Qu'on en juge. En plus des 5000 logements livrés en 2004, l'Agence pour l'amélioration et le développement du logement (AADL) a procédé à une autre opération de distribution de logements au début du mois d'avril 2005. Il s'agit des 212 logements à Bab Ezzouar I, 216 logements au Gué de Constantine, 1652 logements à Ouled Yaïch (Blida), 252 logements au site de Zouia à Koléa (Tipaza) et 160 logements au site les Crêtes (Mostaganem). Le 23 du même mois, l'AADL a remis les clefs aux 80 bénéficiaires du site des Eucalyptus, ce qui porte le chiffre à 210 logements distribués sur un total de 416 logements. 132 logements avait été déjà distribués dans ce site en 2004. Au site des Bananiers, elle a procédé à la distribution, dans la même période, de 306 logements. Il s'agit des bâtiments 19, 20, 21, 22 et 26. C'est ainsi que, sur un total de 1602 logement sur ce site, 562 logements ont été déjà livrés en 2004, ce qui ramène le nombre de logements réceptionnés à 734 unités. La distribution de 78 autres logements à Bab Ezzouar est prévue, en principe, cette semaine, selon les déclarations du DG de l'AADL, il y a de cela quelques jours sur les ondes de la Chaîne III. D'ici fin juin 2005, selon ce responsable, 3000 logements seront livrés dans différentes wilaya du pays. Travaux au ralenti Destiné initialement aux couches non concernées par la formule du logement social et pour ceux, cadres moyens, qui ne peuvent se permettre de financer “cash” leur appartement faute de moyens, le programme 2001 de la formule location-vente, lancé en grande pompe par les plus hautes autorités du pays, le 18 août 2001, est qualifié par la quasi-majorité des postulants comme une déception. Les 20 000 logements que devait réaliser l'AADL dans un délai n'excédant pas les 18 mois accusent actuellement, quatre ans après, des retards considérables : «Des chantiers du programme 2001 avancent à pas de tortue alors que d'autres sont quasiment à l'arrêt. Les travailleurs chinois qui s'affairaient à un travail de fourmi avec un rythme de travail de 3×8 ont pratiquement baissé les bras. Après les mauvaises conditions climatiques, le manque de matériaux de construction, le flottement des effectifs, les problèmes liés aux titres de propriété foncière et le Sras, aujourd'hui on nous sort la pénurie du sable sur le marché de la construction. C'est incroyable», tempête un souscripteur au programme. Au site des 1594 logements de Sebbala, les travaux, lancés le 20 mars 2002 et confiés à l'entreprise chinoise CSCEC, accusent un retard incroyable. Sur un total de 48 bâtiments prévus sur ce site, seul une trentaine ont été réalisés jusqu'à présent, nous confie un ouvrier rencontré sur ce chantier. En l'absence du responsable du chantier, des travailleurs chinois et des peintres algériens accomplissaient quelques tâches. Pas moins de six immeubles situés sur le bord du chemin de wilaya 116 sont fin prêts il y a plus de six mois mais attendent toujours l'aval de la direction générale pour leur distribution, nous dit ce bénéficiaire rencontré sur place. «Nous n'avons plus de nouvelles de la date de livraison de nos logements», nous a déclaré le groupe de bénéficiaires qui s'est déplacé, il y a de cela quelques semaines, à notre rédaction. Et d'ajouter : «Nous avons rendu visite aux responsables de l'AADL qui nous ont promis que les premiers logements en question devaient être livrés au mois de février. Pourtant, nous attendons toujours la concrétisation de cette promesse.» Nos interlocuteurs tiennent à préciser que ces immeubles ont été raccordés aux réseaux AEP, d'électricité et d'assainissement et qu'ils sont même viabilisés. Par ailleurs, notre source à Sebbala nous renseignera que la livraison de ces immeubles devrait se faire «au plus tard au mois d'août prochain». A quelques centaines de mètres de ce site, au lieudit Deboussy, le programme de réalisation de 1854 logements location-vente «est à l'arrêt depuis plus d'un mois. Cela fait plus d'un mois qu'aucun ouvrier ni le moindre responsable n'a visité ce chantier», nous précise le gardien du chantier sans situer les raisons de cette situation. Non loin, à la cité d'El Achour, le problème majeur demeure incontestablement celui des locaux commerciaux non attribués à ce jour. Ils sont devenus, selon l'un des locataires, des lieux de rencontre des lycéens et autres collégiens, sous le regard indifférent des agents de sécurité. Au site des Bananiers (Mohammadia), les souscripteurs affectés aux bâtiments 12,13,24 et 25 ne croient plus au «miracle», encore moins aux promesses des responsables de l'AADL et ceux de Cosider, entreprise publique chargée de la réalisation de ce projet. Entamés au début du mois de mars 2005 après quatre années de retard, suite à la présence d'indus occupants sur ce site, les quatre tours en question accusent aujourd'hui (soit deux mois et demi après le début des travaux) un retard considérable. «Nous avons tenu