Les propriétaires terriens au niveau de la commune de Tazmalt (85 km de Béjaïa) ne savent plus à quel saint se vouer, afin de régulariser leurs propriétés foncières. Ils vivent dans un véritable imbroglio, et ce, en conséquence au cadastre effectué dans leur municipalité entre 1983 et 1987. A cette époque, Tazmalt et Fouka (Tipaza) étaient des communes pilotes, au niveau national, dans l'opération du cadastre. Depuis cette date, aucun cadastre n'a été effectué à Tazmalt. Selon une source locale, l'opération de l'enregistrement des propriétés, à cette époque, a été entaché «d'irrégularités», qui ont générées des conflits entre héritiers, et une situation de disgrâce des propriétaires terriens. Notre interlocuteur parle d'un cadastre «bâclé», eu égard, indique-t-il aux «anomalies» telles que des terres demeurées dans l'indivision, au motif qu'elles ont été consignées sur une seule personne (un aïeul), ce qui a créé et crée toujours des conflits entre co-héritiers, lesquels ne peuvent aucunement avoir légalement leurs lopins de terre, et par-là même leurs actes de propriété. Des propriétés ont été aussi enregistrées sous le nom de propriétaires décédés ou sous le nom de personnes sans aucun lien d'héritage avec les biens fonciers. La même source parle de «confusion» dans la délimitation des terrains, ayant créé des conflits par la suite entre voisins. A la fin du cadastre (1987), il était recensé quelque 2265 lots, actuellement, ils seraient plus de 11 000 lots non cadastrés, résultat de transactions illégales, ne se basant pas sur l'acte de propriété. Pas d'aides de l'Etat sans acte de propriété «Je suis un fellah, et je ne peux pas accéder aux aides octroyées par l'etat» se désole Bahloul Belkacem. Cet agriculteur possède des terrains agricoles, mais pas d'acte de propriété, il voit tous ses projets s'écrouler, à cause de l'indisponibilité d'un papier : l'acte de propriété. «J'ai envie de monter des serres, de faire l'élevage bovin, l'arboriculture, mais je me heurte toujours à l'inexistence de l'acte de propriété», déplore-t-il. Cette situation que résume si bien notre interlocuteur n'arrange vraiment pas les choses dans cette commune, qui accuse un énorme retard en matière de développement. Beaucoup de fellahs demeurent dans la tourmente et le désarroi, parce que ne pouvant pas bénéficier des différents dispositifs d'aides aux agriculteurs mis par l'Etat, à cause de l'absence de l'acte de propriété. Donc, tout prétendant, par exemple, à un prêt bancaire doit arborer le fameux sésame, il y va de même pour le matériel agricole, le logement rural (Fonal), des subventions, des aides pécuniaires dans le cadre du Pndra (programme national du développement rural) et bien d'autres aides cruciales à la réussite et au développement de l'agriculture. Multiplication des constructions illicites Le non-renouvellement du cadastre depuis 1987 a fini par provoquer un «big bang» des constructions illicites dans la commune de Tazmalt. L'on construit comme on peut, sans aucun papier officiel. Le permis de construire exige, entre autres, un acte de propriété en bonne et due forme, ce qui est impossible dans ce cas de figure. Pour bénéficier de l'aide dans le cadre du Fonal (fonds d'aide national au logement rural), il faut présenter également l'acte de propriété d'un bien foncier. Les choses se compliquent ainsi, ce qui pousse les ménages à construire «au noir» à leur corps défendant. Cependant, même si dans d'autres communes à l'exemple de Boudjellil, il suffit de présenter un certificat de possession pour toute opération, cette option n'est malheureusement pas en vigueur dans la commune de Tazmalt, pour la simple raison, c'est que dans le Journal officiel datant du 28 février 2007, il est stipulé dans l'article 2 des dispositions générales concernant les propriétés immobilières et de délivrance des titres de propriété : «La procédure de constatation du droit de propriété immobilière s'applique à tout immeuble non soumis aux opérations du cadastre général prévues par l'ordonnance n°75-74 du 12 novembre 1975, sus-visées, qu'elle qu'en soit la nature juridique». Ce qui signifie en d'autres termes, qu'aucun document ne sera délivré à une propriété déjà cadastrée. Mais le problème, c'est que Tazmalt a été cadastrée depuis 1987, et les lots enregistrés sont divisés au moins par 5. Partant de là, les propriétaires illégitimes de biens fonciers doivent attendre le prochain cadastre ? La situation est, à première vue, inextricable dans cette commune, qui n'a vraiment pas besoin de ce genre de problème, étant donné qu'elle est sujette au marasme et à la léthargie.