Cependant, la biotechnologie peut comporter des risques si elle est mal utilisée, si ses objectifs sont insuffisamment définis et si son programme souffre d'une mauvaise orientation. C'est pourquoi dans certains pays européens, la société civile a réagi vigoureusement en organisant des manifestations parfois violentes contre l'introduction des organismes génétiquement modifiés (OGM) et des plantes transgéniques dans le développement agricole. Toutefois, il se peut que l'introduction irréfléchie de la biotechnologie puisse entraîner une perturbation dans les écosystèmes naturels et les pratiques agricoles, mais depuis un certain nombre d'années le risque technologique est pris en charge par l'avènement de l'évaluation de l'impact technologique résultat de l'application des innovations. Ce concept générique fait réfléchir les décideurs et fait désormais partie de leurs préoccupations quand il s'agit de mettre en œuvre des actions liées à la biotechnologie. En effet, si les pays développés se tournent actuellement de plus en plus vers l'agriculture biologique qui, malgré tout, est moins productive, mais supposée moins polluante et qualitativement plus nutritive et mieux convenir à la santé et à l'équilibre de l'individu, c'est parce qu'ils ont atteint un stade élevé dans la production agricole et alimentaire qui se caractérise par un surplus de produits qu'ils arrivent difficilement à écouler si ce n'est vers les pays en voie de développement ou sur les marchés internationaux dont ils détiennent le pouvoir de décision et de fixation des prix. Ce surplus peut être également envoyé sous forme d'aides alimentaires orientées en direction des pays fragilisés par la famine, la malnutrition, la pauvreté, la précarité et parfois par la désorganisation de leur potentiel de production résultant souvent des séquelles de la colonisation surtout, et des conflits internes accentués par leur mauvaise situation économique, notamment dans les pays africains. En effet, nos objectifs divergent, mais avec une bonne volonté et un dialogue sincère et constructif où chacun pourrait trouver son intérêt dans le cadre d'une complémentarité et des intentions saines et nettement exprimées. Par contre, nos pays sont confrontés, d'une part, à la nécessité impérieuse de satisfaire les besoins fondamentaux indispensables et urgents de leur population et, d'autre part, aux réticences des pays développés et notamment les entreprises multinationales qui détiennent la plus grande partie des connaissances et du savoir-faire biotechnologique. Or, il est indispensable pour ces pays de sortir de la case consommateur et quémandeur et qu'ils deviennent des producteurs à part entière du moins dans les productions qui concernent les besoins de leur population. En effet, le statu quo s'apparente réellement à la mise en place d'une certaine soumission de dépendance qui aggrave les termes de l'échange entre le Nord et le Sud, et oriente les activités agricoles des pays pauvres vers d'autres besoins que ceux destinés à assurer leur sécurité alimentaire et ainsi répondre aux besoins légitimes et vitaux de leurs concitoyens. On sait que la majeure partie de ces populations vit de l'agriculture et des activités qui lui sont liées, elle constitue une de leurs préoccupations majeures et la source de revenus essentiels dans pratiquement toutes les zones agro-écologiques et agropastorales de nos régions. Cependant, la biotechnologie n'apporte pas seulement des solutions à la résolution de la production agricole, elle fournit également des avantages à la résolution des problèmes de santé humaine, notamment en médecine et en salubrité publique, ainsi que dans la réduction de la pollution de l'eau, du sol, de l'atmosphère et de l'environnement d'une manière générale. Dans ce domaine, la réhabilitation écologique et l'utilisation rationnelle du patrimoine lié aux composantes végétales et animales de la biodiversité, aux ressources génétiques et au développement durable pourraient apporter de nouvelles possibilités, notamment par l'augmentation de la production en qualité et tout en préservant leur patrimoine végétal et animal et le savoir de leur population, car ces valeurs sont une partie d'eux-mêmes. Vers les années 1970, le recours à un matériel génétique étranger sans expérimentation, ni étude préalable de comportement ni comparaison d'adaptation dans le cadre de la fameuse révolution verte, a