Ce bien communal n'est pas à l'abri des regards, d'autant plus qu'il fait face à la RN 11, de surcroît en plein centre-ville. Dans son article 5, il est stipulé que le locataire ne doit pas procéder aux travaux sans l'autorisation de l'APC. Le prix de la location mensuelle est dérisoire, à la portée d'un jeune qui vend des cigarettes à la sauvette. Néanmoins, la manière de louer cet important local suscite moult interrogations. D'ailleurs, un des locataires travaille à l'APC de Tipaza après avoir été déchu. Mais le problème qui se pose aujourd'hui à Tipaza réside dans la définition de la construction illicite. En effet, dans son envoi référencié n° 2169 du 10 novembre 2004, le président de l'APC de Tipaza, en vertu du procès-verbal de constat de sa commission technique communal portant le n° 35/2004 du 23 octobre 2004, a autorisé le nouveau locataire de ce local commercial à effectuer des travaux d'aménagement, notamment le remplacement du pavé du trottoir en carrelage et l'embellissement de la façade principale, enlèvement du carrelage existant et son remplacement par une dalle de sol, la rénovation intérieur totale des sanitaires, le remplacement de la toiture existante par une dalle pleine en béton, la faïence et la reprise de la menuiserie. Ce local était initialement un café. Mais voilà que l'inspecteur de l'urbanisme de la daïra de Tipaza dans son envoi référencié n° 103/DUC/IU/2004, suite à une inspection effectuée sur les lieux, a constaté l'infraction le 14 décembre 2004, en précisant que les travaux de fouilles en puits des semelles isolées et de fouilles en tranchées par les longrines ont été entrepris sans permis de construire, pour la réalisation d'une agence de voyages. Le locataire a été mis en demeure d'arrêter les travaux et de remettre le local en l'état dans un délai de 48 heures, sinon des mesures seront prises à son encontre, en application de la loi 04-05 du 14 août 2004 portant aménagement urbanisme. Toutes les autorités ont été informées, y compris le chef de la sûreté urbaine. Malheureusement pour les soucieux commis de l'Etat, à Tipaza, on se fiche allégrement de toutes les lois. Ce territoire s'est transformé en une jungle où il est difficile de changer les habitudes. Contacté par nos soins à l'occasion de la cérémonie d'ouverture de la saison estivale, le président de l'APC confirme qu'il ne s'agit pas d'une construction illicite. «Oui, j'ai autorisé le locataire à effectuer des aménagements pour la sécurité du local, dit-il, ce sera un magasin d'équipement informatique qui coûte cher, il est normal qu'il remplace la toiture en éternite par une dalle en béton. Je vous réitère que ce n'est point une construction illicite, puisque je lui ai délivré une attestation. De toutes les façons, il a pratiquement terminé les travaux.» En revanche, un technicien au niveau de l'administration de l'urbanisme et de la construction persiste sur l'illégalité de cette construction en plein centre-ville de Tipaza comme tant d'autres. Il semble, selon notre source, que les travaux aient été arrêtés sur ordre de la wilaya, car même l'autorité de daïra n'a pas daigné s'inquiéter sur la mise en demeure de son inspecteur de l'urbanisme. A Tipaza, l'interprétation des textes de lois de la République diffère d'une administration à une autre. La gestion de ce territoire fonctionne au gré des complicités et de la politique du fait accompli, ce qui explique la multiplication d'une architecture hideuse et d'un urbanisme défiguré.