Elle vient d'obtenir l'agrément du Conseil de la monnaie et du crédit de la Banque centrale d'Algérie. La privatisation du Crédit populaire algérien (CPA) risque d'être compromise. Pour l'heure, une seule banque est intéressée par cette opération. C'est ce qu'a révélé, hier, Mohamed Gharnaout, ancien directeur à la Banque d'Algérie et actuel commissaire aux comptes, lors d'un séminaire sur les perspectives d'évolution du secteur bancaire en Algérie organisé, à Alger, par la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (Ccfc). L'intervenant précisera qu'il s'agit de la Calyon Banque, issue de la fusion du Crédit agricole et du Crédit Lyonnais. Cette banque vient d'obtenir l'agrément du Conseil de la monnaie et du crédit de la Banque centrale d'Algérie afin de créer une filiale dans le pays. Calyon devient la dernière grande banque française à s'implanter en Algérie, deux ans après avoir lancé une requête. La nouvelle entité Calyon Algérie aura, selon les échos, un capital social de 2,5 milliards de dinars, soit 26,3 millions d'euros. Avec en ligne de mire le marché florissant des hydrocarbures, la filiale algérienne aura pour mission de traiter les affaires locales et d'accompagner les clients de la banque. M.Gharnaout remet ainsi en cause les déclarations avancées déjà à ce propos. Les pouvoirs publics ont, en effet, annoncé que quatre banques françaises, à savoir Société Générale, BNP Paribas, le Crédit Agricole et Natexis, une américaine, la Citibank, et le groupe espagnol Santander sont en lice pour la privatisation du CPA. Huit banques étrangères au total y avaient manifesté leur intérêt, selon les représentants du ministère des Finances. La participation au capital du CPA est fixée à 51% au minimum, plaçant ainsi le futur repreneur en position d'actionnaire majoritaire. Prévue initialement pour le mois de février dernier, puis reportée pour le mois d'avril en cours, l'ouverture du capital du CPA traîne toujours. Le ministre des Finances a déclaré récemment qu'il n'y a rien de nouveau à ce propos. «Ce dossier sera finalisé au plus tard à la fin de l'année et j'espère avant», avait-il poursuivi. Le ministre délégué chargé de la Réforme financière, M.Karim Djoudi, estime par contre qu' «il faut savoir aussi que la cession d'une banque publique est un processus très complexe». Il s'agit, essentiellement, de l'évaluation de cette banque, de la définition de la stratégie de cession, du lancement de l'appel d'offres pour la préqualification des banques, de l'élaboration des documents juridiques (contrat de cession, pacte d'actions...) qui doivent être transmis aux banques préqualifiées. Les partenaires intéressés par cette privatisation avaient été précisément invités à retirer un dossier de préqualification auprès de la Rothschild and Cie, conseiller exclusif pour cette transaction. Pour être préqualifié pour la suite du processus de privatisation, un partenaire stratégique doit avoir, à la date du 30 juin 2006, un niveau de fonds propres minimum de 3 milliards d'euros. «Je suis sceptique par rapport au prix qui sera proposé pour l'achat de cette banque», dira en revanche M.Gharnaout. Selon lui, l'acheteur ne pourra proposer que 150 millions de dollars alors que le gouvernement table sur 3 milliards de dollars. Pour l'aboutissement de cette opération, le commissaire aux comptes explique que le Trésor public va être obligé de racheter les créances du CPA estimées à 1,5 milliard de dollars.