fait que l'aventure n'a pas réussi en Algérie et dans d'autres pays. Dépendance du Tiers-Monde C'est que les variétés de céréales introduites, notamment les blés mexicains n'avaient pas fait l'objet d'études poussées. On a failli perdre nos espèces et variétés locales qui constituent un atout majeur nécessaire au développement de notre agriculture, du fait que c'est déjà un matériel végétal adapté et résistant à toutes les calamités naturelles. De plus, l'utilisation de variétés améliorées nécessitent beaucoup de soins et d'intrants (engrais, produits phytosanitaires) et un itinéraire technique approprié et rigoureux. On sait que le domaine agricole ne laisse pas de place à l'improvisation. C'est qu'en matière de développement de l'agriculture, il n'y a pas de miracles, la recherche et le développement doivent avoir une démarche et une stratégie cohérente, réfléchie et soutenue dans le temps et dans l'espace qui tient compte, non seulement des potentialités des milieux naturels, mais également des possibilités d'adaptation des opérateurs économiques et sociaux, notamment les agriculteurs. L'appel à la richesse biologique nationale constitue un gage sérieux pour la réussite de leur développement à condition de saisir l'importance de cette richesse, de l'utiliser rationnellement et de la gérer convenablement en bon père de famille. A l'échelon international, chacun se doit de négocier convenablement avec les pays nantis demandeurs de ressources génétiques nouvelles. Les conditions d'accès à ces ressources en tirant le maximum de liquidités financières tout en bénéficiant d'un transfert de technologie approprié. Ces aspects et d'autres sont contenus déjà dans la Convention des Nations unies sur la diversité biologique. La plupart des pays ont ratifié ce document qui réglemente les rapports entre les nations et donne la souveraineté pleine et entière aux pays fournisseurs que sont les pays en voie de développement d'échanger leurs propres ressources génétiques sur des bases équitables et mutuellement convenues. Certains pays comme les Etats-Unis n'ont pas ratifié cette convention- cadre et ont posé un certain nombre de conditions préalables visant le maintien des privilèges accordés jusque-là en matière d'accès aux ressources génétiques. Les grands consortiums américains et anglo-saxons notamment tirent de la production des graines et des semences et d'autres produits dérivés des composantes végétales et animales de la biodiversité un grand bénéfice. Ces conditions unilatérales et hégémoniques n'ont pas été retenues par la plupart des pays lors des négociations pour l'élaboration de ladite convention, dont la phase ultime a eu lieu à Naïrobi juste avant la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (Cnued) qui s'est tenue à Rio au Brésil en juin 1992 et qui a permis à plus de 150 pays de la signer. Pour revenir aux incidences négatives de la biotechnologie soulevées par les ONG occidentales, il y a lieu de souligner que peu d'analyses sérieuse ont été faites et qui seraient susceptibles de remettre en cause cette avancée de la science qui, malgré tout, est sûrement au service de l'homme. Les avantages découlant de cette pratique ont été occultés sciemment ou inconsciemment, notamment la diversification des produits, la valorisation des produits locaux, l'amélioration de la production et autres. Certains analystes ont ressorti, malgré tout, notamment les prévisions pessimistes dans ce domaine quant à la situation d'astreinte et de dépendance dans laquelle se seraient trouvés les pays du Tiers-Monde vis-à-vis des pays industrialisés. Cependant, cette avancée du progrès technique et scientifique est inéluctable à charge pour les pays en développement d'agir pour profiter des retombées de cette technologie et lancer des programmes volontaristes pour arriver à avoir un partenariat juste avec les pays qui détiennent les clés de la manipulation et du génie génétique. Par contre, il ne faut pas oublier que certains pays en voie de développement ont déjà avancé dans ce domaine et ont fait de grands pas, nous pourrons citer, entre autres, l'Inde pour ce qui est des manipulation génétiques, et l'Ethiopie pour ce qui est de la conservation des ressources phytogénétiques par la constitution de banques de gènes reconnues à travers le monde. L'avancée biotechnologique et son évolution ne sont pas le fruit du hasard, mais elle est souvent