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Dans la cour des grands
Publié dans El Watan le 28 - 04 - 2005

Elle y interprète, en alternance avec deux autres jeunes comédiennes, le rôle de Louison, dans le Malade imaginaire de Molière. Toujours dans la Comédie française, Amina a également tenu le second rôle de la pièce Papa doit manger de Marie N'Diaye… Pas moins de 55 minutes sur scène.
La jeune algérienne, aujourd'hui âgée de 17 ans, a également joué dans un téléfilm, les Thibault avec Jean Yann puis dans une série Louis Page, réalisée par Jean-Daniel Verharghe… Elle a également tourné avec Lorette Mokrani dans son film La confusion des sentiments.
Elle a fait des doublages de voix dans des films de cinéma et de télévision, elle a ainsi doublé du kabyle à l'arabe dialectal des voix d'enfants dans La montagne de Baya, avec son frère Fatah, en arabe dans le film d'Arcady Là-bas, mon pays. Deux ou trois réalisateurs égyptiens ont voulu passer un engagement de longue durée avec Amina, mais les parents ont refusé : «les études d'abord», ont-ils dit. Amina va jouer un monologue appuyé par son père, celui d'une jeune fille qui s'ouvre aux cultures du monde, mais dont le père conservateur, l'emmène en vacances au pays, déchire son passeport. L'auteur est Mohamed
Zenaïche.
«La célébrité, c'est éphémère»
Amina Touidjine était élève de 5e au collège Lavoisier de Pantin (banlieue parisienne) quand une amie, Nina, fille d'un acteur de la comédie française lui apprend que le célèbre théâtre parisien cherche une petite fille pour le rôle de Louison, elle l'encourage à passer le casting. Amina est sélectionnée.
Un rêve pour la petite algérienne, débarquée à 8 ans, en 1996, dans une petite chambre d'hôtel parisien, avec sa famille qui avait fui, dans l'urgence, le terrorisme islamiste. Un rêve qui ne lui fait pas tourner la tête. «La célébrité, ça ne sert à rien», nous dit Amina, «c'est éphémère» et «c'est ce qui me fait fuir. On engage toute sa famille dans son choix. ça vient, ça part.» Elle ajoute : «La Comédie française, c'est différent. On est connus par un milieu de gens cultivés. Ce n'est pas Star Académie où des jeunes se détruisent la vie.»
Le théâtre, le cinéma et la télévision lui sont, en fait, familiers. A 6 ans, Amina a fait un spot publicitaire en Algérie, elle participait souvent à des émissions enfantines à la télévision et à la radio, elle a coanimé à plusieurs reprises une émission avec Nariman, enregistré trois chansons avec Ghazi. «Je l'emmenais aux répétitions au théâtre», dit son père. «Amar Laskri l'a bercée dans ses bras, il lui disait : «Grandis vite pour que je te fasse jouer au cinéma». Amina souhaite à Amar Laskri de se rétablir rapidement. Elle a aussi enregistré en France une émission avec Baâziz. A leur arrivée en France, son père l'inscrit au conservatoire de Pantin pour qu'elle apprenne le théâtre et le violon.
«Tu habites où ?»
Aujourd'hui, Amina n'a qu'une préoccupation : obtenir son bac qu'elle passera l'année prochaine. Son père voudrait qu'elle fasse l'ENA, mais elle préfère la biologie.Son choix n'est pas encore arrêté. Depuis la seconde, la jeune fille suit sa scolarité à l'école alsacienne, dans le 6e arrondissement de Paris, une école (du primaire à la terminale) fréquentée par des enfants de comédiens, de hauts fonctionnaires, de dirigeants d'entreprises. Ses camarades de classe sont la fille du ministre de l'Economie, Thierry Breton, le fils d'Isabelle Huppert, le fils de Richard Berry, le fils du réalisateur Arcady, la fille du PDG de ‘Oréal… «La
première personne qui m'a parlé à l'école m'a dit : «tu habites où ?» «Le lieu où l'on habite nous situe socialement.» L'argent qu' Amina a gagné finance ses études. Alors qu'elle était à la Comédie française, Amina a présenté un dossier d'inscription à l'école alsacienne, il a été retenu. «La première semaine je ne me sentais pas bien. Ce n'est pas mon milieu. Mes camarades viennent tous d'un milieu aisé, alors que moi je viens de Pantin. Quand ils ont su que j'ai fait de la Comédie française, ils sont devenus tout admiratifs, ils savent ce que cela représente.» Elle ajoute : «Il faut être fort mentalement.» Et Amina l'est, soutenue par ses parents. Amina fait partie des meilleurs élèves de sa classe (première S). L'école a représenté un changement à tout point de vue pour la jeune algérienne. «Le niveau était trop élevé par rapport au collège d'où je venais. A Lavoisier, j'avais 15 de moyenne générale, à l'école alsacienne je suis descendue à 8 au premier trimestre. J'ai beaucoup travaillé pour remonter. Il y a un esprit de compétition. C'est plus pratique pour entrer en prépa. Les profs sont du même milieu que les élèves, ils sont agrégés et sont eux-mêmes issus de l'école.»
A son arrivée d'Algérie en 1996 – traversée en bateau, puis TGV jusqu'à Paris – , la famille Touidjine s'est entassée dans une chambre d'hôtel. Depuis, la famille qui se compose des parents, de la grand-mère, d'un frère cadet, Fateh, s'est agrandie d'une petite fille, Yasmine, âgée de sept ans. Les Touidjine vivent aujourd'hui dans un modeste appartement de Pantin, mais dans lequel chacun des trois enfants a sa propre chambre. Djamal, le père, qui était animateur arabophone à la radio et comédien, est intermittent du spectacle, la mère, Rebiha, est économe dans un collège.
