De par sa formation océanographique, spécialiste dans le domaine de l'évaluation des ressources halieutiques et ayant bénéficié d'une grande expérience sur les bateaux de recherche dans le cadre de projets euro-méditerranéens, Khaled Fliti, depuis son installation à la tête de cette structure, œuvre pour l'organisation de la profession et la mise à niveau du collectif marin. L'organisation de la Chambre et la mise à niveau du collectif marin constituent-elles pour vous une priorité ? La Chambre, en qualité d'EPIC et mise en place en 2003 par le MPRH, constitue un cadre approprié de concertation, au sein duquel les différents métiers ayant trait à la pêche et l'aquaculture sont organisés, et est à même de réfléchir sur l'ensemble des questions les concernant pour dégager des solutions adaptées à la réalité du terrain. La pêche étant pour la région de Ghazaouet le plus grand employeur, plusieurs actions ont été engagées ces cinq dernières années par notre Chambre. Les principales actions ont porté essentiellement sur la conclusion d'un certain nombre de conventions avec les organismes d'assurances, la direction de la PME/PMI , la formation professionnelle spécialisée ainsi que les différents dispositifs d'aide, tels que l'ANGEM, la CNAC. Concernant la mise à niveau, après avoir identifié les besoins en matière de personnel qualifié, nous avons organisé plusieurs sessions de formation qui ont abouti à la sortie de 500 marins brevetés, 100 capacitaires, 50 patrons côtiers et 57 électromécaniciens. Ce programme de formation est organisé de manière simultanée à Honaïne, Ghazaouet et Marsa Ben M'hidi. Cependant, en dépit de ces efforts considérables, le prix du poisson ne cesse d'augmenter. Comment expliquez-vous cela ? Je voudrais d'abord apporter une petite indication concernant la production halieutique. Il faut savoir que, dans les années 60, la production nationale ne dépassait guère les 27 000 tonnes ; dans les années 80, elle était de l'ordre de 34 000 tonnes. En 2007, le port de Ghazaouet seul a enregistré une production de 17 000 tonnes. Si, dans le passé, le faible niveau de production n'avait pas de conséquence notable sur le marché des produits de la mer, compte tenu de son étroitesse, l'évolution des revenus, l'urbanisation (diversification des us culinaires, le développement du parc routier frigorifique, élargissement du réseau de distribution) ont entraîné une demande beaucoup plus forte que celle de la production. Aussi, les fluctuations observées par moment, dans le temps et l'espace, seraient imputables à des facteurs environnementaux, comme cela a été démontré au mois de février 2008 par les experts de la CGPM/FAO (Commission générale des pêches pour la Méditerranée), qui ont eu un effet sur le recrutement (la production). De toutes les manières, le développement futur de la pêche devra se faire de manière concomitante avec le développement de l'aquaculture. Et qu'en est-il du projet du port de pêche ? Compte tenu de la richesse environnementale de la wilaya de Tlemcen, en termes de ressources halieutiques, du fait de la largeur de son plateau continental et de son savoir-faire avéré, une nouvelle infrastructure s'impose pour répondre aux besoins grandissants en termes de services portuaires. La réalisation d'un nouveau port contribuera certainement à créer des emplois et à dynamiser les activités de pêche tout en offrant un lieu de mouillage aux unités de pêche.