dictée par des contextes socioéconomiques avérés, et dont l'action a été menée selon des objectifs précis. C'est ainsi qu'après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux pays occidentaux touchés par cette tragédie se sont trouvés démunis et avaient un besoin pressant en matière d'alimentation et de nutrition, sachant que leur potentiel de production a été gravement affecté par ce conflit. Il a fallu faire appel à l'amélioration génétique des plantes et des animaux pour augmenter substantiellement et progressivement la production agricole et alimentaire de base. Ou encore plus près de nous dans le temps, vers les années 1960 et à un certain moment, la Chine, l'Inde et le Pakistan déjà confrontés à une croissance démographique sans précédent ont accru la production du riz jusqu'à devenir aujourd'hui exportateur de cette denrée. Leur avancée technologie n'a rien à envier aux pays occidentaux. Cela ne les a pas empêchés de conserver leur patrimoine génétique sous-tendu par la préservation des valeurs liées à la connaissance et au savoir-faire des populations locales de leur pays. Dilapidation Nos pays ne peuvent rester à l'écart du progrès scientifique et des innovations, ils ont un besoin impérieux et pressant d'améliorer les conditions de vie de leur population et d'organiser le bien-être de leur citoyen. En effet, dans les domaines de biotechnologie, malgré un risque potentiel supposé et dont la sagesse de l'homme peut en réduire les portées prétendues comme négatives est compatible avec les principes de développement viable et durable. L'orientation nouvelle à donner à l'innovation technologique est celle de bannir toute exploitation mercantiliste étroite de la part des pays industrialisés et d'instaurer une justice en direction des pays ayant un retard technologique ou des conditions suffisantes qui permettent l'épanouissement des compétences et une expression convenable des potentialités humaines et biologiques qui existent sans aucun doute, et qui vont dans le sens de la libération des initiatives. La concrétisation des messages écopolitiques des années 1980 et 1990 sur le développement durable et viable, notamment le slogan «Notre avenir à tous» publié par la Commission mondiale de l'environnement et du développement (CMED) est un préalable à toute dynamique économique, sociale et écologique. Cette commission a, en outre, été chargée par la suite de la préparation de la Cnued de Rio qui s'est tenue en 1992 et de la conférence mondiale sur le développement durable qui s'est tenue en 2002 en Afrique du Sud. Il s'agit en fait de mettre fin à la dilapidation des ressources naturelles et d'orienter les activités vers l'innovation et la création, sources primordiales du développement économique et social des peuples du monde entier. A l'heure où l'on parle de relations plus équitables entre les pays du Nord et ceux du Sud, au moment où l'Afrique se mobilise pour parler d'une seule voix et lancer des actions concertées de partenariat dans le cadre du Nepad, les pays doivent mobiliser leur énergie et valoriser leurs ressources humaines pour être à la hauteur des défis qui leur sont lancés pour faire rentrer leur peuple dans le XXIe siècle et les faire profiter du progrès et du bien-être social. Il est évident que pour ces pays, le redressement de leur économie passe par le comblement de leur retard technologique accumulé depuis de longues années. Il s'agit en fait de mettre un frein à leur déclin économique par l'application judicieuse des résultats de la science et de la technologie qui sont d'ailleurs perçues comme les moteurs essentiels de l'économie et du développement durable, les enjeux sont vitaux et la capacité intellectuelle existe pour les comprendre et les mettre en œuvre. Si au départ le bien-être de la communauté internationale est passé par la société de consommation, on s'est rendu compte par la suite que les ressources naturelles, et l'eau n'étaient pas inépuisables et que si l'on continuait sur cette lancée, la terre allait être submergée par les déchets de toute sorte, les pollutions allaient diminuer la capacité productive des sols par la perte de leur fertilité, l'eau allait être empoisonnée et ainsi on courrait à la catastrophe en mettant l'homme en danger. C'est notamment la société civile qui dès 1926 s'est mobilisée pour attirer l'attention des décideurs sur le danger résultant de la destruction des