Mardi pass�, au Centre culturel fran�ais, Sofiane Hadjadj et Jos� Lenzini sont revenus sur les grands �v�nements qui ont marqu� la vie et l��uvre d�Albert Camus. Cette conf�rence a �t� organis�e dans le cadre des manifestations qui c�l�brent les 50 ans de la disparition d�Albert Camus dans le monde. Elle a tourn� essentiellement sur trois grands axes qui ont permis le d�bat ; le silence de la m�re, l��criture de Camus, le prix Nobel de litt�rature, ce qui a bien s�r permis un autre regard, notamment sur l�engagement ou pas d�Albert Camus pour la cause alg�rienne, sa �neutralit� autant que romancier ou encore son �engagement� autant que journaliste, avec deux �critures diff�rentes et deux tons diff�rents. Jos� Lenzini est n� en 1943 � S�tif, il �tait journaliste au Var Matin, le Monde, la Tribune et BFM, il a enseign� � l'Ecole de journalisme et de communication de Marseille et anim� des ateliers d'actualit� internationale. Dans cette conf�rence, il va raconter sa �d�couverte� d�Albert Camus, alors que choqu� par ce qu�il venait d�apprendre, quelques ann�es plus tard � le sort r�serv� aux Alg�riens lors de ce qui est appel� commun�ment �les �v�nement de S�tif� � Lenzini voudrait comprendre et va chercher un �bouc �missaire� qu�il pense trouver en la personne d�Albert Camus, il va s�int�resser � lui, � ses �crits, des travaux de recherche qu�il va mener sur vingt ans. Or, Lenzini va d�couvrir un autre visage de Camus et c�est ce qu�il va tenter de faire ressortir dans les �crits consacr�s � cet auteur, � travers la relecture de certains de ses romans, notamment l�Etranger, qu�il ne faudrait pas voir Camus comme acteur dans ce roman, c�est une fiction et s�il met en sc�ne des pieds-noirs, c�est qu�il peint un univers qu�il lui est propre, qu�il conna�t bien. Toutefois, cette notion d��tranger interpelle, car finalement qui est �l��tranger� dans ce roman, Meursault, l�Arabe, Camus, la m�re ? s�interroge Lenzini, avant de revenir sur les rapports qu�entretenaient Camus avec sa m�re. Ce qui a certainement d�clench� cet immense besoin d��criture chez Albert Camus, c�est d�abord le silence, le silence qui a caract�ris� sa vie, le silence o� il avait �volu�, d�un c�t� une m�re illettr�e, sourde, presque muette et un p�re mort trop t�t. Camus avait mal pour cette m�re qui ne pouvait pas lire ce qu�il �crivait et voulu, alors, lui cr�er des mots, des phrases, remplacer ce silence finalement par un autre silence plus lourd encore. Lenzini est revenu notamment sur la c�l�bre et pol�mique phrase de Camus �si je devais choisir entre la justice et ma m�re, je choisirais ma m�re�. Un jeune Kabyle du nom de Sa�d Kessal, pr�sent � la conf�rence de presse donn�e lors de l�attribution du prix Nobel, avait pos� une question sur la justice � Camus, celui-ci lui demanda son �ge, certainement explique Lenzini pour tenter de situer le jeune homme. Or, le jeune Alg�rien vex� par la r�ponse de Camus s��tait �clips� d��u par la fa�on dont il estime �tre trait�. Quelques ann�es plus tard, le jeune Kabyle tombe sur Mis�re de Kabylie une s�rie de reportages sur la Kabylie, explique Lenzini qui a pu rencontrer cet homme qui lui dit : �Ce fut un choc pour le Kabyle que je suis.� Sa�d Kessal d�cide de rencontrer Camus, pour lui pr�senter ses excuses. �Je suis all� voir Jules Roy qui m�a dit qu�il venait de se tuer en voiture. Alors je suis descendu � Lourmarin et j�ai d�pos� des fleurs sur sa tombe.� Le conf�rencier explique que Camus �tait du Parti communiste alg�rien et que celui-ci se pr�parait � d�clencher la guerre d�Alg�rie en 1955 mais pris de court par le FLN qui d�clencha la guerre d�Alg�rie en 1954, Camus consid�ra donc le FLN comme �tant un usurpateur. Ce point de vue ou de position de Camus explique peut-�tre le pourquoi de son �d�sengagement� sur la cause alg�rienne ? Jos� Lenzini poursuivra sa conf�rence en revenant sur les trois derniers jours de Camus, ce qui a constitu� le corps de son ouvrage et sur la grande d�ception de Camus suite aux critiques nombreuses qui ne l�ont pas �pargn�, sur le doute qui va tarauder Camus qui va jusqu'� penser arr�ter d��crire et se tourner vers le cin�ma et le th��tre. Camus �tait parti trop t�t �trop jeune� comme dirait sa m�re, dans un accident de la route, alors qu�il achevait l��criture Du premier homme, manuscrit retrouv� dans une sacoche dans la voiture accident�e. Nassira Belloula Les derniers jours de la vie d�Albert Camus de Jos� Lenzini Paru aux �ditions Barzakh, le r�cit revient sur les derniers jours d�Albert Camus. Le livre comme un flash-back commence � la fin des �v�nements, lorsque la m�re apprend par ses deux ni�ces, Paule et Lucienne, qu�Albert est mort dans un accident de la route. Elle n��clatera pas en sanglots, se contentera, les yeux secs, de murmurer : �C�est trop jeune.� Une phrase qui p�sera lourd dans ce petit appartement de la rue Lyon, �appartement des ombres� que la m�re refusait de quitter. En cet instant, cet appartement est obscur, silencieux, terriblement froid, la m�re cherche un appui et trouve la photo du fils et r�p�te alors :�Albert ! Le pauvre Albert ! Comme son p�re� si jeunes ! Tous les deux.� Le 3 janvier 1960, Albert Camus se pr�pare � monter � Paris avec une angoisse grandissante, il n�aime pas aller � la capitale o� il ne compte pas que des amis. En pr�sence d�intellectuels, il a toujours, dit-il, �l�impression d�avoir quelque chose � se faire pardonner�. Il a ses tickets d�aller et retour par train ; or, le lendemain, son �diteur Michel Gallimard lui demande de faire le voyage par route avec lui. Le 4 janvier 1960, Albert Camus quitte sa maison de Lourmarin � contrec�ur. Il n�aime pas les voyages par route. Il est assis devant avec Michel Gallimard au volant, et la femme et la fille de celui-ci sont assises derri�re. Sur une route ligne droite, la voiture fait une embard�e. Michel Gallimard est gri�vement bless�, sa femme et sa fille s�en sortent indemnes. Camus est tu� sur le coup. Dans sa sacoche, on retrouve le manuscrit du Premier homme en cours d��criture, ainsi que son ticket de train non utilis�. Un texte fort et construit comme un roman avec un ton �amical� qui raconte et imagine ces derniers jours de l�auteur. Jos� Lenzini s�est largement document� pour �crire ce r�cit, nous restituer les pens�es, les doutes, les r�flexions de Camus, assis dans cette voiture qui file dans un ultime voyage. Quelques anecdotes traversent le r�cit, mais ce sont les rapports qu�entretenait Camus avec sa m�re illettr�e, sourde, presque muette qui fortifie l�ossature de ce texte � lire pour d�couvrir peut-�tre un autre Camus. N. B. Les derniers jours de la vie d�Albert Camus par Jos� Lenzini,