internationales ratifiées par l'Algérie, notamment la convention portant élimination de toute discrimination à l'égard des femmes.» Les signataires de la déclaration – le collectif femmes MDS, l'Association science et progrès (université de Bouzaréah), le collectif étudiants MDS, RAFD, l'association Tharwa n'Fadhma n'Soumeur, l'association Djazaïrouna, l'association indépendante pour le Triomphe des droits des femmes, le collectif «Code de la famille 20 ans barakat», Mme Houria Zouani Zennoune et sa famille ainsi que Mme Zinou Keltoum – déplorent l'exclusion des militantes et des militants du combat des femmes de la concertation et du débat et l'installation «arbitraire» d'une commission qui a «reproduit l'esprit du texte de 1984».