Dans une salle pleine, aux murs lépreux, où sont accrochés des banderoles portant des slogans d'une époque presque révolue, Louisa Hanoune, femme exemple du président Bouteflika, a battu en brèche l'impérialisme américain, la mondialisation, la surexploitation des travailleurs dans le monde et l'orientation économique «imposée» par les multinationales à l'Algérie. «Les multinationales, ruinant l'économie africaine, ont fait disparaître la classe moyenne», a-t-elle soutenu. Maintenant, il y a deux classes. Les riches, représentant la minorité, «vivent des 800 grandes entreprises qui gouvernent, aujourd'hui, le monde à hauteur 82%». Les pauvres, étant majoritaires, subsistent avec des revenus dérisoires, loin de refléter la peine subie. «42 000 travailleurs sont devenus invalides à cause d'accidents de travail», a-t-elle indiqué, avant de prévenir quant à la disparition des acquis socioprofessionnels arrachés grâce à des luttes syndicales de longue date. «De huit heures de travail, on passe à présent à onze heures. La couverture sociale se perd petit à petit. Il faut savoir que beaucoup de Chinois perçoivent un salaire mensuel dérisoire, tanguant entre 50 et 80 euros», a-t-elle averti. Elle ne doute pas que les Algériens finiront dans la même situation d'ici quelques années s'ils ne se mobilisent pas pour contrer ce projet «antinational». Convaincue des visées des multinationales déjà manifestées dans d'autres pays, comme l'Argentine et le Zaïre, la première responsable du PT a considéré l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les hydrocarbures en ce mois-ci comme une «mise à mort programmée de l'économie nationale». Pis encore, elle constitue une «menace pour la sécurité nationale». Selon elle, l'article 25 de ce texte de loi consacre le «bradage des richesses nationales», et ce, en octroyant aux multinationales le droit de propriété des gisements pétroliers qu'elles découvrent. Sur sa lancée, elle ajoutera que la mise en vigueur aussi de l'accord d'association avec l'Union européenne (UE) en juillet prochain provoquera un trou de 20 milliards de dinars dans le Trésor public. En sus, 147 milliards de dinars seront perdus chaque an. «On nous dit que grâce à cet accord, les entreprises étrangères qui vont s'installer en Algérie vont créer de l'emploi. Que d'illusions ! Ne voyons-nous pas les mouvements de protestation qui secouent les villes et les capitales européennes en raison des pertes d'emploi ?», s'est-elle interrogée, tout en disant que «l'économie capitaliste est en décomposition» et compte refaire peau neuve sur le dos des pays tiers-mondistes. «Nous refusons cela. Le pétrole n'est pas à vendre, la patrie est à défendre», a-t-elle clamé, tout en exigeant le retrait de la nouvelle loi sur les hydrocarbures et l'arrêt du processus de privatisation. «600 000 emplois sont candidats à la suppression. Ce sont les injonctions du Fonds monétaire international (FMI)», a-t-elle encore soutenu. Louiza Hanoune a mis l'accent, en outre, sur la stratégie de «division» des forces de travail que sont en train de mener les entreprises capitalistes afin de mettre fin aux revendications socioprofessionnelles des travailleurs. «Ces entreprises vont rendre les Algériens des esclaves», a-t-elle prévenu, avant de s'attaquer à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). «Les syndicats ont pour mission de défendre les intérêts sociaux professionnels des travailleurs. La conduite des réformes et des privatisations n'est pas leur affaire», a-t-elle souligné, dénonçant «la généralisation des contrats à durée déterminée, les CDD». Face à une tel constat, Mme Hanoune n'hésitera pas dire que «le syndicalisme est menacé». Pour elle, le 1er Mai, qui symbolise la lutte des travailleurs à travers le temps, doit être le point de départ d'un grand mouvement de «résistance» contre les «ultramondialistes». Avec des mots fermes, la candidate à l'élection présidentielle d'avril 2004 a promis d'organisation un grand meeting, le 5 juillet prochain, date correspondant à la fête de l'Indépendance.