ressources naturelles par un comportement qualifié parfois d'irresponsable, à vision unique à court terme. Il fallait prendre conscience et mettre en place une stratégie et adopter des mesures préventives et peut-être curatives pour préserver ce qui reste du milieu naturel et de ses potentialités, et protéger globalement la Terre. Cette démarche a abouti à l'organisation en 1972 de la Conférence des Nations unies sur la protection de l'environnement et dont les résolutions insistent pour que chaque pays prenne individuellement ou solidairement des mesures pour éviter des catastrophes écologiques sans précédent qui pourraient résulter des activités destructives. On s'est rendu compte que les mesures contraignantes adoptées par la conférence de Stockholm sur la protection de l'environnement risque de freiner l'effort de développement entrepris par les pays du Tiers-Monde, revendication qu'ils ont eux mêmes formulée. Il s'agissait en fait de lier la protection de l'environnement au développement. Les travaux entrepris depuis ont permis la préparation et l'organisation de la Cnued de Rio 20 ans après, et qui a réuni plus de 100 chefs d'Etat et de gouvernement qui ont approuvé le programme d'action nommé Agenda 21 qui traite de tous les aspects liés à l'émancipation de l'homme et à son bien-être au niveau mondial. Le coût de la mise en œuvre de ce programme a été estimé à plus de 600 milliards de dollars US. Parallèlement, l'occasion a été donnée aux pays participants de signer deux conventions, celle de la diversité biologique et celle des changements climatiques. Par ailleurs, et en raison des ravages occasionnés par la sécheresse et la dégradation de leur potentiel de production, et ce, depuis 1968, les pays africains parmi lesquels l'Algérie, qui était le chef de file, ont demandé aux pays participants et à l'Organisation des Nations unies de mettre en place un comité qui sera chargé d'élaborer une convention sur la lutte contre la désertification. Les pays développés ont demandé en contrepartie l'élaboration d'une convention sur les forêts en insistant surtout sur la protection, alors que les massifs forestiers constituent pour la plupart de ces pays un moyen de subsistance pour leur population. Finalement, un compromis a été trouvé. Les pays industrialisés ont donné leur accord pour l'élaboration de la convention sur la lutte contre la désertification, en contrepartie il sera élaboré une déclaration non contraignante sur les forêts. Dans la conception et les négociations avec les pays, l'Algérie a joué un rôle moteur indéniable. L'évolution des concepts est réelle, à la notion de développement et de conservation s'est singularisé un concept de développement durable dont le couronnement a abouti à l'organisation d'un sommet mondial sur le développement durable dont il a été question plus haut. Ces séries de conférences mondiales qui se sont déroulées depuis les années 1970 ont certainement permis de sensibiliser l'opinion publique sur la nécessité de maintenir les équilibres naturels, mais par ailleurs n'ont pas été à la hauteur des ambitions en matière de réalisation des objectifs fixés par chacune de ces rencontres mondiales. Il est vrai que les pays industrialisés considèrent le progrès technologique comme un élément capital du développement, et c'est grâce à lui que leur pays est arrivé au stade actuel du progrès économique et social, c'est aussi le gage d'un développement à long terme. Ce qui est intéressant à souligner, c'est l'émergence de cette économique biologique prônée par les opérateurs les plus réticents, dont les activités ont stimulé une avancée biotechnologique en relation étroite avec la conservation de la diversité biologique qui illustre les relations étroites qui unit la croissance économique à la gestion durable des ressources naturelles. Au niveau des principes et malgré la convention sur la diversité biologique, le transfert de technologie par les pays industrialisés vers les pays en développement, deux courants s'affrontent, pour les uns il s'agit d'engager les Etats à mobiliser les ressources en faveur de pays en développement, et pour d'autres il s'agit plutôt de laisser jouer le mécanisme commercial et la concurrence. Cette conception des choses risque de livrer les pays du Tiers-Monde dans un cercle où ils sont mal outillés pour défendre leurs intérêts. En effet, depuis un certain nombre d'années les obtentions