plusieurs réunions avec des responsables de l'AADL et ceux de Cosider afin de faire accélérer la cadence des travaux. Seulement, les choses ne semblent pas avancer. Alors qu'on nous a promis un rythme de travail avec trois équipes sur le terrain, nous nous retrouvons maintenant avec quelques ouvriers sur place», alors que, selon notre interlocuteur, le chantier pour la réalisation de 800 logements sociaux, confié lui aussi à Cosider, avance à un rythme appréciable. «Les ouvriers sont déjà arrivés au quatrième étage», précise-t-il. Inutile de trop s'étaler sur les chantiers de Saïd Hamdine, celui de Boumati ou de Souidania qui sont eux aussi à l'arrêt. Une année après, des logements restent inoccupés Alors que beaucoup de citoyens se plaignent des retards enregistrés dans la réalisation et la livraison de certains chantiers de l'AADL, notamment dans la capitale, un nombre impressionnant de logements acquis par les bénéficiaires dans le cadre de la formule location-vente, attribués il y a plusieurs mois, restent inoccupés. Ce phénomène a même pris des proportions importantes dans plusieurs sites à l'instar de celui des Bananiers, de Bab Ezzouar, des Eucalyptus, d'Ouled Fayet et d'ailleurs. À la cité des Bananiers de Mohammadia, des tours réceptionnées il y a une année, dont les logements ont été distribués à la même période, sont affreusement vides pour la plupart de leurs occupants. C'est le cas par exemple de la tour 16, où les premiers locataires ont été autorisés à occuper leur logement en mars 2004. Jusqu'à présent, près de 60% des logements ne sont pas occupés par les bénéficiaires. Au niveau des tours 6 et 17, seulement la moitié des attributaires ont emménagé alors que le taux d'occupation pour les bâtiments 7 et 9, livrés il y a 5 mois, ne dépasse pas 30%. Mais pourquoi une partie des bénéficiaires n'a pas occupé jusqu'à présent les logements ? Pour ce bénéficiaire affecté au site des Bananiers mais qui attend toujours son jour J, la réponse est toute simple. «Ces logements sont inoccupés parce que leurs bénéficiaires habitent ailleurs. Regardez la saleté qui se dégage des volets. Vous croyez qu'une femme algérienne peut admettre que l'aspect extérieur de son chez-soi soit crasseux et malpropre ? Oh que non. Nous sommes tous des algériens et il ne faut pas se voiler la face ni cacher le soleil avec un tamis. Ce sont des logements qui ont été attribués à X et Y qui apparemment n'en ont pas besoin pour l'instant.» Ce n'est pas l'avis des responsables de l'AADL qui ont déclaré à l'un de nos confrères que la mission de l'organisme s'arrête «à la remise des clés aux bénéficiaires des logements». Or il y a lieu de rappeler que l'article 13 du chapitre V (dispositions finales) de l'arrêté du 23 juillet 2001 fixant les conditions et modalités de traitement des demandes d'acquisition de logements dans le cadre de la location-vente : «Toute non-occupation se prolongeant au-delà de trois (3) mois après remise des clefs peut donner lieu à une remise en cause de la décision de location-vente et à des mesures visant la résiliation du contrat.» Cette situation n'est pas propre au site des Bananiers puisque des bénéficiaires nous ont fait part de logements inoccupés à Ouled Fayet, El Achour et dans d'autres sites Volkswagen Touareg et logements à louer Annoncés en grande pompe par les autorités, les logements AADL font déjà l'objet de spéculations. Ils sont proposés par des agences immobilières en sous-location. Plusieurs agences immobilières proposent des F3 à la cité El Achour, à 15 000 et 20 000 DA par mois. Une question à brûle-pourpoint : «Comment ces bénéficiaires ont-ils fait pour acquérir ces logements et faire partie des premiers bénéficiaires ?» D'autres bénéficiaires à l'instar de cette dame de Bab Ezzouar n'hésite pas à proposer une permutation sur un autre site alors que la loi et les clauses du contrat avec l'AADL l'interdisent. A Ouled Fayet, le côté esthétique de la cité a pris un coup suite au vide engendré par la non-attribution des locaux commerciaux. Dans un autre chapitre, des bénéficiaires nous ont fait part de leur étonnement de voir d'autres bénéficiaires circuler à bord de carrosses à coups de centaines de millions de centimes. «Comment peut-on attribuer des logements AADL à des personnes qui roulent des épaules et des mécaniques rutilantes (Volkswagen Touareg, Mercedes SLK et Renault Mégane) ? Autant de signes ostentatoires, qui font voler en éclats le statut précaire de la classe moyenne à laquelle sont destinés ces logements. Qu'en on juge ! Les prix d'acquisition de ces véhicules dépasse le milliard. Sans remettre en cause ni la gestion de l'actuelle direction à la tête de l'AADL encore moins celle de la précédente équipe dirigeante à la tête de l'AADL, un assainissement de la liste des bénéficiaires et un coup d'accélérateur au niveau des chantiers s'imposent d'eux- mêmes au grand bonheur des postulants à cette formule.