En Algérie, les Chambres de commerce et d'industrie (CCI) ont souvent été accusées de ne pas servir à grand-chose. A l'exception de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI) qui a réussi quelques opérations lancées au profit de la PME, les chambres régionales sont à la traîne, parfois carrément à l'arrêt. Les opérateurs économiques sont unanimes sur le diagnostic : les statuts des Chambres de commerce sont dépassés par la conjoncture économique actuelle, parce que le législateur a, il y a dix ans, placé cette institution dans un contexte sociopolitique, sans prévoir le changement rapide du paysage économique occasionné par la liberté d'entreprendre en Algérie. Depuis leur institution en 1996, les CCI continuent de jouer un rôle de façade très faible par rapport aux missions qui leur sont statutairement dévolues. Les illogismes sont nombreux et se mesurent d'abord dans le fait d'avoir érigé la chambre de commerce en Epic (établissement à caractère industriel et commercial), c'est-à-dire qu'en termes de gestion financière, l'institution doit quasiment dégager un résultat financier à la fin de chaque exercice, donc elle est soumise au paiement de l'IRG (impôts sur le revenu global), ce qui est incompatible avec ses missions classiques : consulaire, appui à la PME et assistance. Une deuxième lacune de taille réside dans le fait que les pouvoirs publics négligent le travail que font ces chambres et sont rarement consultées sur des questions économiques qui intéressent leur région. Cette carence est justifiée par le mutisme des textes législatifs et réglementaires promulgués depuis déjà presque une décennie sur le rôle traditionnel qui est celui de soutien et d'appui à la PME. Cette omission ou cette distance vient d'être confirmée par la loi-cadre n°01-18 du 12 décembre 2001 portant orientation sur la promotion de la PME. Par contre, chez nos voisins et dans les pays du bassin méditerranéen le législateur non seulement accorde tout l'intérêt en matière économique à ces institutions, mais il a tenu à souligner dans les statuts l'obligation pour l'administration de consulter les chambres de commerce sur toutes les questions liées au développement au niveau régional et local des activités économiques. L'autre incohérence est le financement défectueux et insuffisant des chambres de commerce malgré l'instauration depuis 2001 d'une taxe parafiscale payée à leur profit par les contribuables soumis au régime du réel (comme les redevables soumis au régime du forfait ne sont pas concernés par le développement économique de leur région). Ce procédé de financement, quoique méritoire dans le fond, souffre dans la forme de plusieurs handicaps favorisant la lourdeur de l'opération. Dans ce contexte bien précis, il faut absolument que la communauté des opérateurs économiques toute entière soit mobilisée de façon soutenue pour aider les CCI à convaincre le gouvernement de l'urgence d'agir pour contrer le sous-financement chronique de ces institutions et corriger la procédure de collecte de cette taxe et de son affectation. Quatre années déjà se sont écoulées depuis l'instauration de cette réglementation et les chambres de commerce restent sans ressources. Maintenant que l'économie de marché a gagné du terrain en Algérie, la réhabilitation des chambres de commerce est nécessaire. La CCI, en tant qu'espace intermédiaire, doit poursuivre son développement et atteindre le niveau de gestion requis et exigé par les pays de l'espace arabe et méditerranéen. A l'occasion de l'accession de l'Algérie à l'OMC, cette institution doit jouer son rôle principal qui est celui de rechercher un équilibre constant et précis entre les pouvoirs publics et l'entreprise. Dans ce cadre, une réunion a regroupé des « technocrates », des cadres du secteur du commerce et des chefs de PME célèbres et de renom membres de différentes CCI du pays, pour réfléchir sur le problème et chercher ensemble les moyens nécessaires à l'émancipation des chambres de commerce. L'objectif de cette rencontre est de concevoir un outil performant qui favorisera la croissance économique, l'emploi et la création de richesses, qui instaurera la relation université-entreprise, qui garantira la formation et le perfectionnement des ressources humaines, un outil qui encouragera le développement des exportations hors hydrocarbures, etc. Autrement dit, une institution largement impliquée dans la bataille déclarée contre la pauvreté et le chômage. Ces chambres seront les partenaires naturels de l'Etat et des collectivités locales en matière de développement économique local. Ce seront donc des acteurs spécialisés qui participeront au processus de décentralisation à côté des collectivités locales.