Les experts ont averti, hier au centre de presse d'El Moudjahid, que l'Algérie fait face désormais à une menace implacable. « Les changements climatiques sont de nature à influer très négativement sur l'économie nationale dans les années à venir », reconnaît Mustapha Kara, expert et consultant au niveau du ministère de l'Environnement. Selon lui, l'Algérie aura à faire face à une « aggravation » du dérèglement climatique « qui se traduira par une forte sécheresse ». Ce qui accentuera la dépendance alimentaire de l'Algérie qui verra, selon l'expert, la courbe démographique toucher le plafond des 45 millions d'habitants. « A ce moment-là, la sécurité alimentaire de l'Algérie devrait se poser avec acuité, compte tenu de sa dépendance déjà prononcée », explique l'invité du forum d'El Moudjahid. Il soutient sur sa lancée que l'Algérie sera non seulement confrontée à un problème de sécurité alimentaire, mais aussi « à une grave tournure du phénomène migratoire ». Pour étayer ses dires, l'expert Mustapha Kara relève que les besoins de l'Algérie en céréales avoisineront en 2025 les 120 millions de quintaux, tandis que les besoins en viande ovine seront de l'ordre de 40 millions et de 20 millions pour la viande bovine. Le consultant du ministère de l'Environnement estime que la sécheresse qui sévissait dans certains endroits du globe, à l'image de la Chine, de l'Australie et de l'Argentine, se répercutera négativement sur les prix des produits agricoles, dont l'Algérie est l'un des importateurs du premier carré. Le pire est à venir, si l'on en croit cet expert. L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a déjà tiré la sonnette d'alarme en diffusant ses dernières prévisions à court et moyen termes. Cette organisation estime que, par rapport à la moyenne observée entre 1998 et 2007, les projections des prix des produits alimentaires pour la période 2008-2017 indiquent une hausse de 20% environ pour les viandes bovine et ovine, de quelque 30% pour le sucre brut et le sucre blanc, de 40 à 60% pour le blé, le maïs et le lait en poudre. Pour la même période, l'augmentation se situera au-dessus des 60% pour le beurre et les graines oléagineuses à de plus de 80% pour les huiles végétales. Ainsi, chiffres à l'appui, l'Algérie risque de voir sa dépendance des importations plus grande à l'avenir.