végétales et dans une moindre proportion l'amélioration des races animales sont brevetées. La propriété intellectuelle de ces obtentions est strictement réglementée d'autant que pour se préserver des imitations de nombreuses multinationales spécialisées font appel à l'hybridation et donc à l'impossibilité de reproduire les semences obtenues à partir des graines homologuées mises sur le marché. Ces méthodes, d'après certains, non partisans de ce type d'échange, le mécanisme du marché, tendent à aggraver les problèmes de dépendance. Par contre, les partisans du marché estiment que le dirigisme accroît la bureaucratie, étouffe l'esprit d'entreprise et d'initiative. Il apparaît pourtant de plus en plus que l'aptitude à exploiter rationnellement les nouvelles technologies revêt une importance primordiale et vitale. Depuis un certain nombre d'années, c'est la raison principale du progrès technologique et la cause essentielle de la croissance économique. Les préoccupations actuelles des décideurs sont de profiter au maximum des avancées technologiques pour rentabiliser leurs investissements et accumuler des capitaux. Cependant, les opérateurs économiques intègrent de plus en plus dans la rationalité économique les coûts écologiques dans les projets de développement. Défi à chaque pays Danger et promesse de la biotechnologie sont pris en compte pour assurer la stabilité de l'environnement et les équilibres écologiques et socioéconomiques. L'un des aspects les plus controversés de la recherche agronomique est l'appauvrissement de la diversité biologique dû en partie à l'introduction intempestive de variétés végétales et de races animales améliorées. En négligeant les variétés traditionnelles, c'est à plus ou moins long terme la perte des bases génétiques nécessaires à l'agriculture moderne et la disparition de la notion de terroir et de potentiel génétique végétal et animal local. En quelque sorte, l'avènement de la biotechnologie pourrait renforcer ces craintes si aucune disposition pratique n'était prise pour accélérer la perte ou l'appauvrissement de la diversité biologique. Heureusement, on prend conscience de plus en plus des liens qui unissent la diversité biologique, la biotechnologie, les valeurs patrimoniales humaines biologiques et le développement durable. Certains pays, notamment ceux qui sont industrialisés, dissocient ces notions et veulent maintenir le statu quo du double point de vue de la double distribution du pouvoir dans le monde et de la répartition des coûts et des bénéfices financiers. Les acquis de la recherche biotechnologique se situent notamment dans les domaines de l'agriculture et de l'agroalimentaire, dont elle a assuré des performances dans la production et renforcé des modes de faire-valoir. Parfois, la biotechnologie, et dans certains pays, a été un stimulant pour renforcer les systèmes traditionnels de production et de diversification des activités productives. En définitive, dans la plupart des pays, on considère que l'innovation et la biotechnologie peuvent constituer le moteur du développement durable et être le précurseur indéniable de la préservation des ressources génétiques contenues dans les composantes de la diversité biologique. Cependant, à ces ressources et à ces innovations, quoique réglementées par la Convention sur la diversité biologique n'ont pas permis d'atteindre les objectifs fixés, notamment en ce qui concerne la répartition équitable des richesses et l'accès au bien-être et à la promotion sociale des pays du Tiers-Monde. Les pays industrialisés ont une responsabilité historique, il ne tient qu'à eux de réparer les préjudices qu'ils ont occasionnés en favorisant l'émergence des économies viables des pays du Tiers-Monde. La biotechnologie nécessite également des moyens, du matériel, une organisation et des compétences humaines que les pays en développement essaient d'acquérir soit à titre d'accord bilatéraux, soit en se regroupant, notamment pour l'Afrique qui a déjà créé un organisme, l'Agence africaine de la biotechnologie (AAB), dont le siège se trouve à Alger. Les pays en développement sont certes conscients qu'ils doivent compter sur leur propre énergie et leurs propres ressources pour arriver à régler leurs problèmes. Dans ce contexte, il convient de souligner que l'Union africaine a élaboré une législation spécifique pour s'adapter aux contenus de la Convention sur la diversité