D'Arzew, sur la côte ouest du pays, le chef de l'Etat fait miroiter le bonheur matériel au peuple. Versant dans le populisme, langage qu'il affectionne le plus, le président candidat à un 3e mandat promet presque d'aplanir les montagnes de problèmes dont souffrent les Algériens. Le seul ingrédient qui semble manquer à sa « recette magique », dont il ne dévoile pas tout le secret, est le « soutien » du peuple « par lequel », il compte rester au pouvoir et « pour lequel », il compte consacrer le restant de sa vie. Le président Bouteflika, qui a dépensé au cours de ses dix (premières) années au pouvoir 160 milliards de dollars, fait le serment de continuer sur la même lancée, tout en promettant de mobiliser, cette fois-ci, le double du montant qu'il a « investi » au cours de ses deux mandats écoulés. Se projetant dans les cinq années à venir, sans se soucier des résultats du scrutin présidentiel du 9 avril prochain – comme si le peuple avait déjà voté pour lui avant même qu'il passe à l'isoloir –, le chef de l'Etat annonce une panoplie de mesures qu'il envisage de prendre dans les semaines, mois et années à venir pour assurer le « bien-être » des citoyens. De la revalorisation du Salaire minimum national garanti (SNMG) à la création de trois millions d'emplois, en passant par le logement, la relance de l'appareil productif et le sauvetage des entreprises publiques en difficulté, le président Bouteflika ratisse large. Il n'omet aucun dossier « électoralement porteur », tentant ainsi de séduire la classe ouvrière, mais aussi les opérateurs économiques en mettant sur la table d'astronomiques montants financiers qu'il promet de mettre au profit des « investisseurs ». De « grandes » promesses et une enveloppe financière de 150 milliards de dollars pour qu'il poursuive son règne sur un pays qui, selon les constats d'experts nationaux et internationaux, régresse à tout point de vue. En ces temps de campagne, tous les moyens sont bons pour faire remonter la courbe et se « replacer », encore une fois, comme l'unique et seule alternative pour un pays en crise. Le chef de l'Etat est allé même jusqu'à faire siennes les revendications portées depuis de longues et dures années par des syndicats qu'il a toujours refusé de reconnaître comme tels. Aussi facilement, il s'engage à réviser le SNMG, les allocations des retraités et les pensions pour handicapés, à maintenir le soutien de l'Etat au prix des produits de première nécessité, à éponger les dettes des entreprises déficitaires, à recapitaliser les banques… Bref, tout ce qu'aimeraient entendre les Algériens. Mais surtout tout ce qu'il a déjà promis sans jamais le faire. Le président candidat ne précise pas comment il compte procéder pour arriver à tenir toutes ces belles promesses, se contentant de rassurer que l'argent est disponible et que chaque Algérien aura sa part. Tout en s'engageant à créer trois millions d'emplois, le chef de l'Etat évoque la lourde facture de l'importation qui grossit au fil des ans et qui ne conjecture rien de bon pour le pays. Il relèvera au passage qu'on ne produit presque rien. Cela bien sûr n'a rien d'un scoop. C'est même trop connu pour les Algériens qui ont vu leurs entreprises ruinées par les produits importés. Dans un pays qu'il reconnaît déficitaire et sans appareil de production aussi nécessaire pour préserver son indépendance financière, comment va-t-il créer autant d'emplois à l'heure où même les puissances économiques occidentales n'y arrivent pas ? Cela nous rappelle un peu les déclarations de son ministre de la Solidarité nationale qui, tout en annonçant avec exactitude un taux de chômage de 11,8% en 2008, avait prédit l'éradication de ce « fléau » dans un futur proche. Idem pour le logement. Un autre million de logements est-il possible à réaliser, alors que des programmes de logement (toutes formules confondues) qui datent du début des années 2000 n'ont toujours pas été achevés ? Les Algériens vont-ils se résoudre à croire au discours d'un jour démenti par une décennie d'illusions amères ?