Invité à la «Tribune des lundis économiques» qu'organise régulièrement la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (CCFC), l'expert financier, George Moullinax, a présenté une «vue d'ensemble sur la privatisation des banques» avec un aperçu sur ce qui constitue une responsabilité pour les pouvoirs publics et le conseiller à la privatisation. Tout en affirmant que l'idée que se fait le gouvernement sur la valeur et la solvabilité de ces banques est souvent erronée, George Moullinax estime cependant que le processus de privatisation des banques doit concerner de prime abord les meilleurs établissements bancaires. «Les soumissionnaires ne sont jamais intéressés par des banques dont les créances sont non performantes. C'est pourquoi, il faut commencer par privatiser les meilleures d'entre elles», a indiqué l'expert. Pour lui, le plus important dans un processus de privatisation, c'est de parvenir à «attirer des capitaux, une expertise bancaire et, pourquoi pas, de nouveaux produits bancaires». Quant au problème des créances irrécouvrables ou non performantes de certaines banques (celles du CPA sont évaluées à 500 millions de dollars), le conférencier dira que c'est au gouvernement de les prendre en charge, par le biais du Trésor, avant même d'entamer la procédure de privatisation. Désapprouvant le recours au Trésor public pour l'élimination de ces créances, certains spécialistes participant à la rencontre se sont interrogés s'il n'était pas possible de procéder autrement, à savoir déduire ces créances du capital apporté par le soumissionnaire. ce qui revient d'ailleurs au même puisque l'Etat propriétaire en perdra toujours quelque chose. Le recours au Trésor pour éponger les créances dites irrécouvrables reviendrait à faire endosser aux Algériens, injustement, la responsabilité de la mauvaise gestion des banques publiques, d'autant que celles-ci ont déjà coûté à l'Etat, pour leur assainissement financier, selon Mohammed Ghernaout, expert bancaire, «plus de 35 milliards de dollars». S'agit-il maintenant de céder une partie du capital des banques publiques ou sa totalité ? Selon George Moullinax, «cela dépend des intentions du gouvernement qui détient 100% du capital». Il faut savoir cependant, poursuit le conférencier, qu'«un bon investisseur ne sera jamais intéressé de reprendre une banque si l'on ne lui garantit pas le contrôle de l'établissement». Au sujet de la manière la plus appropriée avec laquelle l'on évalue les soumissionnaires, George Moullinax dira qu'il faudrait beaucoup plus s'intéresser au plan d'affaires proposé qu'au prix soumis à la transaction. En revanche, ajoute l'expert, il est nécessaire de soumettre aux soumissionnaires toutes les informations concernant le flux de liquidités disponibles et la valeur comptable de la banque à privatiser, deux critères sur lesquels la valeur d'un quelconque établissement bancaire est déterminée.