Comment garantir un maximum de protection antisismique à sa construction, qu'elle soit neuve ou vieille ? Les experts venus des quatre coins du monde pour participer aux journées d'étude sur « l'isolation sismique », qui se déroulent depuis hier au Cercle de l'armée de Beni Messous à Alger, semblent apporter une réponse à cette question. Il faut donc, selon eux, adopter le nouveau procédé, déjà testé dans plusieurs pays, à savoir l'isolation sismique. Organisées par l'Agence nationale de réalisation et de gestion de la grande mosquée d'Alger (Anargema), ces journées d'étude qui s'étalent sur trois jours visent à vulgariser cette nouvelle technique, peu connue dans un pays à forte sismicité comme l'Algérie. Beaucoup plus pratique que le système classique, l'isolation sismique représente ce qui est aujourd'hui le mieux adapté aux grands ouvrages d'art. Ayant vu le jour dans les années 1980 et largement utilisée depuis dix ans aux Etats-Unis, au Japon, en Italie et dans plusieurs capitales européennes et asiatiques, cette technique a été introduite pour la première fois en Algérie en 2006. Appelée également la technique du contrôle passif des vibrations sismiques, l'isolation sismique a été, en effet, utilisée par le CTC de Chlef dans la construction du siège de son agence à Aïn Defla, située dans une zone « sismiquement » très active. L'objectif de réalisation d'un ouvrage à usage de bureaux sur isolateurs sismiques, à titre expérimental et pédagogique, a été atteint précisément le 10 novembre 2004 par la signature d'un protocole de coopération entre le Conseil malaisien du caoutchouc (MRB) et le CTC de Chlef. Appliquée avec succès, cette technique tend à être généralisée à travers l'ensemble du nord du pays, connu pour être astreint à une forte activité sismique. Elle sera en effet utilisée dans d'autres projets comme celui de la réalisation d'un hôpital à Aïn Defla, de deux grands projets immobiliers et d'un ministère à Alger. Pour Hamid Azzouz, président-directeur général du CTC de Chlef, il s'agit là d'une protection antisismique de l'avenir en raison, notamment, de l'utilisation de dispositifs parasismiques spéciaux de type « amortisseurs visqueux, ressorts amortisseurs, isolateurs, dissipateurs d'énergie, fusibles… ». En employant cette technique, on pourra, comme le souligne M. Azzouz, assurer le maximum de protection aux occupants de la construction, réduire considérablement les dommages, maintenir le fonctionnement, surtout en ce qui concerne les hôpitaux et les ouvrages stratégiques. Les isolateurs sismiques réduisent les forces et les accélérations transmises à la structure. Ce système de construction permet de diminuer à hauteur de 50% la puissance d'un séisme. « C'est une technique qui permet d'isoler le sol de la structure et de réduire ainsi considérablement la force sismique qui s'y applique. C'est une technique adéquate pour les grands ouvrages à valeur civilisationnelle et historique et dans lesquels pourrait se trouver un nombre important de personnes », explique le docteur Afra Abdelhamid, chercheur en génie civil. Comme lui, d'autres experts présents à cette rencontre plaident pour l'utilisation de cette technique dans tous les grands ouvrages, dont la nouvelle mosquée d'Alger. Cela en raison notamment de la forte activité sismique que connaît tout le nord du pays, plus particulièrement la bande du littoral. Selon le docteur Abdelkrim Chaouch Yellès, directeur du Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG), 50 micro-secousses sont enregistrées en moyenne par mois dans la région d'Alger. 90% de ces secousses ne sont pas ressenties, alors que la magnitude des 10% ressenties varie entre 3,5 et 5 degrés sur l'échelle de Richter. Ces constats doivent pousser les plus hautes autorités à exiger la meilleure technicité dans le domaine parasismique, afin d'éviter de nouvelles catastrophes, comme celles d'El Asnam en 1980 et de Boumerdès en 2003 qui ont happé la vie à plus d'un millier de personnes et occasionné des pertes matérielles dont le coût s'est élevé à plusieurs milliards de dollars.