Si au niveau du chef-lieu de la commune, les services communaux renforcés par la disponibilité de moyens adéquats, telle la disponibilité permanente de cinq bennes-tasseuses, marquent des points en matière d'hygiène publique ; les autres dechras aux accès routiers difficiles et cahoteux en pâtissent. Les eaux usées non traitées d'Oued Bouslah, qui prend naissance au lieudit Saraf, dans la wilaya de Sétif, atterrissent dans un bassin de décantation, mais sont acheminées vers la digue du barrage de Beni Haroun. La rénovation du réseau d'assainissement de la commune de Grarem Gouga, confiée à la société Maghreb, est certes achevée à 100%, mais le collecteur principal continue de déverser son eau à l'air libre, à Aïn Batma, soit à moins d'un kilomètre des berges du barrage. Une source crédible, nous affirme que l'eau potable qui alimente les 22 000 âmes de Grarem-Centre, se caractérise par une «durcité» qui avoisine les 70% et à forte consistance de calcaire. A cela s'ajoute le lancinant problème des deux déversoirs à débit assez important d'eaux usées qui passent à côté du lycée Khedrouche, du CEM Beldjahel et du CFPA des Frères Boukazoula (donc en plein cœur de Grarem) et s'incrustent dans les vergers situés en aval où des dizaines d'arbres fruitiers (poiriers et néfliers) ont péri ; outre les puanteurs et les cloaques qui menacent les riverains ainsi qu'une forte concentration de moustiques, de bestioles et de rats d'égout. La récente acquisition de moyens matériels performants de collecte d'ordures et de curage par la commune du chef-lieu de wilaya a permis d'infléchir sensiblement l'ampleur de l'insalubrité publique en milieu urbain. Il reste que l'amoncellement des immondices sur les berges, dans le lit de Oued Mila qui se greffe entre les cités Kouf et Aïn Kechikine (au nord-est de la ville) en contrebas de la cité Bouyahia, constitue une grave atteinte à l'environnement. Certes, la mentalité rurale des habitants de ces deux hameaux, dont plus de 40% des résidents pratiquent l'agriculture et l'élevage, aggrave la problématique et contrarie le programme d'enlèvement systématique des déchets agricoles et domestiques, compte tenu de la typologie inextricable des constructions anarchiques au niveau de ces cités et l'impraticabilité des accès y menant. Mais que dire alors de l'égout non raccordé qui passe au beau milieu de ces sites, débitant jusqu'à 20 l/s d'eaux usées, dont une bonne partie est subrepticement détournée pour l'irrigation des vergers limitrophes, quoique des responsables de l'APC se prévalent du contraire et affirment que ces eaux usées sont contrôlées régulièrement par le bureau de l'hygiène communal. Faut-il encore pavoiser face à ces tourbillons d'incertitude et de risques virtuels qui planent sur les citoyens, sachant que ces deux cités passent pour être des zones à grands foyers de moustiques, de mouches et d'émanations corrosives charriant des maladies et des épidémies telles la leishmaniose cutanée, la conjonctivite ou encore la gale. On n'en est pas là, Dieu merci, nous rassure une source proche de la direction de la santé publique, mais les terribles vicissitudes de la fièvre typhoïde, récemment déclarée dans certaines régions de l'Est du pays, sont plus que jamais là pour faire prendre conscience de la gravité de la situation et des dangers que nous encourons. Une petite consolation tout de même : la décharge de la commune de Mila est inscrite dans le cadre du programme Progdem en vue de la réalisation d'un centre d'enfouissement technique (CET), selon une source proche de la direction de l'environnement. Stations d'épuration : la grande équation La décharge est conçue dans un cadre d'intercommunalité qui englobe dans un premier temps les communes de Mila, Aïn Tinn et Sidi Merouane avec la possibilité d'intégration des décharges de Grarem Gouga, Zeghaïa, Oued Endja et Ahmed Rachedi. L'on ne doit pas perdre de vue toutefois que pour aussi que soit pragmatique la réalisation dudit projet, la perspective devrait, de notre point de vue, s'inscrire dans un contexte de globalité pour l'éradication des décharges sauvages qui fleurissent dans la quasi-totalité des communes, sachant que, à elles seules, les décharges incontrôlées de Ferdjioua, Chelghoum Laïd et Mila reçoivent respectivement en moyenne 10, 30 et 40 t de déchets domestiques par jour. Et comme tous les déchets urbains de toutes les villes et agglomérations, ceux-là sont rejetés dans des décharges non contrôlées situées dans