La deuxième ville de la wilaya de Béjaïa ne cesse d'étendre ses tentacules dans toutes les directions à telle enseigne qu'elle est en phase de faire jonction avec les villages qui l'entourent. (Tifrit, Azaghar, et Laâzib). Saturée, elle commence déjà à accuser un déficit foncier si aigu que les autorités locales envisagent de canaliser l'oued Illoula afin de récupérer quelque 150 ha de terrain sur son lit actuel. Un tel projet, cependant, risque de ne pas voir le jour de sitôt, comme bien d'autres en souffrance, rapportés dernièrement dans ces mêmes colonnes, car les membres de l'APC affirment rencontrer des entraves administratives dans l'exercice de leur mission. «La confiscation» de leurs prérogatives en matière de gestion du foncier a été encore une fois soulevée par le premier magistrat de la commune lors de la conférence qu'il a tenue le 10 avril dernier et consacrée au bilan de deux mandats de son équipe à la tête de la collectivité locale. Depuis que les certificats de possession ne sont plus délivrés, en exécution de la note émanant des services des domaines de la wilaya de Béjaïa, le dossier du foncier communal est devenu encore plus difficile à gérer. Cette note astreignante, intervenant après la délivrance de 1227 certificats de même nature sans qu'une moindre opposition ne soit enregistrée, nous informe-t-on, aura laissé un vide juridique qui dure depuis deux années. Vide juridique Si un tel problème ne se pose pas pour les régions rurales de la municipalité, où le cadastre a été établi en 1996, ce n'est pas le cas des zones urbaines qui n'en ont pas encore bénéficié. Cette situation de blocage pénalise de facto les administrés désirant postuler à une demande de permis de construire ou un prêt bancaire. Le président de l'APC d'Akbou a fini par se résoudre à saisir officiellement, le 9 mars dernier, le wali pour lui demander une dérogation pouvant lui permettre de continuer à délivrer les certificats de possession à titre transitoire, en attendant une opération cadastrale, mais aucune suite ne lui a été signifiée à ce jour. «D'une part, on nous somme de lutter contre les constructions illicites, d'autre part on laisse pourrir une situation qui ne fait qu'alimenter l'anarchie urbaine», se désole-t-il. Ce statu quo a poussé certains habitants de la ville à bâtir illicitement tout en espérant une éventuelle régularisation ultérieure. Des bâtisses de trop, en fait, pour un patrimoine immobilier qui compte, selon des sources bien informées, plus de 30% de constructions illicites. Tous les domaines, aussi bien publics, (le Piton, Guendouza, Vou Imchache…), que privés (nouvelle ville) ne sont pas épargnés et s'en trouvent gangrenés. Pourtant, plus d'un millier de procès-verbaux dressés par les agents habilités à constater l'infraction à l'urbanisme ont été adressés aux autorités locales et de wilaya depuis des années. Pas une seule décision de démolition, ne serait-ce qu'à titre dissuasif, n'a été notifiée aux contrevenants.