L'ennemi était partout. Les postes militaires hérissaient les reliefs du Nord-Constantinois. Il y avait un combattant assez âgé par rapport à la moyenne des autres combattants, je ne le citerai pas car il est encore vivant. Il est aujourd'hui à la retraite et il a occupé un poste important dans la Fonction publique. Constatant son état de fatigue et de lassitude ammi Salah l'aborde et lui dit : «Tu es fatigué, n'est-ce pas ?» «Oui je suis fourbu», reconnaît le moudjahid. «Donne-moi ton arme», lui dit ammi Salah. Ce dernier lui donne une autre arme de moindre qualité et lui dit : «Vois-tu le poste militaire là-bas ? Vas et rends-toi, mais prends garde, lorsque tu t'en approcheras, marche doucement faute de quoi ils te tireront dessus.» Le chef avisé, et sage qu'il était, avait compris que l'homme ne pouvait plus continuer, et qu'il allait peut-être se rendre à l'ennemi de sa propre initiative, ce qui aurait été plus dangereux. Il a compris également qu'il était une charge pour les autres combattants, et qu'il avait fait ce qu'il pouvait. Le djoundi en question a continué à servir son pays après l'indépendance, et ce, grâce à ammi Salah.