Après sa rencontre avec ses homologues de l'Union européenne (UE), le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyan Zebary, a effectué, mardi dernier, une visite de travail au siège de l'OTAN à Buxelles. Après s'être entretenu avec le secrétaire général de l'Alliance, Jaap De Hoop Scheffer, il a eu un échange de vues avec les membres du conseil de l'OTAN. Deux semaines après la remise du pouvoir aux Irakiens, les membres du gouvernement de transition en Irak s'activent à remettre sur pied les principales institutions, dont les forces de sécurité (armée, police...) sont la priorité absolue. C'était le but de la visite de M. Zebary à Bruxelles. Reconstruire les casernes détruites lors de la guerre, équiper, entretenir des troupes et les former pour sécuriser le pays et surtout contrer une guérilla bien équipée, c'est une tâche ardue. L'on se souvient que la dissolution de l'armée irakienne sur ordre de Paul Bremer, après la prise de Baghdad, a soulevé des désaccords chez l'opposition irakienne, alors en phase avec la CIA et le Pentagone. La disparition de l'armée irakienne a impliqué l'occupation prolongée du pays par les forces alliées et, bien sûr, leur enlisement face à la guérilla issue, justement, de cette armée dissolue. Devant l'UE, le ministre irakien des Affaires étrangères a plaidé, à Bruxelles, le financement pour la reconstruction de son pays, et a cherché chez l'OTAN la forme la plus appropriée pour assurer la formation des forces armées de son pays. Trois milliards de dollars ont été dégagés, dans un premier temps, pour structurer l'armée. C'est peu au regard des besoins énormes de l'Irak en matière de sécurité. Par ailleurs, les USA et la Grande-Bretagne, qui disposent du plus grand nombre d'effectifs militaires en Irak, commencent à sentir le poids et le coût de l'occupation. Sous la pression et les critiques de leurs opinions publiques et des partis d'opposition quant au prix élevé de la guerre, George Bush et Tony Blair multiplient les initiatives diplomatiques pour « internationaliser » la reconstruction de l'Irak mais sans trop de concessions en termes de marchés. Ils veulent être les seuls maîtres d'œuvre en Irak avec les finances de la communauté internationale, notamment l'UE. Un différend qui oppose aujourd'hui les USA et la Grande-Bretagne au reste de l'UE. C'est sans doute pour cela que le ministre des Affaires étrangères irakien a été vague et évasif, lors de la brève conférence de presse qu'il a donnée à l'issue de sa visite, hier, à l'OTAN.