Fumer tue », tout le monde est censé le savoir, mais on continue à sous-estimer le danger qui guette la santé du fumeur. D'aucuns savent que fumer peut engendrer un cancer du poumon mais ignorent généralement les risques d'infarctus, d'attaques cardiaques ou encore d'accidents cardio-vasculaires cérébraux. Pourtant la cigarette serait responsable d'un quart des décès liés aux maladies cardio-vasculaires. La mortalité liée au tabac est estimée à 15 000 décès par en Algérie, soit environ 7000 par infarctus du myocarde, 4000 par cancer de la trachée, 2000 par insuffisance respiratoire. Le nombre de fumeurs a atteint, dans notre pays, le chiffre de 285 000 en l'an 2000, soit un taux de 1,2 kg par habitant et par an. La moyenne d'âge d'un fumeur débutant est de 15 ans. 16% des fumeurs sont âgés entre 17 et 70 ans. Les spécialistes s'inquiètent de l'évolution de la situation du tabagisme en Algérie. Ils sont unanimes à dire qu'au moment où ce fléau est en nette régression dans les pays développés, il est en forte progression dans les pays du Tiers Monde. La consommation annuelle du tabac est estimée chez nous à 25 000 t. Cette consommation a triplé au cours des dernières décennies, passant de 7,7% en 1978 à 20,6% en 1998. C'est ainsi que la courbe des cancers pulmonaires a atteint durant ces années sa vitesse de croisière. L'incidence de ces cancers suit la courbe de recrudescence du tabagisme, signalent les spécialistes. Selon les estimations des trois registres du cancer Sétif, Alger et Oran, les cancers du poumon occupent la première place chez l'homme avec des taux qui varient entre 23 et 28 pour 100 000 habitants. Selon le rapport annuel sur la santé des Algériennes et des Algériens de 2003, le taux d'incidence est de 25, 8/100 000 habitants chez le sexe masculin et de 2,5/100 000 habitants pour le sexe féminin pour la période 1991/1997. Les cancers bronchiques sont neuf fois plus fréquents chez l'homme que chez la femme. 30% des cas ont moins de 50 ans. Cette variation importante au sexe est, selon le rapport, en rapport direct avec la consommation tabagique insignifiante dans la population féminine. L'enquête menée en 2002 sur le tabagisme a montré que sur 29 982 personnes âgées de 10 ans et plus interrogées, 42% étaient des hommes fumeurs ou d'anciens fumeurs, lorsque seules 2% des fumeuses. Des enquêtes ont montré, en effet, que le tabagisme est responsable de près de 80% des bronchopneumonies chroniques, et il a un rôle majeur dans l'arthériopathie des membres inférieurs. Il est responsable d'une augmentation de la pression artérielle, d'une détérioration des artères et d'une accélération du rythme cardiaque. Agissant sur ces trois tableaux, il est un facteur de risque important provoquant l'infarctus, l'accident vasculaire cérébral et l'athérosclérose. Le tabac est ainsi tenu pour responsable de 24 % des décès dans ce domaine. C'est donc un facteur particulièrement aggravant pour les personnes souffrant d'hypertension artérielle.Après 25 ans de suivi dans 7 pays, 57,7 % des fumeurs de plus de 30 cigarettes par jour sont morts de maladies cardio-vasculaires, contre seulement 36,3 % des non-fumeurs. L'American Heart Association (Association américaine contre les maladies cardio-vasculaires) estime qu'aux Etats-Unis, 30 % des morts liés à l'insuffisance coronarienne sont liées au tabagisme. L'âge et la dose inhalée influent directement sur l'importance du risque. Pour moins de 5 cigarettes par jour, le risque est multiplié par 1,4. Au-delà de 10 cigarettes par jour par 2,4 et par 2,8 entre 20 et 40 cigarettes par jour, tandis qu'il n'est que de 0,7 pour un non-fumeur. Les médecins expliquent que l'oxyde de carbone remplace l'oxygène transporté dans le sang et favorise les dépôts de cholestérol sur la paroi des artères (athérosclérose).La nicotine augmente la tension artérielle, fait baisser le bon cholestérol et favorise la formation de caillots.Le dépôt de plaques graisseuses atteint à la fois les grosses et les moyennes artères. Lorsque ces plaques sont trop importantes, elles peuvent obstruer le flux sanguin, provoquant ainsi des crises cardiaques lorsqu'il s'agit de l'artère coronarienne ou des accidents vasculaires cérébraux pour des artères carotidiennes. La nicotine agit directement sur les artères en augmentant de façon transitoire la pression artérielle et la fréquence cardiaque. Ce rétrécissement des artères est particulièrement perceptible lors de la première cigarette de la journée. L'effet se dissipe ensuite au bout d'une trentaine de minutes, mais la pression augmente progressivement tout au long de la journée, pour retrouver son niveau de base pendant le sommeil. La baisse de tension serait cependant moins marquée chez les fumeurs normotendus (c'est-à-dire ne souffrant pas d'HTA), que chez les non-fumeurs. Outre les complications suscitées plus haut, la cigarette altère les performances sexuelles. Comme il peut entraîner une atteinte des artères et donc des troubles sexuels. Même en l'absence de lésions artérielles patentes, un fumeur peut avoir des troubles de l'érection. En mars 2002, plus de 2000 hommes de plus de 18 ans ont été interviewés dans le cadre d'une étude italienne ; les résultats ont pu montrer que la survenue de problèmes est plus fréquente chez 70 % des fumeurs et 60 % des anciens fumeurs. Il est aussi important de signaler que la cigarette peut entraîner une toxicomanie au même titre que l'alcool, les stupéfiants ou n'importe quelle drogue.