biologique, la Convention sur la lutte contre la désertification et des résolutions des conférences des parties. Celles-ci se réunissent tous les deux ou trois ans pour évaluer le stade d'évolution et prendre les mesures qui s'imposent pour ajuster leur plan d'action en fonction des résultats obtenus. Ils mènent également des actions pour lancer un partenariat entre et avec les pays industrialisés pour améliorer leur performance économique dans le cadre d'une bonne gouvernance dont le contexte global du Nepad. Le défi lancé à chaque pays à titre individuel ou en commun est celui de maximiser les avantages de la biotechnologie et d'en réduire les risques éventuels afin de répondre au mieux aux besoins du développement durable en renforçant encore mieux les compétences nationales et en favorisant les échanges équitables dans le sens des intérêts réciproques entre les différents pays pour que tout le monde puisse profiter des avancées technologiques et des progrès scientifiques. Les pays développés ont demandé en contrepartie l'élaboration d'une convention sur les forêts en insistant surtout sur la protection, alors que les massifs forestiers constituent pour la plupart de ces pays un moyen de subsistance pour leur population. Finalement, un compromis a été trouvé. Les pays industrialisés ont donné leur accord pour l'élaboration de la convention sur la lutte contre la désertification, en contrepartie il sera élaboré une déclaration non contraignante sur les forêts. Dans la conception et les négociations avec les pays, l'Algérie a joué un rôle moteur indéniable. L'évolution des concepts est réelle, à la notion de développement et de conservation s'est singularisé un concept de développement durable dont le couronnement a abouti à l'organisation d'un sommet mondial sur le développement durable dont il a été question plus haut. Ces séries de conférences mondiales qui se sont déroulées depuis les années 1970 ont certainement permis de sensibiliser l'opinion publique sur la nécessité de maintenir les équilibres naturels, mais par ailleurs n'ont pas été à la hauteur des ambitions en matière de réalisation des objectifs fixés par chacune de ces rencontres mondiales. Il est vrai que les pays industrialisés considèrent le progrès technologique comme un élément capital du développement, et c'est grâce à lui que leur pays est arrivé au stade actuel du progrès économique et social, c'est aussi le gage d'un développement à long terme. Ce qui est intéressant à souligner, c'est l'émergence de cette économique biologique prônée par les opérateurs les plus réticents, dont les activités ont stimulé une avancée biotechnologique en relation étroite avec la conservation de la diversité biologique qui illustre les relations étroites qui unit la croissance économique à la gestion durable des ressources naturelles. Au niveau des principes et malgré la convention sur la diversité biologique, le transfert de technologie par les pays industrialisés vers les pays en développement, deux courants s'affrontent, pour les uns il s'agit d'engager les Etats à mobiliser les ressources en faveur de pays en développement, et pour d'autres il s'agit plutôt de laisser jouer le mécanisme commercial et la concurrence. Cette conception des choses risque de livrer les pays du Tiers-Monde dans un cercle où ils sont mal outillés pour défendre leurs intérêts. En effet, depuis un certain nombre d'années les obtentions végétales et dans une moindre proportion l'amélioration des races animales sont brevetées. La propriété intellectuelle de ces obtentions est strictement réglementée d'autant que pour se préserver des imitations de nombreuses multinationales spécialisées font appel à l'hybridation et donc à l'impossibilité de reproduire les semences obtenues à partir des graines homologuées mises sur le marché. Ces méthodes, d'après certains, non partisans de ce type d'échange, le mécanisme du marché, tendent à aggraver les problèmes de dépendance. Par contre, les partisans du marché estiment que le dirigisme accroît la bureaucratie, étouffe l'esprit d'entreprise et d'initiative. Il apparaît pourtant de plus en plus que l'aptitude à exploiter rationnellement les nouvelles technologies revêt une importance primordiale et vitale. Depuis un certain nombre d'années, c'est la raison principale du progrès technologique et la cause essentielle de la croissance économique. Les préoccupations