Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a indiqué que les prévisions de son département tablent sur des recettes pétrolières de l'ordre de 30 milliards de dollars seulement pour l'année 2009, soit une chute de plus de 60% par rapport à 2008. La chute de l'excédent commercial de l'Algérie de 72,03% pour le seul mois de janvier, atteignant difficilement le milliard de dollars, selon des chiffres récents du CNIS, donne la mesure de la baisse des recettes pétrolières de cette année. Cette fois-ci, c'est le ministre de l'Energie et des Mines qui vient assombrir davantage le tableau prévisionnel pour l'année 2009. Selon Chakib Khelil, les recettes pétrolières de l'Algérie enregistreront une forte baisse si les prix du baril restent à leur niveau actuel. La chute des cours mondiaux du pétrole a eu pour conséquence une baisse de ses recettes de l'ordre de 5 milliards de dollars depuis juillet jusqu'au début décembre 2008. Durant l'année écoulée, l'Algérie avait engrangé près de 76 milliards de dollars de recettes, un chiffre en deçà des estimations faites en mai 2008, qui prévoyaient environ 80 milliards de dollars. Le ministre a cependant estimé qu'au lieu de comparer avec l'année 2008 qui a été « exceptionnelle » avec un prix moyen de baril de 100 dollars, « il faut plutôt comparer soit par rapport à la période avant 2000 où les prix tournaient autour des 15 dollars, alors que les prix actuels en représentent le double avec 40 dollars le baril, soit par rapport à la période allant entre 2000 et 2006 où le prix du baril était environ à 50 dollars, et donc les pertes ne sont pas importantes », a indiqué M. Khelil à la radio nationale, repris par l'APS. Les revenus pétroliers de l'Algérie s'étaient établis à 59,3 milliards de dollars en 2007. L'Algérie devrait donc enregistrer des pertes considérables des suites de la baisse de la demande mondiale de pétrole due à la crise économique et la récession qui frappent la plupart des pays dits industrialisés. Le ministre de l'Energie et des Mines confirme les appréhensions et les mises en garde des experts qui prédisaient une baisse drastique des recettes de l'Algérie en 2009 en conséquence de la chute des cours du baril de pétrole. L'équilibre budgétaire de l'Etat est sérieusement menacé. Les recettes risquent d'être, si l'on tient compte des déclarations de Chakib Khelil, nettement inférieures au montant des importations. Le volume global des importations de l'Algérie a augmenté de 41,71% en 2008. Il est porté à 39,16 milliards de dollars contre 27,63 milliards en 2007. En 2006, les importations étaient de l'ordre de 21 milliards de dollars et 20 milliards en 2004, selon des chiffres diffusés récemment par le Cnis. Les projets du gouvernement risquent d'être sérieusement compromis. Le président Bouteflika, candidat à sa propre succession lors de la prochaine élection présidentielle, avait annoncé un nouveau programme de développement qui nécessite des investissements de l'ordre de 150 milliards de dollars pour les cinq prochaines années. Le chef de l'Etat avait pourtant tiré la sonnette d'alarme depuis Ghardaïa, fin décembre 2008, en déclarant que « nous sommes face à des années de vaches maigres ».