Un tel constat est mis en relief par les participants à la journée d'étude sur «La violence contre les enfants», organisée jeudi dernier à Alger, à l'initiative du ministère délégué chargé de la famille et de la condition féminine. Les participants à cette rencontre ont, en effet, convenu de la nécessité d'élaborer un plan national global pour la protection de l'enfant et de définir les types de violences exercées contre cette frange de la société. La nécessité du «dépoussiérage» de la législation pour la protection de l'enfant est également mise en évidence. A cet effet, dans son intervention, la ministre déléguée chargée de la famille et de la condition féminine, Mme Nouara Saâdia Djaâfar, a évoqué le projet de loi concernant la protection de l'enfant, visant «l'instauration d'une instance consultative spécialisée dans le domaine de la défense de l'enfance avec l'implication des différentes parties concernées». Ce projet, qui attend d'être soumis au conseil de gouvernement puis à l'APN, précise la ministre, «est une loi-cadre qui regroupe toutes les autres dispositions déjà existantes complétée par de nouveaux mécanismes dans ce domaine». Mme Nouara Saâdia Djaâfar a indiqué, en outre, que la rencontre constitue une opportunité pour les spécialistes des questions de l'enfance pour examiner les aspects de violences contre l'enfant et souligner le rôle de la justice et le pouvoir du magistrat dans la protection de cette catégorie de la société. Interrogée au sujet du nombre d'enfants violentés, la ministre dit ne disposer d'aucun chiffre exact d'enfants exposés à la violence, signalant, toutefois, que des études sont en cours avec les autres parties de la société civile pour atteindre cet objectif. M. Arar, président du réseau Nada pour la protection des droits de l'enfant, intervenant sur la contribution de son réseau dans la réduction de la violence contre les enfants, a signalé que l'organisation a reçu 7000 plaintes de parents d'enfants ayant subi différents types de violences depuis sa mise en place, l'année précédente. Mais ce chiffre reflète-t-il la réalité des enfants violentés, si l'on prend la violence dans son sens large ? Pas sûr, si l'on compte le nombre d'enfants des divorces, nés dans les maquis, des disparus, violentés à l'école ou dans leur famille ? Qu'en est-il aussi de la «parentification» des enfants ? N'est-ce pas aussi une violence ? S'il est vrai que la société civile et les ONG ont un rôle à jouer pour réduire la violence des enfants, il n'en demeure pas moins qu'une volonté politique des pouvoirs publics s'impose pour améliorer les condition de vie de la société. En tous cas, une réflexion pragmatique pour prendre en charge sérieusement l'enfant s'impose. Mme Nadia Aït Zaï, directrice de Ciddef, évoque l'absence de mécanisme d'écoute des enfants. Selon elle, «il faut former les magistrats à l'écoute des enfants». Pour sa part, M. Arar a évoqué un projet-pilote qui sera réalisé sur une durée de trois années avec l'Unicef et qui consiste en la participation des enfants à travers un espace d'écoute et d'expression. Une initiative visant à réduire un tant soit peu les comportements de violence. Dans son message, Tayeb Belaïz, ministre de la justice, garde des sceaux, dira «l'intérêt qu'accorde le programme de réforme de la justice à la situation de la femme et de l'enfance».