actuelles des décideurs sont de profiter au maximum des avancées technologiques pour rentabiliser leurs investissements et accumuler des capitaux. Cependant, les opérateurs économiques intègrent de plus en plus dans la rationalité économique les coûts écologiques dans les projets de développement. DEFI À CHAQUE PAYS Danger et promesse de la biotechnologie sont pris en compte pour assurer la stabilité de l'environnement et les équilibres écologiques et socioéconomiques. L'un des aspects les plus controversés de la recherche agronomique est l'appauvrissement de la diversité biologique dû en partie à l'introduction intempestive de variétés végétales et de races animales améliorées. En négligeant les variétés traditionnelles, c'est à plus ou moins long terme la perte des bases génétiques nécessaires à l'agriculture moderne et la disparition de la notion de terroir et de potentiel génétique végétal et animal local. En quelque sorte, l'avènement de la biotechnologie pourrait renforcer ces craintes si aucune disposition pratique n'était prise pour accélérer la perte ou l'appauvrissement de la diversité biologique. Heureusement, on prend conscience de plus en plus des liens qui unissent la diversité biologique, la biotechnologie, les valeurs patrimoniales humaines biologiques et le développement durable. Certains pays, notamment ceux qui sont industrialisés, dissocient ces notions et veulent maintenir le statu quo du double point de vue de la double distribution du pouvoir dans le monde et de la répartition des coûts et des bénéfices financiers. Les acquis de la recherche biotechnologique se situent notamment dans les domaines de l'agriculture et de l'agroalimentaire, dont elle a assuré des performances dans la production et renforcé des modes de faire-valoir. Parfois, la biotechnologie, et dans certains pays, a été un stimulant pour renforcer les systèmes traditionnels de production et de diversification des activités productives. En définitive, dans la plupart des pays, on considère que l'innovation et la biotechnologie peuvent constituer le moteur du développement durable et être le précurseur indéniable de la préservation des ressources génétiques contenues dans les composantes de la diversité biologique. Cependant, à ces ressources et à ces innovations, quoique réglementées par la Convention sur la diversité biologique n'ont pas permis d'atteindre les objectifs fixés, notamment en ce qui concerne la répartition équitable des richesses et l'accès au bien-être et à la promotion sociale des pays du Tiers-Monde. Les pays industrialisés ont une responsabilité historique, il ne tient qu'à eux de réparer les préjudices qu'ils ont occasionnés en favorisant l'émergence des économies viables des pays du Tiers-Monde. La biotechnologie nécessite également des moyens, du matériel, une organisation et des compétences humaines que les pays en développement essaient d'acquérir soit à titre d'accord bilatéraux, soit en se regroupant, notamment pour l'Afrique qui a déjà créé un organisme, l'Agence africaine de la biotechnologie (AAB), dont le siège se trouve à Alger. Les pays en développement sont certes conscients qu'ils doivent compter sur leur propre énergie et leurs propres ressources pour arriver à régler leurs problèmes. Dans ce contexte, il convient de souligner que l'Union africaine a élaboré une législation spécifique pour s'adapter aux contenus de la Convention sur la diversité biologique, la Convention sur la lutte contre la désertification et des résolutions des conférences des parties. Celles-ci se réunissent tous les deux ou trois ans pour évaluer le stade d'évolution et prendre les mesures qui s'imposent pour ajuster leur plan d'action en fonction des résultats obtenus. Ils mènent également des actions pour lancer un partenariat entre et avec les pays industrialisés pour améliorer leur performance économique dans le cadre d'une bonne gouvernance dont le contexte global du Nepad. Le défi lancé à chaque pays à titre individuel ou en commun est celui de maximiser les avantages de la biotechnologie et d'en réduire les risques éventuels afin de répondre au mieux aux besoins du développement durable en renforçant encore mieux les compétences nationales et en favorisant les échanges équitables dans le sens des intérêts réciproques entre les différents pays pour que tout le monde puisse profiter des avancées technologiques et des progrès scientifiques.