Khalil Jebrane en arabe
Amina avait 8 ans quand ses parents ont quitté l'Algérie. Elle ne parlait pas français. Ses progrès, à force de volonté et d'assiduité, sont spectaculaires. Ce qui caractérise cette jeune fille, aux grands yeux vifs pleins de vie, c'est la volonté et la ténacité. Le succès, la notoriété, alors qu'elle faisait la une des médias, au point d'être surnommée «la petite Adjani», ne l'étourdissent pas. Son vœu le plus cher, c'est que son frère, sa sœur et elle réussissent leurs études, aient un bon métier. «Ma réussite, seule, ne serait pas complète». La famille a fait le choix des études, dit son père. «Le théâtre, elle peut en faire plus tard».
Une de ses meilleures amies s'appelle Iris, c'est la fille de psychanalystes célèbres (le père est autrichien, la mère est française). Les parents d'Iris ont récemment organisé un colloque Art et psychanalyse à Lille, ils ont invité Amina. «Grâce à eux, j'ai appris beaucoup de choses.»
Amina est curieuse de tout, a soif de culture, de savoir. Cette curiosité lui a été inculquée par son père. «A l'école il y a des options, je suis en train de m'initier au cinéma. Nous bénéficions d'une bonne culture cinématographique. Je vais réaliser un court-métrage». Grâce à des camarades, enfants de comédiens, Amina voit des films en avant-première.
«Au colloque de psychanalyse, j'étais en admiration devant la mère de ma copine. C'est une grande intellectuelle, passionnée par ce qu'elle fait.» Si un jour elle doit ressembler à quelqu'un, c'est à cette femme. En fait Amina voudrait devenir une intellectuelle.
Amina adore la lecture. Ses grands yeux noirs s'illuminent, une fossette creuse joliment sa joue. Elle nous montre sa chambre, modestement meublée, mais c'est une bibliothèque : sur une étagère, les livres scolaires, sur une autre, les romans qu'elle a lus ou qui attendent d'être lus. Elle a découvert Germinal, Nana de Zola, Mme Bovary de Flaubert. Ionesco, Beckett font partie de ses auteurs favoris. La littérature algérienne ? «Je lis ce qu'on a à la maison. Il y a deux ans, j'ai essayé de lire Nedjma, de Kateb Yacine, c'était trop dur pour moi, mais je reprendrai le livre. J'ai aimé Nina Bouraoui», nous dit-elle. Son père lui rappelle qu'il vient de lui acheter deux romans de Neguib Mahfouz.
«Camus a été mal compris»
Elle s'est inscrite cette année en cours d'arabe à Louis Le Grand. «Ma prof, qui parle plusieurs langues, est géniale, elle m'a fait découvrir la littérature arabe.» Avec fierté, son père nous dit qu'elle a lu en arabe le Prophète de Khalil Jebrane.
Il y a aussi Albert Camus, qu'elle a
découvert cette année à travers Le mythe de Sisyphe. «Camus a la même double culture que moi, il est dans une position inverse que la mienne. Comme moi, lui aussi vient d'une famille pauvre», dit Amina. Selon elle, «on dit que Camus n'aime pas l'Algérie, je pense qu'on l'a mal compris. Ce qui m'a personnellement marquée, c'est quand il dit : j'ai mal à l'Algérie comme j'ai mal aux poumons.» «J'ai eu un bac blanc, j'ai eu un sujet sur une
pièce de Camus, Hubus, j'étais contente.» Et avec la fraîcheur de son âge, elle ajoute :
«J'ai appris que L'étranger est le livre le plus lu dans le monde.»
De l'Algérie, son pays natal, Amina ne connaît pas grand-chose. «J'aimerai connaître plus l'Algérie. On est retournés il y a deux ans dans la maison
familiale, là où mes oncles ont été assassinés, c'était très difficile.» «Nous avons fui la maison après l'assassinat de mes frères», dit Djamal, le père de Amina. «La maison, abandonnée
depuis, a été pillée».
«Slimane, l'aîné, avait 4 enfants, la dernière avait un mois et le plus grand 7 ans. Hocine n'était pas marié.»
Djamal, le père, nous montrant une copie d'un article du Journal du Dimanche qui titrait «Après Amélie, Amina. Le beau visage de la France», nous dit avec regret, voire tristesse : «pourquoi pas le beau visage de l'Algérie ?» Autant Amina a reçu des marques de reconnaissance du côté français, autant rien du côté algérien, signale Djamel. Aucun geste. A la cérémonie de clôture de l'Année de l'Algérie, c'est le ministère français de la culture qui a invité Amina. Elle a été reçue par Jack Lang, alors qu'il était ministre de l'Education nationale.
Parcours
Amina a 8 ans quand sa famille quitte précipitamment l'Algérie en 1996 pour s'installer en France. La petite fille ne parle pas un mot de français. A 13 ans, elle tient le rôle de Louison de la pièce Le Malade imaginaire de Molière à la Comédie française. La presse française la dénomme alors «la petite Adjani».
En juin 2001, Amina a été choisie pour lire l'appel de Paris sur le droit d'asile, à l'initiative du HCR et de l'assemblée nationale, parmi 580 réfugiés de 70 pays, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la convention de Genève.
Agée aujourd'hui de 17 ans, Amina Touidjine est en première S à l'école alsacienne de Paris.
Amina habite avec sa famille à Pantin (banlieue parisienne).


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