À la cité des Bananiers de Mohammadia (Alger), des tours réceptionnées il y a une année, et dont les logements ont été attribués à la même période, sont toujours vides. Alors que beaucoup de citoyens se plaignent des retards enregistrés dans la réalisation et la livraison de certains chantiers de l'AADL, notamment dans la capitale, un nombre impressionnant de logements acquis par les bénéficiaires dans le cadre de la formule location-vente et attribués il y a plusieurs mois restent inexplicablement inoccupés. Le phénomène a même pris des proportions importantes dans certains sites, comme celui des Bananiers, de Bab-Ezzouar et des Eucalyptus. À la cité des Bananiers de Mohammadia, des tours réceptionnées il y a une année, et dont les logements ont été distribués à la même période, sont affreusement vides pour la plupart de leurs occupants. C'est le cas par exemple de la tour 16, où les premiers locataires ont été autorisés à occuper leur logement en mars 2004. Malgré donc la remise des clés qui s'était effectuée il y a une année, jusqu'à présent près de 60% des logements ne sont pas occupés par les bénéficiaires. Au niveau des tours 6 et 17, seulement la moitié des attributaires y a emménagé. Pour le bâtiment 7 qui a été livré, il y a 4 mois, le taux d'occupation ne dépasserait pas 30%. Mais, quelles sont les raisons qui font qu'une partie des bénéficiaires n'occupent pas les logements qui leur ont été attribués et qu'ils attendent depuis des années sinon des décennies pour certains ? Difficile en tout cas d'y répondre en l'absence d'éléments concrets et de témoignages fiables, et l'on ne peut qu'émettre des hypothèses à ce propos. Apparemment, cette situation est loin d'inquiéter les responsables de l'AADL qui semblent surtout veiller à ce que le paiement des loyers se fasse dans les délais, c'est-à-dire à chaque fin de mois, considérant que “la mission de l'organisme s'arrête à la remise des clés aux bénéficiaires des logements”. “Les bénéficiaires ont été sélectionnés selon des critères bien définis et connus de tout le monde. Donc pour nous, il s'agit d'attributaires qui répondent à ces critères et qui sont appelés à s'acquitter de leur loyer à la fin du mois. Nous dégageons toute responsabilité sur ces logements dès la remise des clés”, répond Mme Bournane, chargée de communication au niveau de la direction générale de l'AADL, récusant au passage l'hypothèse que ces bénéficiaires soient ceux qui ne sont pas réellement dans le besoin. Elle estime que les vérifications nécessaires ont été faites à travers des fichiers existant au niveau du ministère de l'Habitat et mis à jour (OPGI, EPLF, CNL…) pour débusquer des éventuels “faux demandeurs”, et donc à partir de là, c'est une véritable sélection qui est entreprise pour toute attribution. À la question de savoir s'il existe des bénéficiaires qui ne se seraient pas présentés pour retirer leurs clés, Mme Bournane affirme qu'aucun cas de ce type n'a, pour le moment, été signalé. Mais, il faut dire qu'il demeure tout de même incompréhensible qu'autant de logements remis à leurs locataires soient toujours inoccupés plus d'une année après leur livraison. Et cette situation pose, par ailleurs, un certain nombre de problèmes pour le constructeur, à l'image de Cosider pour le site des Bananiers, qui ne peut entreprendre les vérifications d'usage, le bon fonctionnement des canalisations d'eau des bâtiments par exemple, avant leur livraison en raison de l'absence de locataires. Et comme ces derniers doivent également signer un PV d'installation dans lequel ils sont invités à noter d'éventuelles réserves concernant l'état du logement à sa réception, cette absence du locataire retarde les opérations ou réparations à effectuer. En effet, le maître d'ouvrage ne peut demeurer éternellement sur le site pour satisfaire d'éventuelles demandes des acquéreurs. H. S.