le bassin versant du barrage de Beni Haroun. C'est une lapalissade de conclure que durant la période hivernale et les fortes précipitations, se produit le phénomène du lessivage, d'où une quantité très importante du «lexivia» qui est véhiculée à travers le ruissellement vers la cuvette. Exception faite de la station d'épuration de Chelghoum Laïd implantée à Oued Athmania qui est, à présent, la seule installation fonctionnelle qui produit des eaux épurées répondant aux normes. La totalité des eaux usées des agglomérations longeant Oued Rhumel et Oued Kébir, les deux principaux oueds de la wilaya de Mila, alimente le barrage de Beni Haroun. De Belaâ (dans la région de Bir El Arch) où il prend naissance, en passant par Tadjenanet, Oued Seguène, Constantine, Mila et Grarem, Oued Rhumel charrie dans son cours des eaux usées qu'il achemine vers la cuvette du barrage de Beni Haroun. Les eaux usées de Constantine sont canalisées vers la station d'épuration (STEP) située à Ibn Ziad dans une proportion de 50 à 60%, mais juste en amont de la STEP, le grand collecteur d'assainissement déverse dans l'oued. Le second oued alimentant la cuvette du barrage, soit Oued Kébir, traverse toutes les localités de Ferdjioua, Ahmed Rachedi, Redjas, Zeghaïa et Sidi Merouane pour acheminer les eaux usées vers ce gigantesque projet hydraulique, d'où son influence sur la qualité des eaux du barrage. Mais le débit des eaux usées, source de pollution superficielle qui inquiète le plus, provient des déchets domestiques et industriels (notamment tout ce qui est en aval du Constantinois), région à forte densité industrielle. Par conséquent, afin de préserver la qualité des eaux du plus grand barrage du pays auquel l'Etat attache et accorde une importance économique majeure, il est impératif d'activer la réalisation de futures stations d'épuration des eaux usées. Par ailleurs, la maîtrise du phénomène de pollution superficielle des eaux de ces deux importants oueds passe par trois axes majeurs, à savoir la création de décharges contrôlées, l'urgence de raccordement du grand collecteur de Constantine vers la station et la sensibilisation sur l'impératif d'installation de stations de traitement à l'intérieur des unités industrielles productrices de pollution industrielle (stations de traitement physico-chimique). Cela dit, c'est la réalisation future de quelques stations d'épuration, au niveau de la zone Nord de la wilaya qui englobe Ferdjioua, Mila et Sidi Merouane, dont dépendra en partie le règlement de la lancinante équation des eaux usées qui contaminent l'environnement et polluent le barrage de Beni Haroun. Les pouvoirs publics ont fait le plus gros en appuyant à coups d'enveloppes mirobolantes les programmes induisant l'environnement et l'amélioration du cadre de vie. Mais, ce pas n'a été que très rarement accompagné sur le terrain par des mesures concrètes, intelligemment ciblées et concertées. Le dilemme de la pollution féroce de nos cités demeure toujours sans grandes perspectives, sans véritable dynamique, si l'on continue de privilégier le factice au détriment du fondamental. Trop occupés qu'ils l'étaient ou qu'ils le sont par le morcellement des poches foncières, le rafistolage des trottoirs et des chaussées ou mieux par les opérations échevelées de lifting et de peinturlurage sur le passage des délégations officielles, nos illustres élus ont de tout temps navigué à contre-courant des vraies priorités citadines. Les P/APC qui vont et viennent comme si la mission des élus du peuple est devenue une simple rotation, ou encore les walis qui se succèdent au gré des désignations, ont-ils savamment élaboré des stratégies intelligentes aptes à éradiquer le syndrome envahissant des ordures ménagères, suffisamment investi dans la canalisation des eaux usées négligemment déversées dans la nature, ou du moins pour en infléchir la tendance désastreuse ? Répondre par l'affirmative serait à l'évidence se fourvoyer grossièrement, d'autant plus que l'incontournable exigence de réalisation de centres d'enfouissement technique à travers quelques communes de la wilaya de Mila demeure pour l'instant une profession de foi. Les risques de propagation des MTH, l'amibiase, la fièvre typhoïde, la gale et la conjonctivite sont autant de dangers qui devraient à notre sens sonner le glas des responsables à tous les niveaux. Pour l'heure, tous ces malheurs semblent enfermés dans la fameuse boîte de Pandore. Mais, en ces temps de disette, sait-on jamais !